Le groupe pharmaceutique Pierre Fabre : un puissant groupe international …. et local
"Le projet d’A69 séduit la bourgeoisie tarnaise depuis un quart de siècle. En son cœur : le groupe pharmaceutique Pierre Fabre. L’industriel influence fortement la vie politique locale » indique tout de go le site Reporterre, osant enfin dire ce que moult médias locaux se gardent bien de dire, histoire de ne pas heurter la « sensibilité » du puissant groupe pharmaceutique.
« Pierre Fabre, le greenwashing ne lavera pas tes mains sales. » Tel est le message ornant la grande banderole déployée en février dernier par des activistes d’Extinction Rebellion devant le siège du groupe pharmaceutique à Lavaur dans le Tarn - à quelques encablures de Verfeil (31), point terminal de l’A69 avant l’A680, bretelle d’accès à l’autoroute A68 Albi-Toulouse - rappelle ainsi Reporterre.
Une action symbolique pour dénoncer le soutien des laboratoires Pierre Fabre au projet d’autoroute A69 dénommée Toulouse / Castres. « Ce n’est pas la première fois que le rôle de l’industriel, à travers un lobbying intense et une ingérence dans la vie politique locale, est pointée du doigt dans ce dossier » indique le media.
Des pressions exercées depuis belle lurette
Le media rappelle par ailleurs que dans les années 2000, Pierre Fabre, fondateur du groupe du même nom implanté à Castres (8), plaidait déjà pour la construction de cette autoroute. « Il arpentait les salons et mêmes les antichambres des ministères pour faire progresser ce dossier d’intérêt général », raconte Pierre-Yves Revol, le président de la Fondation Pierre Fabre dans les colonnes de La Dépêche, rappelle Reporterre.
Pierre Fabre et la presse : un puissant groupe pharmaceutique en terrain connu
Alors que des voix s’élèvent ici ou là pour indiquer que certains medias pourraient faire le jeu des Laboratoires Pierre Fabre en dénigrant volontairement les opposants au projet – pourtant pacifistes et constructifs en proposant une adaptation de la Nationale N126 - n’oubliions pas de dire, que la presse, le groupe Pierre Fabre la connaît …. notamment en tant qu’ancien propriétaire de Valeurs actuelles, vendu en 2015.
L’influence du groupe pharmaceutique dans le Tarn s’avère extrêmement importante dans le Tarn où il demeure l’un des principaux employeurs. Bâtissant son empire comme on tisse sa toile, le groupe a investi dans des associations, dans le sport — en étant propriétaire du club de rugby, le Castres Olympique — ainsi que dans plusieurs titres de presse. Pierre Fabre a lancé le média local Le Journal d’Ici en 2003 et il est actionnaire de la Dépêche du Midi, le journal de la région.
Autant de médias peu enclins à critiquer le projet pourtant controversé de l’A69 ….
Connecter les employés de Pierre Fabre
Derrière la volonté affichée d’une « autoroute pour les Tarnais », c’est surtout une aubaine économique pour le groupe, précise encore Reporterre. Osant enfin dire ce que les « anciens » disent tout bas …
Il voit ce projet comme « un outil de travail » qui permettra de connecter ses 2 500 collaborateurs tarnais et ses 1 000 employés toulousains répartis sur différents sites, résume le media.
Accord de l’État obtenu par Fabre en 2006
Toujours selon le journaliste de La Dépêche Brian Mendibure, en 2006, Pierre Fabre aurait même obtenu l’accord de l’État en 2006 pour cette autoroute, lors d’un déjeuner avec le ministre des Transports de l’époque, Dominique Perben. En 2013, selon des élus joints par téléphone, au soir de sa mort, l’industriel aurait même eu une entrevue avec François Hollande, pour lui rappeler l’importance de cette autoroute pour le territoire.
Salariés de Pierre Fabre et élus locaux …. : vous avez dit collusion ?
Autre élément portant à réflexion : Reporterre note parallèlement que certains élus locaux font partie ou sont toujours des cadres de l’entreprise. Poussés ouvertement par Pierre Fabre lui-même à s’engager dans la vie politique locale.
Parmi eux, Alain Veuillet, vice-président de la communauté de communes Sor et Agout qui finance à hauteur de 507 344 euros l’autoroute A69. Dans cette même communauté de communes, la première adjointe à la mairie de Soual, Cristelle Gayraud, est quant à elle chargée de communication dans le groupe pharmaceutique. Dans l’agglomération voisine, celle de Castres-Mazamet qui finance à hauteur de d’1,5 million d’euros l’autoroute, l’une des vice-présidentes est directrice régionale dans l’entreprise.
« La frontière entre les intérêts privés et publics autour de l’A69 paraît ténue, d’autant plus que les dirigeants de Pierre Fabre sont parfois invités au sein même de ces collectivités pour défendre ce projet autoroutier avec les élus » indique encore Reporterre. Pour Christophe Pouyanne, maire de la petite commune d’Appelle, qui fait partie de la communauté de communes Sor et Agout, « il y a beaucoup d’élus locaux qui ont un lien plus ou moins proche avec le groupe Fabre. Parfois, on frôle le conflit d’intérêts. Il y a un manque d’indépendance vis-à-vis de ce groupe. On connaît déjà tout le lobbying qu’a fait Pierre Fabre pour cette autoroute mais si en plus le groupe infiltre la vie politique locale, c’est très problématique », déclare-t-il.
L’élu poursuit : « L’investissement voté en faveur de l’autoroute est démesuré pour un territoire comme le nôtre, qui compte à peine plus de 20 000 habitants. » Le maire d’Appelle est également signataire d’une tribune signée par différents élus du Tarn qui s’opposent à l’A69.
Fin septembre, un panel d’élus locaux s’est retrouvé à la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Tarn pour taper du poing sur la table lors d’une conférence de presse. « Le chantier se fera », s’est exclamé le député Jean Terlier, dont la femme est directrice marketing chez Pierre Fabre …..
Boris Patentreger, fondateur de l’ONG castraise Envol vert, déclare quant à lui que lors d’une discussion avec le président du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, ce dernier lui aurait confié « que le groupe Fabre met en balance sa présence sur le territoire avec la réalisation de cette autoroute ».
Des proches de Macron loin d’être neutres dans le projet
Des proches du président Emmanuel Macron seraient directement impliqués dans la réussite de ce projet, indique encore Reporterre. Notamment Emmanuel Miquel, le « managing director » d’Ardian — un fonds de private equity (capital-investissement) qui finance à hauteur de 15 millions d’euros cette autoroute et qui est l’une des structures fondatrices d’Atosca, le concessionnaire de l’A69 — proche du président. Selon le magazine Vanity Fair, ils seraient même « soudés par une solide amitié », Emmanuel Miquel faisant partie de la « bande de copains » qui a porté Macron à l’Élysée.
François-Xavier Lauch, ancien préfet du Tarn, proche du président et « fidèle de la Macronie » a lui aussi joué un rôle central dans ce dossier. C’est lui qui a signé l’autorisation des travaux en mars 2023. Il fut président du cabinet d’Emmanuel Macron en 2017, un cabinet dont faisait également partie Emmanuel Miquel en tant que conseiller entreprise, attractivité et export.
Une grande manifestation est prévue le 21 et 22 octobre dans le Tarn pour s’opposer à l’avancée du chantier tout en mettant en avant des projets alternatifs, via notamment l’aménagement de la nationale N126 existante, quasiment parallèle au tracé de l’A69 …. et dont les rocades de contournement des principales villes du tracé - rocades pourtant financées par les contribuables locaux - se voient absorbées par la nouvelle autoroute.