Une Classe C haut de gamme avec deux baquets
La Mercedes C63 AMG, c’est déjà un environnement intérieur qui prépare son conducteur à une conduite plus dynamique qu’à l’habitude, mais c’est une Mercedes. Il faut donc de la classe, et du luxe. En fait, c’est une Classe C haut de gamme, avec deux baquets et quelques touches pour faciliter la conduite sportive, comme le volant spécifique par exemple. Au moment de s’asseoir, je constate que déjà il faudrait que je pense sérieusement à ne pas m’élargir plus… Pas de surprise, on est bien installé, suffisamment calé sans pour autant que le confort soit sacrifié, bien au contraire.
Un coup de clé, et le V8 6.2 atmosphérique de 457 ch s’éveille. rrooOOAArrr… brrglou brrglou brrglou brrglou brrglou. Le parking en plein air où j’ai récupéré l’auto fait face au Rhin, et l’espace d’un instant, le bruit du moteur et de son échappement donnent l’illusion d’être au commande d’une vedette offshore, mais je m’égare. Après avoir pris connaissance des différents cadrans, je sélectionne la position Drive de la boite 7G-tronic Speedshift Plus, une boite automatique.
On s’élance avec prudence dans le trafic de Mayence, et vint le premier feu tricolore. Un petit coup de gaz et l’auto s’arrache, mais je relâche l’accélérateur presqu’aussitôt, on est encore en ville. Je ne lis pas sur les lèvres, sans compter que l’Allemand est bien une langue étrangère pour moi, aussi je ne peux déchiffrer les interrogations des automobilistes un peu ahuris à mes côtés. Avec ce blanc et ses attributs sportifs, encore une fois, elle ne joue pas dans la discrétion, et lorsque je donne un coup de gaz, c’est tout le trottoir qui sursaute, les gens n’appréciant pas forcément de devoir supporter un bruit rageant à 8h du matin.
Au-delà des 200 km/h sans mettre en danger son permis de conduire
Bien, nous voilà maintenant en dehors des faubourgs de Mayence en direction d’une autobahn. Voie d’accélération, pied au plancher, on s’enfonce légèrement dans le siège et les deux aiguilles du compte tours et de la vitesse s’envolent. Toujours en mode D avec la fonction Sport cette fois-ci, la montée des vitesses se fait automatiquement, et haut dans les tours. Entre chaque changement, la puissance semble être inépuisable avec une poussée continuelle, avec ce sentiment que le moteur ne s’essouffle jamais. L’aiguille qui nous informe sur notre allure est déjà au 3/4 du cadran… alors que nous avons le sentiment d’être rapide, sans pour autant être débordé par la vitesse. Sur la voie de gauche, avec l’impressionnant et enivrant bruit du moteur et de l’échappement d AMG, on vit un bon moment, surtout parce qu’il est très agréable de se maintenir au-delà des 200 km/h sans mettre en danger son permis de conduire…
Quoiqu’on en dise, dépasser tout le monde à des vitesses frisant parfois l’entendement, en sachant que l’on ne choque personne, ça fait bizarre. Et là où la situation est encore plus cocasse, c’est que malgré l’absence de limitations, on a le sentiment d’abuser. En tout cas, bien que toutes les portions d’autobahn ne soient pas des billards, le confort reste royal. A 130 comme à 250 km/h, la voiture est imperturbable sur ses suspensions, et si le carburant ne brulait pas à vitesse grand V, on pourrait se la jouer TGV et enchainer plusieurs centaines de kilomètres sans inconfort à plus de 200 km/h de moyenne. Même l’insonorisation à vitesse constante en deçà des 3 000 tours est de très bon niveau. Evidemment, quand l’aiguille du compte tours est dans le haut, le V8 et ses échappements donnent de la voix pour le bonheur de son conducteur, voire même des voitures doublées.
Un moteur plein à tous les régimes
Bref, beaucoup diront qu’elle n’est qu’une avaleuse de voie de gauche. En fait, si l’on devait être plus exacte, la C63 AMG est aussi une avaleuse de voie de gauche, car en dehors de l’autoroute, elle fait bien mieux que se défendre, et c’est sur les routes secondaires que la puissance de 457 ch prend tout son sens.
Restons sur le mode S de la 7G-tronic, qui sélectionne toute seule comme une grande le meilleur rapport. La route s’avère intéressante, vallonnée, avec une multitude de virages aux rayons divers. Pour commencer, la vigueur du moteur, plein en bas régime et jusqu’à plus de 6 500 tours/min environ (on na pas toujours les yeux rivés sur les cadrans!), efface tout relief. En fait, on ne manquera jamais de puissance dans les côtes pour dépasser un semi-remorque ou un convoi de voitures à la peine, et c’est le moins que l’on pouvait demander à cette berline, au point que le camping-car en tête de file, on le réclame! Quand on met le pied au plancher, on regrette que Mercedes et AMG aient préféré la solution de la boite automatique améliorée. Entre le moment où le pied touche terre, et l’instant où la voiture bondit, elle aura pris soin d’abord de tomber un rapport, avant de libérer la cavalerie. Soit un temps de réaction qui se révèle plutôt long au moment où l’on engage un dépassement… Car une fois les chevaux lâchés, c’est la guerre! C’est la guerre, mais depuis le fond du baquet de cuir moussé, on ne prend pas un coup de pied au c.. au point d’avoir mal. Non, la voiture s’arrache, rien à redire là dessus, mais là où c’est surprenant c’est que c’est de manière confortable. Elle n’en bave pas, il suffit de regarder la vitesse au moment où l’on se rabat, elle dépasse allègrement au minimum la vitesse maximale autorisée sur les autoroutes françaises.
Un comportement très sécurisant et rassurant
Avant d’arriver sur un virage (et on y arrive très vite!), il faut freiner. Pour rappel, les jantes à 5 branches de 18 pouces renferment des disques ventilés de 360 mm à l’avant pincés par des étriers à 6 pistons, alors qu’à l’arrière les disques également aérés sont larges de 360 mm avec des étriers à 4 pistons. Sans compter l’assistance électronique, sur le papier, la C63 AMG semble plutôt bien freiner. En situation, on nest pas déçu, l’attaque est franche, sans pour autant surprendre à allure normale. Et quand on déboule très vite sur un virage le simple relâchement de l’accélération s’apparente presqu’à une amorce de freinage (frein moteur), puis dès qu’on appuie au milieu, le freinage est en adéquation avec le dynamisme de l’auto et surprenement dosable à souhait. En fait, la pédale est un peu molle, mais sans pour autant devoir monter dessus, la voiture ralentit ses 1 730 kg (sans compter son lest de conducteur) comme on l’attend d’une voiture de sport. Bon point, le freinage ne peut pas être pris en défaut pour le conducteur sans formation, qui à coup sur prendra du plaisir. Et sans en plus avoir le sentiment de prendre des risques inconsidérés, avec un châssis suffisamment bon pour ne pas souffrir la critique quand on attaque sur la route, je dis bien sur la route. Campée sur ses suspensions spécifiques et raffermies pour l’occasion, avec une direction développée par les sorciers d’Affalterbach, la C63 AMG une voiture ultra précise lorsqu’on l’inscrit en virage.
Si si, elle est même diablement précise, et particulièrement saine en entrée, au milieu de la courbe, avant de s’asseoir largement sur ses roues arrière lorsqu’on écrase la pédale en sortie. Elle sait largement faire oublier son poids pas très sportif, tant elle semble « facile ». Le feeling du volant est très bon, et ne parait pas artificiel comme certaines directions parfois un peu trop assistées. Elle est durcie juste ce qu’il faut pour donner l’impression à son conducteur de bien maitriser la voiture avec un bon ressenti. Pour chercher à mettre en branle les béquilles électroniques qui aident à maintenir le cap, il faudra se cracher dans les mains, excepté l’antipatinage qui a beaucoup de travail à voir le scintillement du triangle jaune au tableau de bord témoin de sa mise en action. Pour le reste…
Le comportement de cette nouvelle C63 AMG est finalement très sécurisant, rassurant, mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, pas ennuyeux. Rivée à la route, on ne craint rien,malgré un peu de souvirage parfois dans les virages qui se referment, mais de là à dire que c’est ennuyant, ce serait être vraiment très dur. Et pourtant, dans la limite du raisonnable, on a tenté de la bousculer comme on a pu, jusqu’à ce que l’instinct de survie nous ralentissent. Car à vouloir chercher les limites, sur une voiture qui semble vous narguer en vous disant « tu peux faire ce que tu veux, tu n’arriveras pas à me prendre en défaut », c’est là qu’on atteint ses propres limites ou celles des lois de la physique.
Boite automatique, ESP non totalement déconnectable
Reste qu’au chapitre des « moins » (le mot est peut-être un peu fort d’ailleurs), on ne peut passer à côté du mode manuel de la boite 7G-Tronic Speedshift Plus. En face BMW et Audi ont des boites manuelle, avant peut-être à l’avenir de proposer au catalogue des transmissions robotisées. Alors d’accord, le passage des rapports est suffisamment rapide (on apprécie le fond de compteur qui vire au rouge pour inviter à passer la vitesse supérieure) avec tout de même un tout petit temps de latence entre l’impulsion et le passage à la vitesse suivante, mais ça c’est à la montée. A la descente, on a le sentiment de laisser trainer son pied sur l’embrayage. Et puis, on perd beaucoup de sensations, comme certaines boites plus sportives qui « claquent » un peu entre chaque rapport.
Cependant, quand on actionne la palette « down », le rrrrooOOAAArrrrrrrr, c’est du pur bonheur musical. L’autre moins, c’est l’ESP Sport. On ne va pas vous mentir, on a rien débranché, mais il semblerait qu’au niveau 2, la voiture pourrait prendre un peu d’angle pour un peu plus de plaisir. Au niveau 3, c’est à dire en mode Zéro assistance, on perd effectivement toute aide au maintien de cap. Et ce niveau 3, il serait idéal pour une sortie circuit, car on dispose de 457 ch sur les roues arrière tout de même! Mais voilà, pour commencer, quelque soit le mode, le système de traction est présent, – bien que moins en 2 et 3 – pour que le passage de la puissance au sol soit toujours le plus efficace possible d’après AMG. Et puis dès que l’on touche les freins, l’ESP revient à son assistance maximum automatiquement. Vous vous voyez sur circuit appuyer sur le bouton de l’ESP après avoir freiner en arrivant sur le virage?
En conclusion, cette C63 AMG est à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre d’elle. C’est à dire incroyable d’efficacité, et très sécurisante. Les puristes passeront sûrement leur chemin à cause de la boite auto et de cet ESP finalement pas déconnectable, mais pour prendre du plaisir sans se faire peur, elle est idéale. Et c’est sur ce point qu’il faut insister, car si elle est peut-être à contre-courant des sportives qui cherchent la polyvalence route/circuit, la C63 AMG est faite pour la route et je dirais presque pour toutes les mains. Le hic dans cette affaire, c’est qu’elle affiche fièrement plus de chevaux que ces deux rivales RS4 et M3, mais finalement ne peut les concurrencer en termes d’agrément. D’ailleurs, les philosophies de l’Audi et la BMW sont déjà finalement très éloignées et chacune revendique leurs choix techniques. Avec la C63 AMG, Mercedes affiche les siens (de choix) et se pose plutôt comme une alternative, plutôt qu’une pure rivale.
- Moteur: V8 AMG 6.2 atmosphérique de 457 ch à 6 800 tr/min
- Couple maxi: 600 Nm à 5000 tr/min
- 0 à 100km/h: 4,5 secondes (vitesse maxi 250km/h autolimitée)
- Conso mixte: 13.4l / 100 km d’après le constructeur (+ de 25 l / 100 km sur la durée de notre essai d’environ 200 km, soit plus des 3/4 du plein)
- Réservoir: 66l
- Poids: 1 730 kg
- Prix et commercialisation: Non connu et janvier 2008
Pour les melomanes, un petit audio du bruit…