Caterham est un petit constructeur britannique installé à Dartford. 80 personnes y travaillent pour une production annuelle de l’ordre de 650 véhicules. L’histoire de Caterham est étroitement liée à celle de Lotus et sa Seven, créée en 1957 par Colin Chapman. En 1962, la Seven devient Super Seven et 5 ans plus tard, en 1967, Caterham devient l’unique distributeur des Super Seven. En 1973, Lotus arrête la fabrication de la Seven. C’est alors que Caterham décide de racheter tous les droits de fabrication et l’outillage afin de continuer à faire vivre le mythe. Depuis, les modèles ont évolué jusqu’à la fantastique CSR Superlight, mais le sujet du jour est la Super Seven 1.8 VVC.
Extérieurement, la Super Seven ne fait pas son âge et beaucoup de personnes la considèrent comme une voiture de collection. Celle présentée dans l’article a pourtant été fabriquée en 1999 et, chose rare, a été assemblée en Angleterre malgré que ce soit une conduite à gauche. Ce look rétro attire la sympathie des passants qui fréquemment saluent de la main le passage de la belle. Il faut dire que la voiture n’est pas des plus discrètes malgré sa petite taille. Le modèle du jour est équipé de petites ailes à l’avant, permettant de mieux voir le placement des roues lors d’un roulage sur circuit par exemple. Certaines Seven sont équipées de grandes ailes qui rappellent les Morgan. Continuons la visite. L’impression d’avoir devant soi une voiture à l’échelle 1/2 est de plus en plus présente, les phares rond feraient de parfaits miroirs et les essuie-glaces d’idéales brosses à dents ! Les portières sont amovibles, tout comme le toit, cela est agréable à la belle saison.
Avant de nous intéresser à l’intérieur, une question se pose : comment monter dans cet engin ? En été, c’est relativement simple puisque la capote n’est pas mise et les portes ne le sont pas nécessairement. En revanche en hiver, la tâche se complique. Il faut ouvrir la portière en veillant à ne pas dérégler le (tout) petit rétroviseur extérieur. Tout en maintenant la porte ouverte, glisser la jambe droite à l’intérieur, s’asseoir puis rentrer la jambe gauche en veillant bien à ne rien accrocher. Pour plus de place, le volant est amovible mais dans ce cas le risque est de graisser son pantalon… Décidément, une Caterham ça se mérite ! Me voilà donc installé dans l’habitacle. Devant mes yeux, le tout petit volant avec derrière le compteur de vitesse gradué jusqu’à 260 km/h (ce qui est des plus optimistes puisque les 210 n’ont jamais été dépassés) et le compte-tours gradué jusqu’à 8000 tours. Sur la droite, tout le long de la planche de bord, on retrouve trois compteurs et sept boutons servant pour le chauffage (très efficace), les essuie-glaces… On en oublierait presque de parler de l’assise. Les baquets en cuir sont très confortables et offrent un maintien idéal. Une fois la position de conduite parfaite trouvée, il ne reste qu’à mettre le contact…
Un bruit rauque et sourd s’envole de l’échappement. Après avoir enfoncé avec difficulté la pédale de gauche, on enclenche la première, c’est ferme, on entend la boite qui se vérouille, c’est court, précis, tout ce que j’aime. Premier tour de roues, que d’émotions ! Seconde, troisième, tout se passe bien. Arrive alors un virage, et là on découvre une direction ultra-directe, non assistée mais d’une précision bluffante. C’est déroutant au début. On sent qu’il faudra du temps pour s’habituer, mais on pense déjà au jour où on l’aura bien en main, où on pourra taquiner les 143 chevaux sur les roues arrières pour la faire décrocher un peu, où on ira chercher la limite de la voiture. Les kilomètres s’enchaînent et le plaisir est toujours là, un grand sourire barrant mon visage, comme à chaque fois. Le même plaisir, toujours, depuis un peu plus de deux ans maintenant. Décrire tout ce que l’on ressent est difficile, c’est physique, c’est unique. Avec le temps, on se rend compte que le premier rapport ne sert pas à grand chose et on démarre fréquemment en seconde. Le moteur prend ses tours, 5000, 6000, 7000. On se rappelle avec nostalgie les moments où l’on pouvait encore communiquer avec le voisin qui a pris place dans l’autre baquet. Le 4 cylindres d’origine Rover ne chante plus, il hurle. On est passé de l’opérette au hard rock, bien aidé par un échappement pas très long… Troisième. Ca pousse toujours autant. Quatrième. Ca ne s’arrêtera donc jamais. Cinquième. Sixième. La vitesse maximale est atteinte : 210 km/h. Il reste encore quelques centaines de tours avant d’être au régime maximum mais l’aérodynamique n’est vraiment pas le point fort de la Super Seven et l’air l’empêche d’aller plus vite.
Maintenant, quelles critiques faire à cette auto… je crois qu’il n’y en a pas. En achetant une Super Seven, on sait que ce ne sera pas une voiture de tous les jours, pas une voiture pour aller au supermarché. Ce sera la voiture du dimanche, pour aller se balader tranquillement (ou moins…). On sait à quoi s’attendre et elle ne déçoit pas. Tout ce qu’on demande à cette auto, on l’a, alors pour une fois qu’on peut ne pas faire de repproche dans un essai, profitons-en et voyons plutôt en quoi elle est géniale ! Ses 560 kilos la rendent économique : une consommation limitée, une usure très faible des pneus et des plaquettes… Bref, tout dure plus longtemps si l’on ne roule pas toujours à la limite, ce qui est impossible de nos jours. Cette auto est un retour aux sources, pas d’aides électroniques telles que l’ABS, l’ESP, l’antipatinage, pas de climatisation, pas de ceci, pas de celà, oui mais un plaisir de conduire exceptionnel et une voiture qui devient le prolongement du corps, une voiture qui demande une attention de tous les instants mais qui, si cette condition est remplie, vous transporte dans un autre monde, dans une autre époque, là ou bien peu d’autres voitures sauront vous mener.