Pour le tifoso, une Ferrari V8 ou une Ferrari 2+2 fut longtemps considérée comme un sacrilège. Alors imaginez le calvaire d’une Ferrari V8 2+2… Pourtant, Ferrari fit de nombreux efforts pour tenter de vendre la Mondial. Comme disait James May: « Depuis le retour en gràce de la Dino 308 GT4, la Mondial devient la Ferrari la plus détestée. »
La conception de la Mondial est trouble. La Dino 308 GT4 a été un échec, alors pourquoi poursuivre? Est-ce qu’Enzo Ferrari souhaitait se diversifier, via des GT moins radicales? Ou bien est-ce que le méchant Fiat l’a imposée (c’est la version des tifosi)? On la découvre au salon de Genève 80. Elle reprend le châssis de la 308, rallongé de 10cm. Le nom provient d’une barquette des années 50.
Pauvre Mondial 8. Elle est trop longue. Leonardo Fioravanti a créé un dessin trop typé années 80 (donc vite ringard) sur lequel il semble avoir ajouté à la hâte des ouïes latérales et quelques détails pour faire « Pininfarina ».
Sous le capot, le V8 3,0l, étranglé par l’injection, ne donne « que » 215ch (205ch aux USA.)
Ferrari tablait sur 1000 unités annuelles et au bout de 2 ans, le compteur dépasse à peine les 700. Il faut revoir la copie et ce sera la Mondial Quattrovalvole d’août 1982. Elle reçoit deux culasses à quatre soupapes, soit 25ch supplémentaires. En septembre 1983, elle est épaulée d’un cabriolet (sans arceau, d’où un dessin très pur), c’est le premier depuis la Daytona.
Avec 1800 exemplaires (dont 700 cabriolets) en 3 ans, ce n’est toujours pas un hit. Au salon de Francfort 1985, elle devient Mondial 3,2, avec le V8 3,2 270ch et la calandre de la 328. En 1987, son tableau de bord est recouvert de cuir et les freins ABS sont disponibles. Les clients se plaignent des comodos Fiat et d’une finition indigne de son prix. 1800 Mondial 3,2 (dont 800 cabriolets) ont trouvé preneur.
En mars 1989, dernière évolution avec la Mondial T (sa boite étant Transversale.) Elle hérite du V8 3,4l 270ch de la 348. Le lifting est discret, tandis que l’habitacle change totalement.
En 1993, elle propose en option une boite automatique (mais avec levier de vitesse) signée Valeo, ancêtre des boites « F1 ». C’était sa dernière année. Après 1800 (!) Mondial T (dont 1000 cabriolets), elle sort du tarif.
A noter que la Mondial a couru! En 1990, Jean-Pierre Van Rossem, l’excentrique propriétaire du team de F1 Onyx-Moneytron a engagé cette Mondial T aux 24h de Spa. Keke Rosberg et Mauro Bianchi n’iront pas loin. En revanche, Eric Van de Poele l’imposera en championnat Belge de GT.