Des "problèmes physiques" empêchent l' Allemagne de simplement remplacer les combustibles fossiles russes par d'autres sources, a déclaré le ministre allemand de l'économie et du climat, Robert Habeck.
Difficile de trouver des moyens de transporter des hydrocarbures
« Nous recherchons des trains capables de transporter du pétrole, alors qu'il n'y a pas assez de pétrole dans l'est du pays. Et, surprise, il n'y en a pas beaucoup », a-t-il déclaré. Il en va de même pour les terminaux GNL inexistants qui pourraient aider à l'approvisionnement en gaz a déclaré le ministre.
Si le rail fera sans doute partie de la solution, il aura du mal à gérer les importants volumes à faire transiter. Les plus gros wagons-citernes pour le brut contiennent généralement environ 100 mètres cubes, ou 630 barils. Pour fournir les 300 000 barils de brut requis par jour aux raffineries de Schwedt et de Leuna, il faudrait que les usines soient capables de gérer environ 480 wagons par jour et une flotte probablement au moins cinq fois plus grande pour effectuer l'opération de livraison. Alignés bout à bout, les wagons nécessaires pour livrer un mois de brut de remplacement s'étendraient de Berlin à Hambourg sur une distance d'environ 240 km.
Difficile de faire basculer les flux
Une grande partie de l'infrastructure pétrolière et gazière allemande est destinée à recevoir des approvisionnements via des pipelines russes depuis l'est et à les distribuer vers le reste du pays. Basculer cette infrastructure vers les flux inversés est une entreprise complexe et chronophage.
L' Allemagne a recours à trois marchés distincts en ce qui concerne l'approvisionnement en pétrole brut
Les parties ouest et nord-ouest du pays dépendent des liaisons avec les ports de la mer du Nord et de la mer Baltique, à la fois vers Wilhelmshaven en Allemagne et vers Rotterdam aux Pays-Bas. Les raffineries du sud dépendent du brut expédié par pipeline depuis Marseille en France et Trieste en Italie. À l'est du pays, cependant, les raffineries dépendent du brut livré par pipelines depuis les champs pétrolifères de la Sibérie occidentale. Ces derniers flux seront les plus difficiles à remplacer.
Les raffineries d’Allemagne de l’Est conçues pour le brut russe
Les raffineries de l' Allemagne de l'Est ont été conçues pour fonctionner avec du brut soviétique, aujourd'hui russe. Chaque pétrole brut est différent et les usines sont conçues pour maximiser les avantages du traitement de matières premières particulières. Le remplacement du pétrole russe obligera les raffineurs à rechercher des alternatives aux caractéristiques similaires. Ils existent certainement au Moyen-Orient et ailleurs. Le problème est que tous ceux qui essaient d'éviter d'acheter en Russie les recherchent également. La concurrence est féroce.
Mais même lorsque des alternatives seront trouvées, un problème encore plus important sera de les acheminer vers les raffineries est-allemandes où elles seront nécessaires.
Pourparlers entre Allemagne et Pologne
Le gouvernement allemand est en pourparlers avec la Pologne voisine pour sécuriser l'approvisionnement via le port de Gdansk et la section polonaise de l'oléoduc qui transporte actuellement du brut russe. Le problème est que la Pologne utilise déjà cette ligne pour sa propre diversification. Un accord signé avec Saudi Aramco plus tôt cette année verra la société du Moyen-Orient fournir jusqu'à 400 000 barils par jour de son brut à la Pologne. Cela va laisser peu ou pas de capacité de réserve dans le pipeline de Gdansk à Plock pour une livraison ultérieure vers l'Allemagne.
Notre avis, par leblogauto.com
Avec (presque) pas de production de pétrole propre, l'Allemagne dépend des importations. Lesquelles se présentent sous deux formes : du pétrole brut destiné à être traité dans les raffineries du pays et des produits finis tels que le carburant diesel qui alimente l'industrie allemande et le transport de marchandises. La Russie détient une grande part du gâteau des importations allemandes, envoyant près de 550 000 barils de brut et 100 000 barils de diesel chaque jour. S'éloigner de ces approvisionnements laissera l'Allemagne avec de gros vides à combler.
Sans compter sur les problèmes logistiques.
Sources : Presse allemande, Bloomberg, Washington Post