Canada : la production automobile en chute avant le retour de Trump

Les usines automobiles canadiennes devraient produire environ 1,3 million de véhicules cette année, le niveau le plus bas depuis des décennies en dehors de la pandémie de COVID, alors que les constructeurs américains réduisent la voilure dans le pays en raison du ralentissement de la demande, selon un groupe de réflexion sur le secteur manufacturier.

En 2018 encore, les usines canadiennes produisaient plus de 2 millions de voitures et de camions légers. Mais la production a chuté à un point tel que le Mexique est devenu le deuxième plus grand fournisseur de véhicules vendus au Canada, a indiqué le Trillium Network for Advanced Manufacturing dans un rapport, tandis que les usines canadiennes sont tombées au troisième rang. Les États-Unis restent de loin le premier fabricant de voitures et de camions vendus dans le pays.

Les chiffres de Trillium jettent une lumière nouvelle sur les dommages causés à l’industrie automobile canadienne, alors que les constructeurs automobiles basés à Detroit ont perdu des parts de marché au profit de leurs rivaux asiatiques et ont eu du mal à se tourner vers les véhicules électriques.

Menace de droits de douane

Le président élu Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les marchandises en provenance du Canada et du Mexique, une mesure qui entraverait davantage un secteur qui dépend des chaînes d’approvisionnement couvrant les trois partenaires commerciaux nord-américains.

Alors que les menaces de Trump sur les tarifs douaniers pèsent sur l’industrie automobile, la baisse de la production automobile canadienne cette année est davantage liée au ralentissement de la demande de véhicules électriques.

L’usine de Ford en stand by, Stellantis et GM en sous-capacités

L’unique usine canadienne de Ford, située à Oakville, en banlieue de Toronto, en Ontario, ne produit plus rien, car le constructeur avait prévu de passer aux véhicules électriques et doit désormais modifier à nouveau sa stratégie.

Ford avait déjà annoncé qu’il y fabriquerait un gros SUV électrique, avant d’annuler ce projet en avril dernier. Il annonce désormais qu’il construira des vans Super Duty de la série F à Oakville, mais pas avant 2026.

L’usine Stellantis de Brampton, en Ontario, a fabriqué sa dernière berline Chrysler 300C il y a environ un an. L’usine est censée redémarrer à l’avenir avec un modèle Jeep, selon les déclarations du constructeur.

L’usine de General Motors à Ingersoll, en Ontario, est toujours active mais fonctionne bien en deçà de sa capacité, fabriquant des fourgonnettes commerciales électriques sur un marché connaissant une faible activité de la part des acheteurs.

Les États-Unis détiennent une part de 50 %

Les Canadiens sont d’importants acheteurs de véhicules américains : selon Trillium, environ 50 % des voitures et des camionnettes vendues dans le pays sont fabriquées dans des usines américaines, en termes de valeur en dollars. Le Mexique détient désormais 15 % du marché.

Selon les calculs de Trillium, la part des voitures et des camions fabriqués au Canada a diminué de 9 %, et le reste du marché comprend des véhicules provenant du Japon, d’Allemagne, de Corée du Sud et d’autres pays.

Des droits de douane contre productifs ?

Parallèlement, l’industrie canadienne des pièces détachées automobiles continue de croître et alimente des usines partout en Amérique du Nord. Ford fabrique ainsi des moteurs dans le sud-ouest de l’Ontario équipant des vans construits à Louisville, au Kentucky.

« Si vous imposez des tarifs douaniers au Canada, vous imposez des tarifs à Ford pour qu’il lui expédie de gros moteurs », a déclaré Brendan Sweeney, directeur général de Trillium, lors d’une entrevue téléphonique. « Par extension, vous augmentez probablement le coût d’un véhicule emblématique, le F-250, le F-350, qui est très recherché par le consommateur américain. »

Les fabricants canadiens indépendants de pièces détachées, comme Magna International et Martinrea International possèdent un grand nombre d’usines aux États-Unis, au Mexique et au Canada, et dépendent de la capacité d’expédier facilement des marchandises au-delà des frontières.

Les perturbations créées par le retour au pouvoir de Trump sont une occasion pour le Canada et les États-Unis, pays à salaires plus élevés, d’exiger des réformes du Mexique, a déclaré M. Sweeney. « Mais, a-t-il ajouté, l’industrie automobile est si étroitement intégrée que « nous jetterions à nos risques et périls le Mexique aux lions ».

Sources : Bloomberg

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