Je précise d’emblée qu’il ne s’agit pas de Williams GP Engineering (dont un excellent article dans F1 rejects décrivait le déclin) ou de Sir Franck Williams. Nous parlons de Charles Frederick William Grover (alias « W Williams » ou « William Grover »), mystérieux pilote Anglais et martyr de la résistance. Je vous avais déjà parlé du livre qui lui est consacré ici.
Résumé des épisodes précédents: Anglais francophile, issu d’une famille aisée, il se passionne pour l’automobile. Comme ses parents ne sont pas d’accord, il se débrouillera seul. C’est ainsi qu’il fut chauffeur de maître (voilà pourquoi il est consideré comme le « modèle » des chauffeurs de limousines.) Il réunit ainsi un budget pour courir. Son plus beau fait d’arme restera sa victoire au tout premier grand prix de Monaco, en 1929, sur Bugatti. Il s’est retiré de la course en 1936.
Lorsque le conflit éclate, il s’engage dans l’armée anglaise. A l’issue de la « drôle de guerre », les Anglais fuient dans leur île. Mais Williams veut « faire quelque chose ». Les services secrets britanniques l’envoient en France, où il doit monter un réseau de résistants. Parachûté seul (au sens propre du terme), il se tourne logiquement vers ses amis pilotes, Robert Benoist et Jean-Pierre Wimille. Le 2 août 1943, il est arrêté par la gestapo (trahison?), interrogé, puis déporté à Sachsenhausen. Les faits avérés se sont longtemps arrêtés là.
De nombreuses archives ont été brûlées par les nazis et les collaborateurs juste avant que les alliés en prennent possession.
Après-guerre, Eve, sa femme (ou veuve?) habita avec un homme mystérieux, à partir de la fin des années 40. Lorsqu’un employé municipal lui demanda s’il a des papiers, « on » lui a dit de le laisser tranquille. Il y eu également cet homme, présent dans les paddocks de F1, qui signait des autographes sous le nom de « Williams »…
D’où une théorie disant qu’à Sachsenhausen, début 1945, lorsque les alliés s’approchèrent, Williams fut liberé. Soit il servit de monnaie d’échange, soit il fut abandonné, comme de nombreuses prisonniers et déportés. Il retrouva les services secrets anglais, fut envoyé en Afrique et ne put retourner en France qu’à la fin des années 40.
La vérité nous arrive, gràce à des archives déclassés du FSB, ex-KGB. En 1946, les Russes capturèrent le sanglant général SS Kurt Eccarius, en charge du camp haute sécurité de Sachsenhausen, le Zellenbau. Il avoua avoir conduit notamment « William Grover » au peloton d’exécution, le 23 mars 1945. En vue de la libération, de nombreux prisonniers furent ainsi exécutés. Il avait 40 ans. Le 22 avril, les Russes pénétrèrent dans Sachsenhausen.
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