L'Alfa Romeo Milano rebaptisé Junior !
par Nicolas Anderbegani
Stellantis cède à la pression italienne

L'Alfa Romeo Milano rebaptisé Junior !

Contesté par le gouvernement, le nom "Milano" cède sa place à "Junior", remettant en selle un nom historique du Biscione.

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Un lancement remuant

C’est ce qui s’appelle éteindre l’incendie. Depuis sa présentation vendredi, l’Alfa Romeo Milano déchaîne les passions et fait couler beaucoup d’encre. Celle de nombreux alfistes, pour lesquels la passion l’emporte sur la raison, et qui affirment ne pas se reconnaitre pas dans un énième SUV et un véhicule ayant une base PSA, sans oublier le design qui a suscité une avalanche de réactions très contrastées. Et encore, c’est un euphémisme, tant les commentaires peuvent être virulents, et pour partie assortis d’un french bashing à peine déguisé.

Néanmoins, on peut rappeler que beaucoup d’alfistes n’ont pas acheté forcément les derniers modèles en masse, même les pourtant très vénérées Giulia et Stelvio, s’il on s’en tient aux chiffres de vente qui, après 8 ans de carrière, sont très mitigés.

Le Milano s’est aussi attiré les foudres du gouvernement italien, en la personne du ministre du Made in Italy, Adolfo Urso, qui avait tancé Stellantis pour avoir donné un nom très italien à un véhicule fabriqué en Pologne, soulignant que cette appellation était illégale au vu de la loi de 2003 sur la protection de l’identité italienne des produits.

Tavares en pompier

Carlo Tavares a eu beau rétorquer que le SUV Milano avait été dessiné en Italie, tout en justifiant une production en Pologne très rationnelle d’un point de vue industriel et prix, il a fallu faire machine arrière pour calmer la colère en Italie, et visiblement se conformer à la loi, ce qui aurait dû être anticipé…Le timing du tacle gouvrnemental est également très politique, car on imagine bien que le ministre est au courant depuis un moment.

Ainsi, Alfa Romeo a décidé de changer le nom du Milano, dans un « signe d’apaisement et de compréhension », alors que les tensions sont vives depuis plusieurs mois entre Stellantis et le gouvernement italien sur le devenir de l’industrie automobile italienne. La situation inquiétante de Maserati, les usines qui tournent au ralenti, les licenciements, plus la « francisation » dénoncée par certains des marques italiennes du groupe, etc. sont autant de sujets très sensibles. Les yeux doux que le gouvernement de Giorgia Meloni fait à un éventuel constructeur chinois pour s’implanter en Italie, éventualité vivement critiquée par Tavares, s’inscrit dans un bras de fer de longue durée. La marque Alfa Romeo ayant une place à part dans le patrimoine automobile italien, sa base technique PSA et sa délocalisation en Pologne ont attisé les sensibilités nationales.

 

« A partir du moment où nous avons été avertis par le gouvernement italien que le nom 'Milano' n'était pas approprié, même si la voiture a été conçue à Turin, il n'y a pas de raison de chercher un affrontement avec qui que ce soit » a déclaré aujourd’hui Carlos Tavares en déplacement à l'usine de Trémery, près de Metz (où sont les juristes ?) « Il y a des sensibilités à prendre en compte » Et d'ajouter : « La marque Alfa Romeo est iconique, chère à notre cœur. Junior est un nom qui a eu beaucoup de succès dans l’histoire d'Alfa Romeo [comme l'Alfa GT Junior proposée entre 1966 et 1974, ndlr]. Cela ne pose aucun problème de puiser dans l’histoire de la marque pour qualifier ce nouveau modèle, porte d'entrée dans la gamme électrique d'Alfa Romeo. Tout en estimant que le nom Milano est conforme à toutes les exigences légales, et « compte tenu du fait qu'il existe des sujets plus essentiels », Alfa Romeo a décidé de changer le nom de « Milano » en « Junior », afin de « promouvoir un climat de sérénité et de compréhension mutuelle »

Alfa Romeo en profite au passage pour égratigner le gouvernement italien, en le remerciant « pour la publicité gratuite engendrée par ce débat »

 

Junior, le retour

C’est donc Junior qui prend la relève de Milano.  Bon, gros boulot en perspective pour les webmasters, les infographistes et les commerciaux, sans parler de tout le matériel marketing…Pour la voiture en elle-même, c’est juste quelques lettres à changer sur le flanc de carrosserie.

Jean-Philippe IMPARATO « Nous sommes parfaitement conscients que ce moment restera gravé dans l'histoire de la Marque. C'est une grande responsabilité en même temps qu’un moment exaltant. Le choix du nom Junior est tout à fait naturel, car fortement lié à l'histoire de la marque. Il fait partie de nos favoris et de ceux du public depuis le début. En tant qu'équipe, nous choisissons une fois de plus de mettre notre passion au service de la marque, de donner la priorité au produit et à nos clients. Nous avons décidé de changer de nom, même si nous savons n’y être pas tenus, parce que nous voulons préserver l'émotion positive que nos produits ont toujours suscitée et éviter tout type de controverse. L'attention portée ces jours-ci à notre nouvelle sportive compacte est unique, avec un nombre sans précédent d'accès au configurateur en ligne, au point que le site web est tombé en panne pendant quelques heures. »

Alfa puise donc dans un nom iconique de son patrimoine, qui était arrivé d’ailleurs dans la tête de liste suite à la consultation des fans lancée en amont. Petit rappel historique : après le succès de la Giulia et de sa version coupé, la Giulia Sprint GT, dessinée par Giugiaro pour Bertone, l'objectif d'Alfa Romeo est d'attirer un public plus jeune, désireux de disposer d'une voiture à la fois élégante et exclusive, sans pour autant que son coût d'achat et d'utilisation ne soit trop élevé. En septembre 1966, la GT 1300 Junior est présentée à Balocco : renonçant au nom de Giulia, elle est à l'origine d'une nouvelle génération d'Alfa Romeo. Des versions équivalentes de la gamme Spider seront également identifiées comme « Junior. »

La principale variante mécanique est l'adoption du moteur à double arbre à cames de 1290 cm3 qui, grâce à l'alimentation unique et à un nouveau système de distribution, délivre 89 ch. pour une vitesse maximale de plus de 170 km/h, à peine inférieure à celle de la 1600, et capable de garantir des performances et un plaisir de conduite de haut niveau. La carrosserie a également été mise à jour avec un habillage dédié et rajeuni. Avec plus de 92 000 unités vendues, la GT 1300 Junior est rapidement devenue le modèle le plus vendu de la gamme et un véritable symbole de son époque. Souhaitons la même réussite à ce B-SUV Junior, malgré un lancement mouvementé !

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Pour résumer

Alfa Romeo veut éteindre l'incendie déclenché en Italie par le gouvernement, qui juge illégal l'appelation Milano du nouveau B-SUV assemblé en Pologne. Le Milano change donc de nom, s'appelant Junior, en clin d'oeil à la Giulia GT Junior des années 60-70.

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