Il n’a pas l’air commode comme ça, mais Ferdinand Piëch, qui fête ses 70 ans aujourd’hui reste un des grands manitous de l’automobile. Cet autrichien, petit-fils de Ferdinand Porsche (le fils de sa fille, mariée à un avocat nommé Piëch), s’est révélé un ingénieur remarquable. Son nom est mêlé à des créations unanimement appréciées : Porsche 917, Audi Quattro, Audi A8. La technique, c’est son dada. « Vorsprung durch Technik », le progrès par la technique, se plaît-il à dire.
Frais émoulu de l’école d’ingénieurs, il entre chez Porsche, où il devient rapidement responsable des tests (1966), puis du développement (1968), et enfin, directeur technique général (1971). On lui doit le peaufinage du flat-six de la 911. Ensuite, il s’est intéressé à la compétition, cherchant les limites de la technique (et des finances). Résultat : une Porsche 917 conquérante (2 championnats du monde, 2 victoires au Mans). En 1972, la famille Porsche/Piëch décide de se retirer des activités opérationnelles de Porsche, du coup, Ferdinand passe chez Audi. D’abord chef des projets spéciaux, il se consacre ensuite au développement (Audi Quattro, Audi 100 de 1982 à cx de 0,29, moteur TDI), et finit par se retrouver à la tête de la marque aux anneaux de 1988 à 1993. Il prend ensuite la direction de VW, qu’il quittera en 2002. A son arrivée, la marque de Wolfsburg était mal en point : déficit, surcapacité de production, ventes en baisse. Au bout de 9 ans, les ventes ont doublé, la marge bénéficiaire est passée à 5% et le profit s’est élevé à 8,62 milliards de deutschmarks en 2001. De 24 modèles, la gamme a bondi à 65, même si tout n’a pas été couronné de succès. Il faut dire que Ferdinand, ébloui par les productions de BMW et Mercedes, a la folie des grandeurs. Cela donne naissance au Touareg, un succès, mais aussi à la Phaeton, magnifique bide. On ajoutera à cela le rachat de Lamborghini et de Bugatti, avec la sortie de la délirante Veyron. Contesté, il quitte la direction effective du groupe, sans pour autant le quitter, puisqu’il se trouve à la tête du conseil de surveillance de VW (pas pour figurer : il a eu la peau de Pischetstrieder). Il siège aussi aussi au conseil de surveillance de Porsche, que sa famille détient. On comprend dès lors mieux que le fabriquant de sportives arrive à détenir 30% de VW… Pour l’instant!