Pascal Michel nous a parlé de la GS Bi-rotor qu’il a croisé dans les allées de l’Avignon Motor Festival. Dans son article, il évoque rapidement la Citroën M35, l’occasion pour moi de revenir sur ce petit morceau d’histoire…
Contexte:
Dans les années 60, Citroën envisage de combler le trou dans sa gamme entre la DS et l’Ami8, et ce serait bien qu’en même temps, le nouveau modèle perpétue l’image innovante de la marque française. Il faut donc trouver quelque chose qui permette de prendre 15 ans d’avance sur la concurrence.
De l’autre côté du Rhin NSU, qui construit la Ro80, manque de fonds et cherche un partenaire pour augmenter ses moyens d’étude et de production. La Ro80 est équipé d’un moteur Wankel, une technologie qui commence à faire du bruit dans le milieu automobile. Compact, puissant (par rapport à sa cylindrée), théoriquement fiable et très silencieux, le Wankel semble n’avoir que des avantages. Citroën voit là une occasion à ne pas rater…
Les deux constructeurs se mettent en relation et dès 1964, naît Comobil, filiale chargée de l’étude des moteurs. En 1967, ce sera le tour de Comotor chargée de la fabrication des futurs moteurs. Et dès 1969, Citroën a un moteur mono-rotor (alors que NSU a un bi-rotor!), il ne reste plus qu’à le tester. Ce sera le rôle de la M35.
La M35:
Voici une vraie Citroën. Une voiture technologiquement en avance, mais avec un pourcentage élevé de bricolage. Esthétiquement , la M35 ne peut pas être qualifiée. Extrapolée de l’Ami8, la M35 en reprend la partie avant et l’intérieur. Tout l’arrière est inédit, avec un hayon taillé à la serpe qui plonge jusqu’aux feux. De profil, on peut lui trouver une certaine classe, mais c’est bien plus compliqué de 3/4 avant ou arrière. A l’intérieur, les clients sont choyés avec une sellerie en skai et un équipement plus complet que celui de l’Ami8. On trouve même un compte-tours électronique qui surveille les envolées du Wankel. Côté suspensions, les bras articulés de l’Ami8 couplés à la suspension hydro-pneumatique. Et sous le capot, le Wankel fait son apparition avec des caractéristiques… euh… surprenantes: 1 rotor ; 995 cm³ ; 49 ch. L’ensemble est assemblé chez Heuliez et pèse seulement 800kg.
Ce mulet, destiné à éprouver le mono-rotor, sera en vente dans le réseau Citroën, la marque ayant choisi (comme souvent) l’option « développement par le client ». Pour avoir la « chance » d’être propriétaire, il faut posséder 2 qualités. La première c’est la passion, car payer une Ami8 coupé le même prix qu’une DS Spécial, c’est douloureux, et la seconde qualité, c’est être un gros rouleur. En échange, Citroën offre à ses clients une assistance mécanique 24h/24h pendant 2 ans, ce dont ils auront bien besoin. Sur 500 exemplaires prévus, seulement 267 trouveront preneur.
Dans la vie quotidienne, la M35 est une horreur. La seule qualité de son moteur est d’être silencieux. A part ça, il a tous les vices. Gourmand en huile, gourmand en essence, capricieux au démarrage, pas fiable pour 2 sous, rares sont ceux qui dépassèrent les 60.000km. Sur la route, la voiture se révèle molle et peu performante. La moindre côte a rapidement raison des 7 m/kg de couple du moteur. Toutefois elle est capable d’un bon 140km/h en vitesse de pointe. La carrière de ce prototype « de série » durera 2 ans. En 1971, Citroën les racheta à bon prix aux propriétaires pour les envoyer à la ferraille. E 1974 apparaitra la GS Bi-rotor, d’un autre niveau en tous points.
Aujourd’hui, on estime qu’il ne reste plus que quelques dizaines d’exemplaires en état de marche de la M35.
Cylindrée: 995 cm³.
Puissance: 49 ch à 5500 tr/min.
Couple: 70 Nm à 2745 tr/min.
Vitesse maximale: 144 km/h.
Poids: 800 kg.
Production: 267 ex (de 1969 à 1979).
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