Si la pelouse du Concours d’Elégance rassemblait des voitures exceptionnelles appartenant à des collections privées, le hall voisin du tout nouveau et somptueux complexe immobilier de Tokyo Midtown abritait un groupe proposé par les constructeurs partenaires de l’événement et qui, hétéroclite au premier abord, était très révélateur des fantasmes automobiles locaux.
Technologie et puissance allemande archétypale avec la Blitzen Benz, l’Auto-Union Type C et le concept Audi Rosemeyer, suprême élégance sportive italienne sur mesure de la Ferrari 575 GTZ et fierté nationale incarnée par la Nissan R390 GT1, version « routière » de la voiture engagée au Mans contre les Porsche, Mercedes et McLaren au plus fort du GT1 « d’usine » en 1997 et 1998.
Une Audi R8 installée là par le constructeur d’Ingolstadt tentait de récupérer un peu de l’aura émanant de ces autos de grande lignée, tandis qu’un trio de très haute volée à l’extérieur signalait la présence de cette collection impromptue : Bugatti Veyron, Rolls Royce Drophead Coupe et McLaren Mercedes SLR 722.
La Blitzen Benz de 1909 cache sous son capot immense un moteur de 21,5l de 200 ch, et n’avait qu’un objectif: la barrière des 200 km/h, franchis une première fois à Brooklands le 8 novembre 1909, avant qu’un autre exemplaire ne mette la barre en 1911 à Daytona Beach à 228,1 km/h. Le record tiendra huit ans, démontrant la maîtrise technique de Mercedes qui ne date donc pas d’hier.
L’Auto-Union Type C, elle, était une originalité en 1936 avec son moteur situé en position centrale derrière le pilote, une idée qui mettra du temps à faire son chemin avant de devenir la seule architecture qui vaille pour une monoplace de course. Elle témoigne de l’époque où les voitures allemandes régnaient sur les compétitions européennes, créant un mythe auquel les Japonais sont encore très sensibles.
Le concept car Rosemeyer de 2000 est une tentative habile (et réussie) de reconnecter Audi avec cette époque où la marque n’était qu’un des quatre anneaux de l’Auto Union formée avec DKW, Horch et Wanderer. Si les proportions et le métal nu établissent clairement la filiation avec la Type C qu’elle côtoie, son avant rappelle curieusement la Veyron qui se trouve à quelques mètres à l’extérieur.
La Ferrari 575 GTZ, commissionnée par un collectionneur japonais auprès de Zagato, est beaucoup plus sensuelle que ces machines de course, et gagne à être vue en vrai, avec des courbes qui prennent, littéralement, tout leur relief.
Le regroupement est surprenant, mais avec des autos de ce calibre, les rapprochements ne peuvent être qu’intéressants. A voir absolument demain dimanche si jamais vous êtes à Tokyo.