De Willys à AMC, la Jeep était le seul véhicule qui se vendait à peu près. En 1962, elle est épaulée par le Wagonner, qui donne naissance en 1973 au Cherokee dit « SJ », plus court.
Français et Américains ne sont pas d’accord sur la genèse du XJ (« notre » Cherokee.) AMC voulait-il pousser plus loin l’idée du 4×4 sportif? Ou bien Renault souhaitait surfer sur la mode des petits 4×4 lancée par les Japonais?
Il sort en septembre 1983 aux Etats-Unis. Il y a le choix: 3 ou 5 portes et sous le capot un 4 cylindres 2,5l 105ch, V6 GM 2,8l 110ch ou 4 cylindres turbo-diesel Renault 2,1l 88ch. Il existe une version luxueuse à châssis long, c’est le Wagonner (photo) qui ne remplace pas l’ancien et un pick-up, le Comanche.
Dans l’accord AMC-Renault, chacun vend les véhicules de l’autre. Il traverse donc l’Atlantique l’année suivante, uniquement en TD, remplaçant une Laredo invendable. Côté prix, en 5 portes, il est plus cher qu’une R25 V6, mais moins qu’un Range V8.
AMC manque d’argent, au point de faire des affaires avec le grand satan Chinois (on est en pleine guerre froide.) En 1982, un joint-venture, Beijing-Jeep, est créée pour produire des Cherokee (aux côtés des BJC 2020 d’origine soviétique!) Il est toujours là aujourd’hui, en version ’97 (on reviendra dessus) ainsi que dans une autre exécution, reliftée (photo.)
Le Cherokee séduit. Les mères de familles Américaines s’y sentent en sécurité. En France, il plait aux vendeurs de jeans et aux ruraux (en version Société, à TVA réduite.) Pourtant, il possède une finition « américaine », une mécanique Renault de la pire époque et une habitabilité moyenne pour sa taille.
En 1988, Chrysler a racheté AMC. Mais l’accord avec Renault portait sur 10 ans et ce n’est qu’au millésime 1993 que les Jeep « françaises » migrent chez Chrysler. Ca tombe bien, les vendeurs ne savaient pas les vendre (de toute façon, eux, à part les Clio…)
Les moteurs V6 et turbo-diesel ont laissé place respectivement à un 6 cylindres 4,0l et 2,5l turbo-diesel VM. La grosse évolution a lieu en 1997 avec un avant et un intérieur plus ronds, ainsi que 5cm de plus. Néanmoins, il n’est plus le roi. Le luxe est le créneau du Grand Cherokee, tandis que les 4×4 Asiatiques sont décomplexés.
Ces derniers le font vieillir. Chrysler resserre les tarifs (qui reviennent au niveau de 1984) et offre des vitamines au 4,0l. Le mal est incurable. En 2002, après 4 millions d’unités, il est remplacé par la Cherokee KJ (« Liberty » aux USA.) Néanmoins, il reste populaire auprès des amateurs de tout-terrain et sa cote en occasion ne descend pas.