En annonçant en mai dernier la suppression pure et simple des avertisseurs de radars, le ministre de l'intérieur provoquait un tollé chez nombre d'automobilistes mais évidemment aussi chez les fabricants d'appareils du genre. En moins de vingt-quatre heures ces derniers se regroupaient même sous la bannière de l'AFFTAC (Association Française des Fournisseurs et utilisateurs de Technologies d’Aide à la Conduite). Un compromis, de dupes diront certains, était finalement trouvé... Les fabricants avaient jusqu'au 28 novembre pour se conformer à la première phase du protocole d'accord. L'occasion pour leblogauto d'interroger Isabelle Pons, directrice marketing de la firme Wikango, sur ce qui a finalement évolué. Ou pas.
Six millions d'utilisateurs, ce sont "dans l'absolu" six millions de votants. Hors de question donc de froisser les automobilistes (pas gâtés déjà quant aux différentes mesures répressives) surtout en cette période pré-électorale.
Simpliste ? Peut-être mais pas que. Il suffit de constater la marche arrière toute finalement enclenchée après l'interdiction des boîtiers prononcée par le Comité interministériel sur la sécurité routière du 11 mai 2011 pour simplement s'interroger.
En résumé ? L'avertisseur de radar est mort, vive l'assistant d'aide à la conduite. Cependant, si le terme évolue, la donne générale demeure identique. Attention, subtilité sémantique. Ainsi un radar fixe présent dans tel ou tel secteur est assimilé à une zone de danger quand un radar mobile entre dans le cadre d'une zone à risque, des nouveautés auxquelles devront progressivement s'habituer les différentes communautés d'utilisateurs à l'instar de celle Wikango. Oui, il est vrai on parle désormais de zone et non plus de lieu précis... Des arguties de langage vous disait-on. Ou des jeux de mots, au choix.
"Suite à la polémique, nous avions dès le lendemain rencontré Claude Guéant. Au terme d'une démonstration, il avait pris acte des différents aspects des boîtiers", tient à rappeler Isabelle Pons soulignant, non sans humour (sic), que le gouvernement ne savait tout simplement pas en quoi consistait leur métier et quelles étaient les fonctionnalités des appareils alors incriminés. Dont acte.
La directrice marketing de la société Wikango de poursuivre pour lutter contre une idée reçue. "Les automobilistes, chauffards, qui profitent du boîtier pour ne pas respecter les limitations de vitesses sont finalement très minoritaires. Non, l'appareil agit comme un co-pilote embarqué qui annonce les dangers. Nos utilisateurs sont donc plus sereins et plus vigilants sur ce qui se passe autour d'eux. Il faut quand même également souligner qu'un automobiliste qui se fait flasher à 52 km/h au lieu de 50 km/h n'est pas non plus un délinquant routier". Oui, pas faux.
L'aspect communautaire, l'information en temps réel, la sécurité optimale, voilà donc les crédos de la société Wikango (et des autres peut-on penser). Concernant la sécurité routière du reste, les fabricants travaillent sur différents thèmes comme l'hypovigilance, le deuxième facteur de mortalité routière après l'alcool. Mais sur ce point par exemple, les travaux tout engagés n'ont pas encore livré leurs conclusions.
Avant la date butoir entourant la première phase de mise à jour, chez Wikango on a donc mis les bouchées doubles pour se conformer à la législation et, déjà, faire disparaître le terme radar tout comme l'icône le représentant. "Nous avons aussi dû revoir tous nos softs, mettre en conformité tous les appareils existants et en faire de même pour les applications smartphone. Ceci s'est évidemment traduit par du temps et de l'argent", indique Isabelle Pons saluant au passage la réussite des acteurs français "véritables fleurons technologiques et parmi les leaders au niveau international".
Au bout du compte, tout le monde est content. Primo, l'État qui n'a pas complètement perdu la face malgré ce demi-tour. Secundo, les fabricants qui conservent leur business sur ce juteux marché. Tiens, et tertio, qu'en pensent au final nos lecteurs usagers de la route ?
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