De jour en jour les arguments en défaveur des bio-carburants se multiplient.
C’est désormais son impact sur le budget public qui est montré du doigt, tandis que la flambée actuelle des cours des matières agricoles fait craindre le pire pour la facture alimentaire des pays les plus pauvres.
Néanmoins, les biocarburants devraient favoriser l’emploi agricole, a estimé jeudi l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).
Les biocarburants auront un effet positif sur l’emploi dans l’agriculture européenne, mais seront coûteux pour les dépenses publiques, a estimé jeudi l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), lors d’une conférence de presse.
L’utilisation de matières premières agricoles pour la fabrication de biocarburants « entraîne une augmentation de la valeur ajoutée de 3,2 milliards d’euros », a indiqué Alexandre Gohin, dans une étude « Impacts des biocarburants sur l’agriculture européenne ».
« Une partie de cette somme permet d’attirer du travail dans le secteur agricole (avec) une création d’emploi à 42.000 unités de travail agricole », a relevé l’INRA, qui organisait jeudi une journée consacrée à la présentation de différentes études sur l’évolution de la Politique agricole commune.
La Commission européenne a récemment estimé quant à elle que, si les biocarburants remplaçaient seulement 1 % des carburants fossiles en Europe, leur production conduirait à la création de 45.000 à 75.000 emplois. En ce qui concerne la France, on estime que la production d’éthanol à partir de betteraves crée ou maintient l’équivalent de 6,3 emplois pour 1000 tonnes produites. Ce ratio est de 3,2 emplois dans la filière ETBE et de 0,08 emploi dans la production de carburant fossile.
Pour chaque million d’hectolitre produit, on générerait ainsi 500 emplois dans la filière éthanol et 900 dans celle du biodiesel. Structurellement, 55% des emplois créés ou préservés sont agricoles pour la production d’éthanol, 40% dans la filière biodiesel et 30% seulement dans le cas de l’ETBE.
Mais, précise l’étude de l’Inra, le « gain pour le secteur agricole est néanmoins limité par rapport aux dépenses publiques injectées dans l’achat des biocarburants (10,5 milliards d’euros) ». Aussi, l’organisme de recherche estime-t-il que la promotion des biocarburants est « loin d’être la meilleure manière de soutenir le secteur agricole européen et que, par conséquent, il n’est pas possible de justifier cette politique uniquement par ses effets agricoles positifs ».
La question de la défiscalisation des biocarburants et des recettes fiscales qu’ils engendrent focalisent en effet les débats. PriceWaterHouseCoopers insiste sur le fait qu’une partie des coûts liés à la défiscalisation est couverte par les recettes fiscales que leur production génère. Au final, l’étude montre que 80 à 90% du montant de la réduction d’impôts accordée (soit 245 millions d’euros pour 2005) seraient compensés. Mais la position de PriceWaterHouseCoopers pourrait ne pas être totalement impartiale …
Sources : AFP, Cap21
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