Les policiers belges devraient faire ceinture

LInstitut belge pour la sécurité routière, lIBSR, réitère son souhait de voir les policiers montrer le bon exemple en bouclant leur ceinture. Certes, le code de la route leur laisse le droit den être dispensé lorsque la mission le justifie. Mais il semble que linterprétation de cette dispense soit particulièrement souple si bien que beaucoup de policiers omettent systématiquement le petit clic.

Dans le dernier numéro de Via Secura à paraître, ainsi que dans la revue de la Police fédérale, lIBSR publie des articles insistant sur le rôle salvateur de la ceinture en précisant que la police doit montrer lexemple. Dailleurs, un paragraphe dans le papier de Via Secura sinterroge à ce propos : « Il en résulte que bon nombre de voitures de police, dont les occupants ne sont pas attachés, circulent tous les jours, ce qui est tout de même étonnant vu la protection que la ceinture apporte en cas de choc. À croire que le risque d’accident dans un tel véhicule n’existe pas ! De plus, ce sont ces mêmes agents de police qui doivent attirer l’attention des occupants de voitures sur l’importance du port de la ceinture. »

Les policiers se justifient en indiquant quun événement inattendu peut toujours survenir et que la ceinture pourrait, dans ce cas, les gêner. Mais linstitut de sinterroger sur le taux réel de tels incidents inopinés par rapport au risque dêtre victime dun accident de la route. En plus, les forces de lordre sont censées donner lexemple. Et il semble difficile dinsister sur le port de la ceinture lorsque ceux qui vous le demandent ne le font pas lors de leurs patrouilles de routine ou pour aller chercher des frites.

Pour étayer leur rhétorique, les auteurs de larticle publient le témoignage de Ivan Bruggeman inspecteur à l’unité de circulation de la zone de police Arro Ypres (Flandre Occidentale). Celui-ci a été victime dun accident de la route lors dune mission. Il ne portait pas sa ceinture ce qui lui a valu dêtre éjecté du véhicule. Il a eu la chance de sen sortir mais il a compris quavec la ceinture les blessures auraient été beaucoup moins importantes. Depuis, il la boucle constamment. Sauf dans un cas précis : celui « du transport d’une personne qui doit être transférée dans un véhicule où il n’y a pas de paroi de séparation entre les sièges avant et arrière. Le risque d’étranglement avec la ceinture est alors trop important. » Il indique aussi de lorsquun véhicule doit se rendre sur les lieux dun hold-up ou dune agression à main armée, il est toujours possible de déboucler la ceinture à quelques centaines de mètres du lieu de délit. Cela ne prend quune seconde. Enfin, larme peut être placée au-dessus de la sangle ventrale pour rester accessible en cas de besoin.

Pour étayer ce témoignage, il suffit de se plonger dans une étude américaine* du Department of Emergency Medicine. On y apprend que les accidents dans lesquels ont été impliqués les véhicules de police, ont des conséquences alarmantes : six agents sur dix ont été tués hors dune mission urgente et le danger de décès se trouvait 2,6 la fois plus élevé pour les passagers qui n’ont pas porté de ceinture. Voilà pourquoi, linstitut souhaiterait apposer sur les voitures de police un autocollant « la ceinture, la police montre lexemple » comme cela avait été fait aux Pays-Bas. Mais cette idée ne trouve pas ladhésion souhaitée. Dans larticle destiné aux policiers, lIBSR indique également que les politiciens qui ne la bouclent pas oublient aussi leur statut dexemple et prennent des risques inutilement.

Crédits photo : Elvis Santana, Police fédérale

* VON KUENSSBERG, J.D., e.a., Seat belt use by the police: should they click it?, The Journal of Trauma, 2005, nr. 58, p. 119-120

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