Oilstainlab HF-11 est une hypercar de 2,35 millions de dollars qui assume son côté « disruptif », comme on dit.
Jamais nous n’avons vu une telle floraison de « constructeurs » exotiques qui, soit par le retrofit, par le restomod, ou la création originale, inodent le marché de supercars audacieuses ou loufoques et chères. Cette dernière création vient, évidemment, de Californie. En 2019, les frères d’origine ukrainienne Nikita et Iliya Bridan, qui ont travaillé chez Acura, Cadillac, Genesis, Honda et Toyota, forment Oilstainlab dans le but de créer une supercar unique. La HF-11 sera la première incursion de l’entreprise dans le secteur des voitures de série. Au total, 25 exemplaires sont prévus, au prix unitaire de 2 350 000 $ (bien que vous puissiez économiser 500 000 $ en optant uniquement pour un moteur à combustion interne).
Un gros jouet méchant
Oilstainlab a présenté la HF11 à Goodwood. Il s’agit d’une machine à propulsion arrière, à moteur central et à carrosserie en fibre de carbone fabriquée sur mesure par une usine de composites au Canada. Les panneaux de carrosserie en composite doivent permettre de viser un poids cible de 900 kilos. Des sous-châssis en acier haute résistance supporteront des composants de suspension tubulaires et des amortisseurs Ohlins réglables. La version de course roulera sur des roues de 18 pouces, mais les versions de route sont prévues pour des roues de 19 et 20 pouces.
Le design n’est pas tout à fait conventionnel. L’avant ressemble à une Porsche 911 adoucie, arrondie, presque sortie d’un dessin animé, tandis que les flancs évoquent quasiment un proto CanAm ou l’AstonMartin Valkyrie avec ses airs de F1 « couverte ». Quant à l’arrière, marqué par un énorme diffuseur et la bande d’optiques LED transversale, il dévoile les entrailles de la bête comme s’il s’agissait d’un buggy qui a besoin de respirer pleinement dans le désert. L’inspiration des voitures du Mans de la fin des années 60 et de la Porsche 917 est évidente dans cet arrière qui se relève avec un énorme spoiler. Elle semble prête à attaquer, à bondir.
Thermique ou électrique, d’un claquement de doigts, ou presque
C’est la configuration du groupe motopropulseur qui est assez spéciale. Les frères travaillent avec un motoriste sur un flat-six de 4,5 litres de 650 ch (qui, selon Nikita, n’est pas basé sur un bloc Porsche) qui tournera jusqu’à 12 000 tr/min et sera soutenu par une transmission manuelle qui enverra la cavalerie aux roues arrière via un différentiel à glissement limité. Ces 650 chevaux permettent sur le papier à la HF-11 d’atteindre 100 km/h depuis un arrêt complet en un temps très respectable de 3,2 secondes, bien que sa vitesse de pointe ne soit pas connue.
Mais comme les clients d’Oilstainlab ont exprimé leur intérêt pour la propulsion thermique et électrique, Oilstainlab affirme que la HF-11 sera livrée…avec un exemplaire de chaque permutable : le six cylindres de 650 ch et un moteur électrique de 860 ch assisté d’un pack de batteries peuvent être échangés dans le garage du client, selon son humeur, par un « switch » du sous-châssis. On comprend donc mieux le déshabillage poussé de la supercar, qui doit permettre de basculer d’une base à l’autre. Encore faut-il avoir les installations et la place requises, mais on se doute bien que les riches propriétaires de cette supercar atypique sauront se débrouiller.
Les fondateurs se sont confiés à Car and Driver : « Cela semble être une idée terrible à première vue, ce que nous faisons toujours. Mais la technologie des batteries actuelle permet de créer une enveloppe très similaire à celle d’un moteur à combustion avec un réservoir d’essence. Et le poids est même similaire. Nous pouvons séparer le sous-châssis arrière de la coque en carbone. Ce n’est pas vraiment un échange de groupe motopropulseur, c’est un échange de sous-châssis. L’un de mes souvenirs d’enfance fous est qu’Audi a remplacé un sous-châssis arrière entier au Mans en 2000, et ils l’ont fait en quatre minutes. »
L’intérieur propose pour sa part une ambiance assez retro, avec des coloris de sellerie et d’habillage assez particuliers, notamment ce velours sur le volant…mention spéciale au marron qui fait très « années 70 »…bon, les goûts et les couleurs…
Entre « maniacs » pour perpétuer une certaine idée de la bagnole
Si Oilstainlab entend bousculer les codes de la supercar, ils veulent aussi leur faire dans la conception même du bolide, dans un esprit très « start-up » : il s’agit d’inviter un groupe de clients, qui auront tous signé pour acheter la voiture, à participer au processus de réglage et de finalisation. Ces personnes, qui se désignent elles-mêmes comme propriétaires d’hypercars de compétition, se voient attribuer un surnom effronté : Maniacs.
« Notre objectif à l’heure actuelle est de trouver les 11 maniaques qui feront partie de notre programme de développement » explique Nikita. « Nous en avons six dont nous sommes sûrs qu’ils voudront en faire partie. Et puis nous espérons qu’une fois la voiture présentée, nous pourrons trouver les cinq autres. » Il marque une pause. « Je veux dire, nous sommes en quelque sorte en train de construire une famille ici à bien des égards. Nous n’allons construire que 25 voitures. Nous ne voulons pas que des crétins fassent partie de la famille. »
Nikita explique que l’objectif d’Oilstainlab n’est pas de devenir un grand constructeur automobile ou même de continuer à fabriquer des supercars haut de gamme, mais simplement de maintenir en vie un certain type d’expérience de conduite. « Nous venons du secteur des constructeurs automobiles, et les grands constructeurs sont désormais entravés par les réglementations et la législation. Ils ne sont pas en mesure de construire les voitures que nous voulons vraiment, qui sont légères et attrayantes. Nous voulons simplement construire les voitures que personne d’autre ne construit, pour les vrais passionnés. »