Essai Tesla Roadster : voiture de sport à brancher très branchée

Souvenez vous de ces voitures électriques telles quon les connaissait il y a dix ans. A l époque, même si nos ministres se faisaient un plaisir de se ridiculiser en roulant dedans, se déplacer en voiture électrique était synonyme de rouler dans une espèce de 106 kid verte caca doie aux performances de voiture à pédale dotée dune autonomie tout juste suffisante pour vous garer sur le trottoir et rentrer en bus. Tant mieux pour les intégristes comme moi qui prenaient un malin plaisir à sen moquer tout en entretenant la religion des Flat-Six, gros V8 et autres rugissants V12. On était tranquille. Seulement voilà, depuis cette époque bénie, non seulement les capacités de charge des batteries ont augmenté de 8% chaque année, mais plus embêtant encore, certains se sont mis en tête de convertir les adorateurs de bielles, pistons et vilebrequins au tout électrique en venant jouer sur leur propre terrain. Mince, je crois quils sont en train de réussir

Terminator

Lorsque Venturi a été racheté par Gildo Pastor, le premier acte du milliardaire monégasque fut de diriger la marque vers lavant-garde mécanique et la jolie Fetish servira de symbole à cette nouvelle orientation : Une voiture de sport, un gros moteur électrique, une bouille denfer et 0 pollution. Mais un cheque de plusieurs centaines de milliers deuros à régler en échange. Le problème, cest quil ne fut pas le seul à se lancer dans le pari très osé de construire une voiture de sport 100 % électrique : En 2006, Tesla présentait la Roadster, construite en collaboration avec Lotus, et les meilleurs spécialistes de la Silicon Valley, le tout avec une force de frappe sans commune mesure avec le petit constructeur français : Le soutien de géants comme Google, un investissement de 150 millions deuros et un prix de vente 4 fois inférieur à la Fetish. De quoi accélérer très vite les choses et seulement quatre ans après le début de laventure américaine, la Tesla Roadster est sur la croisette pour rencontrer nombre déventuels clients.

La star de la croisette

Ce sont ceux qui en parlent le moins qui en ont le plus : Cet adage ( et slogan publicitaire dune grande marque de frites! ) se vérifie avec la silencieuse Tesla Roadster dans les rues de Cannes.

Entre le Carlton et le Martinez, il est difficile de faire dix mètres sans croiser une Rolls-Royce Phantom, une McLaren SLR ou une F430 Spyder. Plus encore en plein Festival de Cannes, où entre deux tentatives dentrapercevoir le sourire en coin dHarrison Ford ou les lèvres pulpeuses dAngelina Jolie, les très nombreux badauds tournent de temps en temps la tête vers les voitures de sport et le bruit de leurs moteurs qui annonce leur arrivée à chaque passage. Pour la Tesla Roadster, cest tout linverse : Elle ne fait pas de bruit et ses lignes de Lotus Elise adoucies restent discrètes. Et pourtant, cest celle vers laquelle les regards se fixeront le plus longtemps. Dabord pour essayer de trouver de quelle voiture il sagit ( « cest une Ferrari? » ; « Tiens mais cest pas la voiture que jai vu dans James Bond? » ), puis pour réaliser que cette sportive est électrique ( « Sérieux? Ce nest pas une blague? » ), et enfin pour la voir repartir dans un silence seulement troublé par le trafic environnant et le très léger sifflement quémet le bloc électrique de la Tesla. Et visiblement, largument 0 pollution a lair de séduire tout le monde ( « Enfin une voiture intelligente! » « Si javais des sous cest celle là que jachèterais ! » ). Pas étonnant dès lors de compter Georges Clooney, Matt Damon ou encore Arnold Schwarzenegger parmi la liste des premiers clients de Tesla, soucieux de défendre la cause écologique et un peu lassés de leur Toyota Prius.

Enfin, une voiture de sport qui ne pollue pas cest bien gentil, mais encore faut-il quelle soit amusante et / ou excitante. A la première approche, les lignes – très discrètes – de la voiture ne me feront jamais rêver la nuit. Je naime pas lintégration des feux arrières. Bon, cest vrai, jessaie de faire mon difficile car jai toujours un à priori craintif envers tout ce qui risquerait de mettre fin à lère des gros V8, alors je dois malgré tout reconnaître que la voiture nest pas moche du tout. En noir, elle est même très jolie et ne peut cacher son lien génétique avec les Lotus Elise et Exige.

Il nous reste maintenant à rouler avec pour savoir si jai des raisons dêtre inquiet pour lavenir des gros moteurs.

Le fauteuil électrique

Ah, lintérieur nest pas vilain du tout. En revanche laccès est un peu délicat : Comme je lai déjà dit, la voiture reprend beaucoup de la physionomie dune Lotus Elise, cest-à-dire une assise ultra-basse, une petite portière et un grand écart à faire pour installer ses deux jambes sous le tableau de bord. Paris Hilton, attention à ta minijupe!

Une fois assis et toujours comme dans la Lotus, on est allongé au raz du sol. Le tableau de bord est aussi ressemblant à la petite voiture de sport britannique avec une bonne finition et pas beaucoup déquipements au delà de la radio, de la climatisation et des airbags mais la version européenne, distribuée à partir davril 2009, disposera dun GPS et du Buetooth. Évidement, il ny pas de grille de boite et simplement un petit pommeau de levier de vitesse pour passer de la marche avant à la marche arrière.

Haute tension

Comme dans une voiture normale, on tourne la clé de contact puis on attend Et bien le moteur est si long que ça à démarrer? Ah, on me dit quil est déjà démarré depuis vingt secondes, au temps pour moi! Vraiment dépaysant ce silence. Par contre dès que la voiture roule, le silence laisse place à un léger sifflement de turbine plus ou moins intense selon lécrasement de la pédale daccélérateur. Un tout petit détail que jai trouvé vraiment amusant, et peut-être encore plus pousse-au-crime que le hurlement dun V8 Ferrari : Javais limpression dêtre dans une navette spatiale qui ne demandait quà décoller et il est vraiment tentant de voir jusquoù elle peut aller.

Mais cest sans compter sur lépouvantable frustration des embouteillages sur la Croisette dont les artères sont littéralement obstruées par le déferlement de stars. Dans ces conditions impossible de voir de quoi cette Tesla est réellement capable, si ce nest au travers dun petit exercice de départ arrêté où jai pu constater que la palme de laccélération pourrait très bien lui convenir. Il nous faudra un contact plus poussé pour apprécier vraiment ses qualités ( ça viendra ), mais le peu quelle a laissé entrevoir est vraiment très intrigant.

Ça accélère plus fort quune Lotus Exige Cup 255, et son comportement semble très sain malgré les 400 kilos supplémentaires apportés par les batteries Lithium-ion composées de 7000 cellules ( rechargeable sur secteur en 4 heures, autonomie maximum de 365 kilomètres ), placées en position centrale arrière juste devant le moteur, lui-même positionné juste devant laxe des roues arrière. Idéal pour la répartition des masses, moins pour le poids global qui dépasse les 1200 kilos, malgré un allégement substantiel du châssis ( aluminium ) et de la carrosserie ( fibre de carbone ). 1200 kilos pour seulement 250 chevaux ( pour notre version dessai américaine, car la version qui sera distribuée dès le mois davril 2009 en développera 300 ). Cela peut paraître faiblard, mais sarrêter à ce simple rapport poids / puissance serait totalement biaisé : Un moteur électrique ne fonctionne bien évidement pas de la même façon quun moteur thermique conventionnel. Quand cest 250 chevaux, cest 250 chevaux tout le temps, à tous les régimes et pareil pour le couple. Dès lors, on comprend facilement comment elle peut égaler les chiffres daccélération dautos deux fois plus puissantes.

Il reste cependant un problème : La vitesse de pointe, limitée à 200 kilomètres / heure. Un moteur électrique effectue un mouvement circulaire et entraîne directement les roues via une transmission simplifiée par rapport à un moteur conventionnel. Donc plus les roues tournent vite, plus le moteur tourne vite. Et plus il consomme dénergie. Cest pour cela que Tesla limite la vitesse maximum en dessous de 200 km/h : Le Roadster serait capable de rouler beaucoup plus vite mais lautonomie de la voiture en deviendrait ridicule. La vitesse de pointe semble donc rester le seul écueil en matières de performances pour une voiture de sport électrique. Mais vu le train avec lequel les progrès sont effectués, je commence à me demander quand seront-elles capable de venir inquiéter une Bugatti Veyron en vitesse de pointe!

Le bilan : Pauvres V8…

Lheure est grave : Nos moteurs préférés risquent davoir un avenir un peu compliqué. Comment soutenir la comparaison avec une voiture électrique qui peut être parfois au moins aussi performante que certaines de nos meilleures sportives En consommant 6 euros délectricité pour 365 kilomètres!

Sur les 250 exemplaires prévus en Europe lannée prochaine, déjà une trentaine dautos sont vendues, à un prix de 100 000 euros. Les premiers exemplaires seront distribuées à partir davril 2009, cest à ce moment quil nous faudra la tester de façon plus poussée pour voir si leffet que ma fait la Tesla nest dû qu’ à la magie ( et les embouteillages ) du Festival de Cannes ou si elle est réellement survoltée.

En attendant, une petite vidéo de la bête en action avec une petite interview de Diarmuid OConnell, directeur marketing de Tesla Motors qui a porté sa disponibilité jusquà accepter une interview en Français. Le résultat est dans la vidéo, parfois amusant ( le langage des signes est parfois bien utile! ) mais sincère : Comme tous ses collaborateurs, lhomme est fier de son bébé électrique. Désolé pour la mauvaise qualité de la vidéo, on tâchera de faire mieux la prochaine fois.

http://www.youtube.com/watch?v=MCnbNcH7pL8 nolink

Un grand merci à Simon Rochefort

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