Retour aux States ?
Depuis la fin piteuse de l’aventure Renault USA en 1987, le losange n’y a plus remis les pieds. Mais avec la relance de la marque sportive Alpine, la donne pourrait changer. Alpine s’apprête à passer à la vitesse supérieure. Malgré le succès d’estime incontesté de l’A110, le A fléché doit non seulement diversifier sa gamme, mais aussi élargir le spectre de ses marchés, la marque restant encore trop centrée sur l’Europe et la France, ce qui n’est pas tenable à long terme.
En quelques années, Alpine a développé un programme sportif considérable. D’abord par l’Endurance dès 2013, puis avec les différentes versions compétition de l’A110 (Cup, GT4, Rally GT) et bien sûr avec l’arrivée en Formule 1 à compter de 2021, en lieu et place de Renault F1 Team. Et cela va encore s’amplifier, puisque Alpine va s’attaquer à Pikes Peak et que le constructeur rejoindra la catégorie Hypercar en 2024. Un retour à l’âge d’or des années 60-70, quand Alpine concourait au Mans, en rallye, en F2 et en F3.
Justement, le marché américain est dans le viseur, alors qu’un SUV approche à grands pas. Et comme si les planètes s’alignaient, voilà que l’Amérique, longtemps hermétique à la F1, est désormais accroc à la discipline, sous l’impulsion de Liberty Media et de Netflix, avec des affluences et des audiences records ainsi que 3 grands prix à Miami, Las Vegas et Austin.
Un partenaire de poids
C’est dans ce contexte qu’il faut évidemment prendre en considération l’annonce du nouveau partenariat entre Alpine F1 Team et le groupe américain AutoNation, un des géants du secteur de l’automobile aux USA, pour le grand prix de Miami. Fondé en 1996 et basé à Fort Lauderdale en Floride, il s’agit de l’un des plus importants détaillants automobiles des USA, qui a dépassé en 2022 les 14 millions de véhicules vendus depuis sa fondation. Il emploie plus de 21000 personnes, regroupe 300 points de vente à travers le pays et a généré un bénéfice de 1.5 milliard de dollars. AutoNation est déjà impliqué en sport auto, sponsorisant le grand prix de Miami et l’écurie Meyer Shank en Indycar, où évoluent Hélio Castroneves et Simon Pagenaud. Cette association vise clairement à amorcer une future implantation commerciale, qui ciblerait quelques grandes métropoles américaines où se trouverait ue clientèle susceptible de succomber au charme des petits bolides bleus, en attendant d’autres modèles davantage taillés pour le marché US, dont un grand SUV électrique.
Grosse opération à Miami
D’après le communiqué de presse officiel, AutoNation et Alpine « organiseront conjointement des événements au Concours Club, à l'autodrome international de Miami au Hard Rock Stadium et dans le grand Miami ». Cela a d’ailleurs déjà commencé avec une séance de découverte d’une berline de stock car de la NASCAR pour Esteban Ocon et Pierre Gasly, sous les conseils avisés de Brad Keselowski, un des cadors de la discipline, l'opération s'étant faite à la faveur du pétrolier commun d'Alpine F1 Team et de l'écurie de NASCAR, Castrol.
Il est surtout prévu que les personnes participant à ces événements puissent approcher les Alpine A110, les tester et de découvrir pourquoi Alpine est "une marque spécialisée dans le sport, née de la course, fabriquée par des coureurs, pour des coureurs dans l'âme".
AutoNation et Alpine ont également entamé un dialogue sur les opportunités futures impliquant le marché américain de la vente au détail d'automobiles. Et à la tête de AutoNation, on retrouve une vieille connaissance, Mike Manley, l’ancien PDG de FCA puis bras droit de Carlos Tavares chez Stellantis, qui a ajouté : "Au fur et à mesure que les Américains se familiariseront avec les produits Alpine comme l'A110, ils comprendront pourquoi ceux qui ont une passion pour la course et un amour pour un style unique veulent posséder un morceau d'un héritage construit par des coureurs."
Laurent Rossi, PDG d'Alpine : "AutoNation est un détaillant formidable avec une expérience client de pointe et est également un partenaire expérimenté dans le sport automobile, avec un pedigree gagnant dans les séries Indianapolis 500 et NTT IndyCar. Cela constitue un partenariat fantastique dans l'un des les marchés les plus excitants du monde."
Une implication accrue en F1 ?
Mais au-delà de ces accords marketing, d’autres bruits évoquent des accords encore plus poussés. On apprend ainsi sur le blog du très informé journaliste F1 Joe Saward qu’Alpine aurait négocié une vente de parts de l’écurie à AutoNation, à hauteur de 25%, avec la possibilité de monter à 40%. Des chiffres sont même avancés, avec une prise de participation de 212 millions de dollars, ce qui valoriserait l'équipe à 850 millions de dollars. L'argent récolté servira à financer la croissance de l'équipe et à faire en sorte que Renault n'ait pas à supporter davantage. Tout cela reste hypothétique, mais nous en saurons sans doute rapidement plus.