Le Brésil va atteindre le nombre record de sept millions d’automobiles dites « flex fuel » fabriquées, roulant aussi bien à l’essence qu’à l’éthanol, a indiqué lundi l’Association des fabricants de voitures (Anfavea).
Certes, certes, mais il y a toutefois un gros, gros revers de la médaille si j’ose m’exprimer ainsi … Près de sept mille personnes, victimes du travail forcé dans des champs de canne à sucre du Brésil, ont été libérées par l’inspection du travail de 2003 à 2008, a dénoncé parallèlement lundi l’Eglise catholique.
Selon un porte-parole de l’Anfavea, ce chiffre de voitures flex fuel sera atteint en décembre, en fonction du rythme de production, sans qu’on ne puisse préciser le jour exact.
Ce résultat a été annoncé le jour de l’ouverture d’une conférence internationale sur les biocarburants à Sao paulo qui veut promouvoir l’éthanol brésilien, produit à partir de canne à sucre, comme une source d’énergie propre et durable.
L’an passé, l’industrie brésilienne a vendu 2 millions de voitures flex fuel (85,6% du total des immatriculations) contre seulement 48.000 (4% du total) en 2003.
D’après les prévisions, plus de la moitié des voitures brésiliennes (52%) seront équipées en 2013 de la technologie flex, soit quatre fois plus qu’en 2007 (13%).
Mais une grosse ombre vient noircir ce tableau quelque peu idyllique …
Selon la Pastorale de la Terre (CPT), « d’après des chiffres du gouvernement, de janvier 2003 à octobre 2008, 6.779 personnes qui travaillaient dans des conditions semblables à celles de l’esclavage, ont été libérées dans des cannaies » de tout le pays et du centre-ouest notamment. L’Eglise a souligné la « croissance brutale » des cas de travail forcé enregistrés dans le secteur de l’éthanol et du sucre où le nombre de travailleurs libérés est passé de 1.605 sur une période de trois ans (2003 à 2006) à 3.060 pour la seule année 2007 et 2.114 pour les dix premiers mois de 2008.
André Amado, chef du département de l’Energie du ministère des Affaires étrangères, s’est dit « indigné » par la campagne de « dénigrement » contre la production brésilienne de biocarburants.
« Ce qui est scandaleux, c’est que le ministère des Affaires étrangères minimise l’action courageuse et indépendante menée pas d’autres membres du gouvernement » et ne réagisse pas « officiellement », souligne la pastorale.
« Il est impossible de promouvoir les avantages comparatifs du sucre et de l’éthanol brésilien sur le marché international sans tenir compte des coûts », comme le fait que les coupeurs de canne sont obligés de travailler jusqu’à l’épuisement sous la pression d’une course effrénée à la productivité, conclut la Pastorale de la terre.