Secteur automobile:30.000 suppressions d’emplois dans les 3 ans ?

Si l’on en croit une étude de l’assureur-crédit Euler Hermes SFAC, le pire est à craindre pour les prochaines années pour l’automobile française et les salariés du secteur.

Selon les termes du rapport, la délocalisation du secteur automobile vers les nouvelles zones de consommation des pays émergents serait « en marche », l’organisme envisageant même pour la France la disparition de 20.000 à 30.000 emplois dans les trois ans.

L’étude présentée jeudi par Euler Hermes SFAC met en relief le boom de la demande dans les pays émergents, avec une croissance de 15% par an entre 2000 et 2006, alors que la croissance mondiale annuelle n’a été que de 3%.

Face à cette évolution, la production par zone s’est adaptée, « aidée par des coûts salariaux horaires qui expliquent largement cette redistribution mondiale des cartes ». En outre, « le taux de change défavorise considérablement la zone euro », selon l’étude qui rappelle que l’euro s’est apprécié de 50% par rapport au yen depuis 2000. A noter que la monnaie européenne est également mise en cause pour expliquer les déboires actuels d’Airbus, mais il semblerait peut -être un peu trop facile de lui faire porter l’entière charge des difficultés actuelles de l’industrie française et des velléités de délocalisation de groupes français de plus en plus nombreux à adopter ce mode de répartition du travail.

A noter cependant, que les choses évoluent, et que les salariés des pays dits émergents veulent profiter eux aussi des bénéfices générés par leur emploi à moindres coûts … ce qui à terme devrait diminuer l’intérêt du recours à la main d’oeuvre hors du territoire français. Car si les Pays de l’est ont été un temps extrêmement attrayant du point de vue des charges salariales, ils risquent néanmoins de se trouver très rapidement confrontés à la concurrence de l’Inde et de la Chine …

Ainsi , après les salariés de Dacia, les employés de Michelin en Roumanie pourraient être aussi sujet à quelque désenchantement. Révolue l’époque où « être embauché par la filiale d’une multinationale sérieuse était un exploit » en Roumanie et où « les syndicats descendaient dans les rues pour réclamer la privatisation de leur usine et son rachat par « de véritables investisseurs » », note ainsi l’éditorialiste de Gandul, un quotidien roumain. Désormais, l’idée d’une grève fait son chemin chez les salariés de Michelin qui suivront peut-être l’exemple de leurs confrères de Dacia, la filiale de Renault à Pitesti.

Si l’étude prévoit pour les constructeurs européens une croissance en 2007, tirée par l’activité sur les nouveaux pays industrialisés, elle considère toutefois que les équipementiers resteront en difficulté, avec « la poursuite de la baisse des prix imposée par les donneurs d’ordre et en parallèle la flambée des prix des matières premières ». « On est clairement sur une tendance de fermeture à l’Ouest, majoritairement pour les équipementiers et un peu moins pour les constructeurs », souligne le rapport.

En France, les constructeurs enregistrent « une panne commerciale depuis 2005 », avec une chute significative de la production en 2005 et 2006. En 2007, Euler Hermes SFAC anticipe « une légère reprise des volumes » liée au lancement de nouveaux modèles. Comme quoi , les efforts de Renault n’auraient pas été vains .. Mais les emplois salariés dans le secteur ont marqué une forte décrue entre 2000 et 2006 avec une baisse de 28.000 emplois, dont 9.000 pour la seule année 2006 à part égale chez les constructeurs et les équipementiers.

Sur les trois années qui viennent, on peut s’attendre à de l’ordre de 30.000 suppressions d’emplois chez les constructeurs et équipementiers en France, notamment par le biais de plans d’aide au départ à la pré-retraite, pronostique également les rédacteurs de l’étude.

PSA devra vraisemblablement se résoudre à une baisse de ses effectifs, a ainsi affirmé au début du mois de mars Christian Streiff, le nouveau président du directoire de PSA Peugeot Citroën, dans un entretien au Figaro . « PSA sort d’une merveilleuse période d’embauches et nous devrons vraisemblablement nous résoudre à une baisse des effectifs » pour « mettre fin à l’envolée de nos frais fixes », a déclaré alors le PDG, qui affirme également que le « redécollage » de l’entreprise passera certes par de bons modèles, mais également par de « bons prix de revient« .

Le groupe PSA emploie en tout 210.000 personnes, dont près de 130.000 en France. Le bénéfice net de PSA a chuté en 2006 à 176 millions d’euros contre 1,029 milliard en 2005. Le chiffre d’affaires de la division automobile a reculé de 1,1% par rapport à 2005 à 44,566 milliards d’euros.

Le prédecesseur de M. Streiff à la tête de PSA, Jean-Martin Folz, avait annoncé en septembre une réduction de 10.000 postes en Europe de l’ouest, dont 7.000 à 8.000 pour la France, pays où le constructeur automobile compte le plus grand nombre d’usines. Dès sa prise de fonction en février, Christian Streiff avait lui aussi mis en place une politique d’économies et de relance dans le cadre d’un plan baptisé « CAP 2010 », qui doit être finalisé à la mi-mai.

Euler Hermes prévoit par ailleurs pour 2007 une stabilisation des défaillances de sous-traitants automobile en France « à un niveau élevé » après une progression de 5% en 2005 et 2006. Dans l’Europe des 15, depuis 2000, environ 117.000 emplois ont disparu dans la filière automobile avec « une forte dégradation depuis 2004 » avec 70.000 emplois perdus. Parallèlement, près de 90.000 emplois ont été créés dans les nouveaux Etats membres de l’UE entre 2000 et 2006.

Dans les années à venir, les analystes d’Euler Hermes prévoient le maintien de la même tendance: « environ plus ou moins 100.000 emplois devraient disparaître sur la période 2006-2009 » en Europe de l’Ouest dans la filière automobile, dont environ 30.000 à 40.000 chez les constructeurs et entre 60.000 et 80.000 chez les équipementiers. Il « n’anticipe pas de fermeture de site en France en 2007 » chez les constructeurs, mais juge que « tout est ouvert dans le futur ».

Les suppressions d’emplois devraient se traduire par des gels d’embauche, des plans de pré-retraite, du chômage partiel et un important volant d’intérimaires notamment.

Sources : AFP, Le Figaro

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