A sa sortie au printemps 1965, la Peugeot 204 était presque une révolution: traction avant, moteur transversal, deux disques à l’avant, quatre roues indépendantes… Première « petite » Peugeot de l’après-guerre, elle a ouvert le chemin de la 104, voir de la 205.
Mais aujourd’hui, elle souffre de sa discrètion. 42 ans après, beaucoup la considèrent encore (ainsi que sa grande soeur 304) comme une voiture « d’occasion »…
Ne vous fiez pas à la numérotation! La 204 (une « 6cv ») n’est pas la descendante de la 203 (une « 7cv »), ni l’ancêtre de la 205. En fait, de génération en génération, Peugeot est passé de la 202 (6cv) à la 403 (8cv.) Lorsque la 203 disparaît en 1960, la 403 se retrouve seule et même en version « légère », elle est trop chère pour les bourses modestes. Il faut donc créer un modèle plus petit, d’où la 204. Le style est signé par le centre de La Garenne, mais ils se sont clairement inspirés du prototype Jacqueline (comme Jacky Kennedy!) de Pininfarina (1961), sur base Cadillac.
C’est au Palais des sports de Paris que la 204 est présentée, le 23 avril 1965. C’est les années 60, donc un seul moteur au programme, le XK (un 1,1l 58ch qui autorise 130km/h) remplacé en 1970 par le XK4 (60ch et 138km/h), puis par le XK5 en 1975 (toujours 60ch, mais 140km/h.)
Il y eu également deux diesel « atmo », un 1,3l 40ch de 1967 à 1973, puis un 1,4l 45ch, guère plus nerveux. C’est l’époque où un diesel doit être avant tout utilitaire.
Même constat à l’intérieur: c’est très « sixties ». A savoir que la planche de bord se limite à un seul compteur, aux commandes du chauffage et qu’il n’y a pas de couvercle pour la boite à gants! La version « luxe » (la « normale » s’appelle « grand luxe ») offre encore moins (c’est possible?) Les 204/304, c’est surtout le levier de vitesse au volant. Le top du top étant d’arriver à changer les vitesse du bout des doigts, tout en gardant la paume de la main sur le cerceau. C’était avant les palettes…
Ce qui est inédit, chez la 204, c’est la déclinaison. Alors que jusqu’à la fin des années 80, de nombreux constructeurs resteront fidèles au 1 modèle=1 carrosserie, la 204 propose un break dés 1965, suivi d’un coupé (un vrai coupé 2 volumes, pas 2 portes) et d’un cabriolet, fabriquée chez Chausson. Cette dernière est l’un des rares modèles de cette gamme issu de la grande série.) Du coup, elle se retrouve face à des Honda S800, MG Midget et autres Triumph Spitfire. Sochaux a beau sortir le grand jeu (trois cadrans, dont une montre, wahou!), la présentation reste austère face à des voitures un peu frimeuses qui ont l’inévitable tableau de bord en ronces de Formica et le volant à « trou-trous ».
La 204 explose les prévisions les plus optimistes de Sochaux. Du coup, en septembre 1969, elle monte en gamme avec l’arrivée de la 304. La calandre et l’arrière, rallongé, sont inédits. Mais surtout, la 304 propose une présentation plus flatteuse (notamment des accoudoirs sur les portes), un levier de vitesse au plancher et surtout un 1,3l XL3 de 65ch. A partir de 1972, il y aura une version « S » de 69, puis 75ch.
En mars 1970, les coupés et cabriolets 204 disparaissent au profit de leurs pendants dans la gamme 304, qui apparaissent pour l’occasion.
Ca sera à peu près tout. En 1975, la 204 s’offre une calandre noire mat, une vitre arrière dégivrante et un pré-équipement pour autoradios! Comme toute voiture issue des années 60, elle souffre face à des « petites jeunes » (Alfasud, Austin Allegro, Golf…), nettement plus modernes dans leur présentation et leur comportement.
Les 304 coupé et cabriolet, qui n’ont jamais vraiment trouvé leur public (car trop « popu ») s’arrêtent en juillet 1975 (il faudra attendre janvier 1986 et les 205 cabriolets pour que la 304 cab’ ait une descendante.) L’année suivante, c’est au tour de la 204 berline. La 305 apparaît en septembre 1977, mais il reste un « trou » entre la 104 et elle. Du coup, la 304 fera de la résistance jusqu’en 1980.
Les « balladurettes » et autres « jupettes » ont décimé les 204 et 304 berlines. Elles souffrent encore aujourd’hui de leur absence d’image et d’une ligne qui a mal vieillie (surtout la 304.) Ajoutez à cela une forte propension à rouiller et vous comprennez pourquoi beaucoup l’ignorent (sauf les cabriolets, même si on est très loin des côtes des 404 et 504 cab’.) Qui se dévoue pour en sauver une?