Alliance Hawtai/Saab: analyses et réflexions
par Joest Jonathan Ouaknine

Alliance Hawtai/Saab: analyses et réflexions

Hier, Saab a annoncé qu'il allait revendre 30% de son capital à Hawtai, pour 150 millions d'euros. Une opération qui ne manque pas d'éveiller des interrogations.

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Hier, Saab a annoncé qu'il allait revendre 30% de son capital à Hawtai, pour 150 millions d'euros. Une opération qui ne manque pas d'éveiller des interrogations.

Qui est Hawtai?

Les informations sur ce petit constructeur sont plutôt rares et le site officiel est laconique.

Hawtai est né en 2000, sous le nom de Huatai. C'est une entreprise privée. Son fief de Rongcheng est situé dans ce que les Chinois surnomment la "troisième Corée". Il s'est d'emblée associé à Hyundai (qui est également actionnaire.)

Son tout premier véhicule est un Galloper sous licence (gag: le Galloper est lui-même un Mitsubishi Pajero sous licence.) Le Santa Fe et le Terracan ont suivi plus tard.

Il a ouvert une deuxième usine, à Erdos, en Mongolie Orientale, afin de bénéficier de subventions.

Le constructeur tente ensuite de "recycler" les Atos et Matrix. Le gouvernement Chinois (qui décide ce qu'un constructeur peut produire ou pas) lui donne un feu rouge pour ces modèles.

En parallèle, les liens avec Hyundai se distendent. Le constructeur Coréen a monté une joint-venture, avec BAIC. A l'origine, Beijing-Hyundai ne produisait que des berlines, mais ils envisagent également des SUV. Il n'a donc plus d'intérêt à rester avec Huatai.

En 2009, Huatai effectue un virage à 90°. Il coupe les ponts avec Hyundai et se rebaptise "Hawtai". Le Santa Fe et le Terracan restent au catalogue. Ils sont rejoint par le C9 (Santa Fe relooké) et la B11, première berline du constructeur.

Cette année, il compte lancer une grande berline, la B21. Elle sera notamment équipée d'un 2,0l diesel maison OED483Q 150ch.

A court-terme, Hawtai prévoit toute une gamme de diesel (du 1,5l au V6 3,0l) et un nouvel SUV, le B35/Boliger (un Santa Fe maquillé en Porsche Cayenne.)

Que veut Saab?

Sur le long-terme, le constructeur Suédois a besoin de plateformes et de mécaniques.

Sur le court-terme, il a besoin d'argent. Et vite. Très vite.

Les ventes sont inférieures aux prévisions. Saab manque d'argent pour payer ses fournisseurs et approvisionner sa chaine de montage.

D'où une certaine précipitation, voir de l'improvisation. Revente de Spyker, d'une partie des terrains, réconciliations avec Vladimir Antonov...

Le deal avec Hawtai est dans la lignée de cette improvisation. Les deux parties n'ont commencé à discuter qu'au début de la semaine dernière et le constructeur communique sur un accord préliminaire. En plus, il a publié un communiqué le 3 mai, alors que les Chinois sont encore en congé.

Que veut Hawtai?

Lors de la cérémonie, le discours de Rui Zhang Jun (vice-président du constructeur) était assez classique. Hawtai voudrait gérer l'importation de Saab en Chine et pourquoi pas, exporter leurs voitures.

Dans une envolée lyrique, Rui table sur une gamme de 10 modèles en 2015 et une production d'un million de véhicules.

Que veulent-ils réellement?

Comme d'habitude, on accusera Hawtai de vouloir piller les bijoux de famille de Saab et de n'avoir aucun respect pour son héritage. Les plus sarcastiques répondront que Saab a déjà mis ses bijoux de famille au mont-de-piété et qu'avec le 9-7X de l'époque GM, on avait déjà touché le fond en matière de n'importe quoi.

Les précédents prouvent qu'en Chine, il y a loin de la coupe aux lèvres. Le rachat effectif peut prendre des mois (cf. SAIC/Rover, ChangAn/AVIC ou Geely/Volvo.) Compte tenu des sommes, Pékin aura son mot à dire et il peut décider de bloquer les fonds (cf. Tengzhong/Hummer.)

Il est même probable que Saab table sur un échec des négociations. Il s'agirait uniquement de faire un effet d'annonce pour motiver ses créanciers: "Regardez, Saab n'est pas au bord du gouffre! On a un repreneur! Alors patientez un peu, pour votre remboursement..." Peu de gens connaissent Hawtai et d'aucuns s'imaginent que les Chinois ont les poches qui débordent de billets verts. Glisser le nom d'un constructeur Chinois est toujours opportun lorsque vous discutez avec votre banquier. Ensuite, Hawtai ou Tartempion, Saab s'en fiche.

Côté Hawtai, tout n'est pas rose non plus. Avez-vous remarqué que c'est le vice-président (et non le président) qui s'est exprimé?

Rui Zhang Jun n'est qu'un gars qui a été poussé sur l'estrade pour s'exprimer au nom de Hawtai.

Et pour cause: le président, Liu Zhigang, a démissionné le 11 avril (ci-dessous, sa caricature.) En 2009, Hawtai avait recruté nombre de cadres dirigeants de Brilliance, dont le PDG, Liu. L'objectif était de faire du constructeur un "nouveau Brillance".

Deux ans plus tard, c'est toute cette équipe qui part. La preuve que leur mission a échouée (ne serait-ce qu'avec les nombreux retards pris par le lancement de la B11.) Et ce n'est un cas isolé, car Hawtai a usé 7 présidents différents en 9 ans.

Dans l'automobile Chinoise actuelle, les conditions de survie sont de plus en plus difficiles. De nombreux constructeurs ont disparu.

Hawtai, à l'instar de Jonway, Zhongxing ou Zotye, se retrouve au milieu du gué. Le constructeur devrait vendre 100 000 voitures en 2011 et les ventes du C9/Santa Fe sont bonnes. Mais il doit passer de la productions de modèles plus ou moins sous licences (comme les 3 autres) vers la conception intégrale de modèle. Le fossé ne cesse de se creuser et ChangFeng, qui a tenté ce pari, est aujourd'hui en liquidation.

Je suis donc personnellement sceptique sur l'avenir de Hawtai. Pour concrétiser leurs ambitions, ils ont besoin de moyens techniques, financiers et d'un patron charismatique (voir un peu illuminé.) Ils n'ont aucun des trois.

La Hawtai B11 "live" à Shanghai:

La B11 EV, concept-car électrique:

La B21:

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Pour résumer

Hier, Saab a annoncé qu'il allait revendre 30% de son capital à Hawtai, pour 150 millions d'euros. Une opération qui ne manque pas d'éveiller des interrogations.

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