La collection est exceptionnelle et le propriétaire n’est pas anodin.
L’ancien maître de la Formule 1, Bernie Ecclestone, 94 ans, qui a présidé aux destinées du sport jusqu’en 2017, vend sa collection privée de voitures de Grand Prix. Le propriétaire a décidé de vendre 69 voitures par l’intermédiaire de Tom Hartley Jr, spécialiste britannique des voitures de sport, dans le cadre d’une vente privée. Comme elles ne sont pas vendues aux enchères, la valeur finale de la transaction restera hors du domaine public. Mais des estimations évoquent la somme de 600 millions pour l’ensemble du parc.
Brabham, évidemment
Ecclestone, qui était à l’origine vendeur de motos, a accumulé sa collection depuis les années 1950. Il fut ensuite propriétaire de l’écurie Brabham de 1971 à 1988 et, logiquement, ses voitures constituent l’essentiel de la collection. On retrouve notamment la BT52 de 1983 à moteur BMW, qui carburait vachement bien, avec laquelle Nelson Piquet décrocha son second titre.
« Je collectionne ces voitures depuis plus de 50 ans et je n’ai jamais acheté que les meilleurs exemplaires. Une Grand Prix, et en particulier une Formule 1, est bien plus importante que n’importe quelle voiture de route ou autre forme de voiture de course, c’est le summum du sport, et toutes les voitures que j’ai, qui ont été achetées au fil des années, sont des voitures de course fantastiques et des œuvres d’art rares. »
La décision de vendre la collection n’a pas été prise à la légère par Ecclestone :
« J’aime toutes mes voitures, mais le moment est venu pour moi de commencer à réfléchir à ce qu’il adviendra d’elles si je ne suis plus là »
Les voitures proposées comprennent un certain nombre d’exemples historiquement significatifs avec un passé de course, quelques « recréations » intéressantes (dont une Auto Union d’avant-guerre et une Lancia D50), ainsi que quelques pièces uniques inhabituelles, comme la Brabham BT46 « aspirateur » avec laquelle Niki Lauda a remporté le Grand Prix de Suède en 1978 dans la controverse. La forme du moteur 12 cylindres à plat d’Alfa Romeo ne permettant pas l’utilisation d’un tunnel Venturi à « effet de sol » comme sur la Lotus 79 rivale, le designer Gordon Murray a installé un énorme ventilateur pour aspirer la voiture vers le sol à la place, provoquant l’indignation lors de son dévoilement. Pour éviter de s’aliéner ses alliés alors qu’il bataillait contre la FISA de Jean-Marie Balestre pour prendre le contrôle commercial de la F1, Ecclestone a retiré la voiture.
Ferrari en tête de gondole
La collection comprend la Vanwall VW10 de Stirling Moss lors de la première année du championnat des constructeurs. Mais au premier plan est mise en valeur une vaste gamme de voitures de course de Ferrari, car Ecclestone est un collectionneur renommé de Ferrari de course.
La 375 d’Alberto Ascari, vainqueur du Grand Prix d’Italie en 1951, la Dino de Mike Hawthorn, championne en 1958, la 312T avec laquelle Niki Lauda remporta son premier titre en 1975, la 312T2 avec laquelle Carlos Reutemann a remporté le Grand Prix du Brésil en 1977 ou encore une ancienne F2002 de Michael Schumacher sont susceptibles d’attirer les plus hautes estimations. Il existe également une Ferrari en British Racing Green : la Thinwall Special et la 312B3, intéressante sur le plan historique. Il s’agit du premier véritable châssis monocoque de Ferrari, produit à une époque de grande agitation politique interne, lorsque l’ingénieur Mauro Forghieri était en disgrâce et banni dans le cadre de « projets spéciaux ». Son remplaçant, Sandro Colombo, a confié la construction et une grande partie des détails de conception à TC Prototypes au Royaume-Uni.
Ce n’est pas la première fois qu’Ecclestone se sépare d’une partie de sa collection. En 2007, il a proposé 50 voitures aux enchères via RM Sotheby’s, dont un roadster Mercedes SSK de 1928 et un cabriolet Lancia Astura de 1939 qui aurait appartenu à Benito Mussolini.