F1: les « jeunes vieux »

Barrichello, Fisichella et Trulli sont à leur extrême fin de carrière. D’ici 2010, ils devraient tous les trois prendre leur retraite. Juste derrière, il y a la « génération 2000 ». Cette année fut marquée par l’éclosion d’Hamilton, Kubica et Vettel. Du coup, les pilotes de la génération 2000 ont pris un sacré coup de vieux.

La période 2000-2004 fut marqué par l’hyper domination de Schumacher: 4 titres et 48 victoires. Les autres n’eurent que les miettes: Barrichello, 9 victoires; Coulthatd , 7 victoires; Hakkinen, 6 victoires, etc.

A contrario, sur la période 2004-2008, personne ne domine: Alonso, 2 titres et 20 victoires; Raikkonen, 1 titre et 15 victoires; Hamilton, 1 titre et 9 victoires; Massa, 10 victoires; Schumacher, 8 victoires, etc.

Justement, ce que l’on reproche à la « génération 2000 », c’est de n’avoir pas pu vaincre Schumacher à son apogée et de ne pas l’avoir réellement remplacé. Après une demi-douzaine de saison, leurs marge de progression est réduite et les top-teams préfèrent miser sur des jeunes loups. Bientôt, leur carrière sera déjà derrière eux et les podiums s’espaceront…

Fernando Alonso, Espagnol, 27 ans, 123 Grand Prix, champion 2005 et 2006, 21 victoires, 52 podiums

Fin 2005, au lendemain de son titre, Alonso signait chez McLaren, pour 2007. Pour Briatore et pour Renault, qui l’ont couvé depuis ses débuts, ce fut une trahison. Finalement, son passage chez McLaren fut un flop. Alonso avait sous-estimé Hamilton et son rapport quasi-filial avec Ron Dennis.

Alonso revint chez Renault par la petite porte. Il remporta deux victoires, puis il fit ensuite le tour des écuries. pour trouver une meilleure voiture. Il a pu constater que ni BMW, ni Ferrari ne voulait de lui. Surtout à un « tarif Alonso ». Faute de mieux, il reste dans l’écurie Anglaise.

L’Espagnol ne fait pas de sentiments: il veut une bonne voiture et être bien payé. C’est légitime, mais ses revirements successifs l’ont grillé dans le paddock et il est bloqué chez Renault. Ses deux victoires ont mis du baume au cur de l’équipe, mais lorsqu’il ne gagnera plus, on lui montrera bien assez tôt la sortie…

Jenson Button, Anglais, 28 ans, 136 Grand Prix, 1 victoire, 15 podiums

En 2002, Button avait publié une autobiographie baptisée les montagnes Russes de la F1. Le titre est encore d’actualité pour Button. En 2000, il est l’invité surprise de la 2e Williams. C’est la « Buttonmania ». Serge Saulnier (son boss en F3) le compare à François Cevert, d’autres le prennent pour la réincarnation de Tony Brise (jeune pilote Anglais mort dans l’avion de Graham Hill), mais les médias sont unanimes: il sera champion du monde. Puis il y eu le passage chez Renault où Briatore s’est servi de lui pour chauffer le baquet d’Alonso. Renaissance chez BAR, où il ridiculise Villeneuve. C’est là qu’il péta les plombs, faisant monter les enchères pendant deux ans entre Williams et Honda (ex-BAR.)

A coup d’avenants sur son contrat, il s’est retrouvé prisonnier de Honda. Le carrosse s’est changé en citrouille. Ni De Ferran, ni Barrichello, ni Ross Brawn n’ont redressé le navire. Pire: Hamilton lui a piqué l’attention des médias et des filles. Fin 2007, il a déposé son CV chez McLaren, où on lui a rit au nez. De quoi le laisser amer.

Nick Heidfeld, Allemand, 31 ans, 151 Grand Prix, 9 podiums

Heidfeld a eu plusieurs « vies » en F1. Il fut d’abord le protégé de Mercedes, qui lui paya sa F3 et monta une écurie de F3000 rien que pour lui. En échange, il remporta le titre Allemand de F3 et fut co-recordman (avec Montoya) des victoires en F3000. Il débuta chez Prost. On le délaissa, mais il savait égaler Alesi. Mercedes le plaça chez Sauber. A l’issue de la saison, à la surprise générale, on lui préféra son équipier, Raikkonen, pour remplacer Hakkinen. Ensuite, il profita du lien Sauber-Ferrari pour approcher les Rosso, mais là encore, on lui préféra son équipier, Massa! Fin 2003, son équipier Frentzen (ils viennent de la même ville!) lui cède son futur baquet chez Jordan, pour lui éviter d’être à pied. Pour 2005, BMW exige que Williams embauche un Allemand pour remplacer Ralf Schumacher. Ce sera lui. Il s’affirme à un Webber plus rapide sur le papier. Hélas, un an plus tard, il fera les frais du divorce Williams-BMW, restant plusieurs mois chez lui.

Dans une ex-Sauber devenue BMW, il prit l’ascendant sur Villeneuve. En 2007, il fit jeu égal avec Kubica. En 2008, non seulement le Polonais remporta la guerre psychologique en offrant à BMW sa première victoire, mais Heidfeld s’est plusieurs fois pris les pieds dans le tapis, manquant plusieurs fois la Q3.

Nul doute que si Red Bull avait « liberé » Vettel, Heidfeld n’aurait pas été maintenu chez BMW. Toyota et Renault le surveillent du coin de l’oeil. Mais Heidfeld est trop timide, trop peu charismatique et désormais trop vieux pour être jamais une star.

Kimi Raikkonen, Finlandais, 29 ans, 140 Grand Prix, champion 2007, 17 victoires, 57 podiums

Raikkonen a connu une ascension météorique. Il débuta en F1 après seulement une saison et demi de Formule Renault. En 2002, il signe chez McLaren où d’emblée, il n’a aucun complexe face à Coulthard. En 2003, il frole le titre. En 2007, il remplace Schumacher chez Ferrari et profite de l’éparpillement de son ex-employeur pour remporter le titre.

Sa saison 2008 débuta sous les meilleures auspices. Puis il fit quelques erreurs qui l’écartèrent de la course au titre. Il du se contenter de jouer les porteurs d’eau de Massa. Ce qui tourna au ridicule en Chine où il a du rouler au ralenti pour qu’enfin le Brésilien puisse le doubler.

L’idole de Raikkonen, c’est James Hunt. Le « beau James » pouvait faire la fête jusqu’à plus d’heures le samedi soir, rentrer « accompagné » et « sous influence » à son motor-home et pourtant, remporter la course le dimanche! Mais la F1 actuelle n’est plus celle des années 70: il faut choisir entre faire la fête et piloter (n’est-ce pas M. Hamilton?) Alors Raikkonen ne compte pas sacrifier ses soirées s’il ne gagne plus. Le Finlandais voulait être le plus jeune champion du monde et battre Schumacher. Il n’y est pas arrivé. Nul doute aussi que les errements de McLaren entre 2004 et 2006 (avec l’épisode tragi-comique de la MP4-18) l’ont usé.

Raikonnen sera-t-il le plus champion du monde à prendre sa retraite? Jusqu’ici, ce curieux record était détenu par Jody Schekter (30 ans lors de sa retraite) et… James Hunt (32 ans.)

Mark Webber, Australien, 32 ans, 123 Grand Prix, 2 podiums

Où est passé le « nouveau Jack Brabham »? Chez Minardi et Jaguar, il fut un « tueur né ». Chez Williams, même s’il était le chouchou du patron, il fut dominé par Heidfeld. Chez Red Bull, il fut plus constant que Coulthard. Mais l’Ecossais a décroché deux podiums très médiatiques, contre zéro pour Webber.

Son accident de VTT est tombé au pire moment. Face à un Vettel qui a une faim de loup, l’Australien devait être à 100%. Sera-t-il prêt pour 2009? Pourra-t-il effectuer des essais avant le début de la saison? En F1, on ne fait pas de sentiment. Hakkinen, Kubica et Schumacher ont eu une deuxième chance car ils ont tout de suite retrouvé leurs moyens. Letho, Morbidelli, Panis et Wendliger ont eu des convalescences longues et leurs patrons respectifs se sont vite impatientés.

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