Les trois grands constructeurs automobiles américains – General Motors, Ford et Chrysler – seraient à deux doigts de rattraper leurs concurrents asiatiques en terme de productivité.
Ce n’est pas moi qui le dit … mais une étude rendue publique jeudi.
Le consultant Ron Harbour, auteur de l’étude, a indiqué que les trois groupes américains auraient probablement disparu s’ils n’avaient pas réalisé de très importants progrès en ce domaine.
Discours quelque peu “politique” pour tenter de limiter la grogne outre-Atlantique ? en laissant sous-entendre qu’il vaut mieux encore être payé moins qu’on ne l’espérait, plutôt que ne plus être payé du tout ?
Selon les éléments contenus dans le rapport, “pour fabriquer le même nombre de voitures qu’en 1990″, il serait nécessaire d’employer un tiers de personnes en moins”. Bons chiffres certes pour l’entreprise, mais côté salariés, la “nouvelle” est beaucoup moins réjouissante.
Dans les sept dernières années, Chrysler a ainsi réduit de près de 14 heures le temps moyen de fabrication d’un véhicule, à 30,37 heures, ce qui le met à égalité avec Toyota comme constructeur le plus productif aux Etats-Unis.
Vient ensuite le japonais Honda avec 31,33 heures par véhicule, suivi de GM (32,29 heures), Nissan (32,96 heures), Ford (33,88 heures) et Hyundai (35,10 heures).
« Grâce à des processus plus cohérents et plus efficaces, ainsi que le départs de dizaines de milliers d’ouvriers, les trois grands ont presque effacé en 2007 leur déficit de productivité vis-à-vis de leurs concurrents japonais, malgré une production et des parts de marché déclinantes », a commenté M. Harbour.
« Améliorer la productivité alors que la production diminue est un tour de force, surtout sous la pression de la hausse des prix de l’essence », a-t-il ajouté. Quant au chômage et la répercussion d’un tel phénomène sur l’emploi, visiblement ce type de questions ne rentre pas dans les priorités de l’auteur du rapport.
« Les nouvelles conventions collectives conclues par GM, Ford et Chrysler avec le syndicat des salariés de l’automobile l’automne dernier vont encore réduire la différence de coût du travail entre les constructeurs de Detroit et leurs rivaux étrangers sur les trois prochaines années », prédit cet expert.
En revanche, l’écart de rentabilité entre les constructeurs américains et japonais reste important. Honda et Nissan ont enregistré aux Etats-Unis un bénéfice avant impôt de 1.641 dollars par véhicule sur leurs productions nord-américaines, contre 922 dollars pour Toyota. En revanche, Chrysler a perdu 412 dollars par véhicule sur les 9 premiers mois de 2007, GM a perdu 729 dollars et Ford a perdu 1.467 dollars par véhicule sur l’ensemble de l’année.
Cette différence serait due à la prise en compte beaucoup plus “large” de l’assurance santé des salariés et de leurs retraites outre-Atlantique.
Les constructeurs américains doivent également pratiquer rabais et promotions afin de défendre leurs parts de marché.
Selon M. Harbour, cet écart de rentabilité pourrait être largement réduit une fois que les trois grands constructeurs américains auront éliminé leurs obligations concernant les assurances santé, comme le prévoit l’accord avec les syndicats conclu à l’automne. Cela a le mérite d’être clair …
General Motors a annoncé fin mai que la grève chez l’équipementier American Axle & Manufacturing aurait un impact de 1,8 milliard de dollars sur ses résultats avant impôts du deuxième trimestre.
Dans un avis transmis à la SEC, les autorités boursières américaines, le constructeur automobile précise que la grève se traduira par un manque à gagner en termes de production de 230.000 véhicules sur la période.
Le mouvement avait affecté 30 sites de General Motors en Amérique du Nord. Le constructeur ajoute que seule une fraction infime de la production perdue sera récupérée.
Sources : AFP, Reuters