Essai Jaguar XK cabriolet (2 et fin)

Après la phase découverte, il est temps de mieux exploiter le potentiel de la Jaguar XK Cabriolet 4.2. Dautant que le V8 na pas encore beaucoup rugi, bien calfeutré sous son capot. Une discrétion de bon aloi quand on se la joue peinard. Mais cette voiture a aussi des prétentions sportives. Comme me lavait dailleurs précisé un responsable de la marque lors de sa présentation en première mondiale : « la XK permet daller tranquillement à son boulot mais aussi de se lâcher un peu le soir avant de rentrer à la maison ». Ben tiens !

Dans le royaume de Belgique, terre de cet essai, les routes du Sud sont encore relativement vierges de pandores. Idéal donc pour se « lâcher » en plein boulot. Mais avant de trouver des routes dignes de lAnglaise, il faut parcourir plusieurs dizaines de km sur autoroute. Sans la capote mais avec le coupe-vent. On oublie donc le régulateur et on augmente un peu le rythme. Une fois atteint la limite légale, la XK se met à chanter. Une sorte de sifflement faisant un peu penser à celui émis par un planeur en piqué. Le vent se jouerait-il de laérodynamique pour nous siffler dans les oreilles ? Un souffle ronflant qui ne semble pas, a priori, prévu au programme des acousticiens Jaguar. Par contre, léchappement nous gratifie dun ronronnement sympathique.

On quitte le double ruban autoroutier à Héron pour rejoindre Francorchamps par les nationales entre Huy et Trois-Ponts. Pas question, encore, de glisser le levier de commande de la boîte vers le S. Le D suffit amplement pour cette première partie du parcours. Le son rocailleux à laccélération est grisant et la boîte en mode automatique réagit promptement. Super facile de dépasser ce tracteur sur le chemin. La direction Servotronic estampillée Bosch est dune grande sophistication. Sur la route, cela se ressent par une parfaite assistance et un volant qui répond parfaitement en sadaptant brillamment à la vitesse et à langle de courbe. Il est donc particulièrement sympa de placer la Jaguar dans la trajectoire souhaitée. Les routes se faisant moins lisses, on remarque vite que le châssis est rigide. Souvent une décapotable a tendance à se tordre et se plier à la première ornière ou saillie. Point de cela ici. Le secret ? Un châssis monocoque tout en aluminium… identique à celui du coupé. De fait, toute la rigidité nécessaire se retrouve dans la structure de base de la caisse avec des bas de caisse de section rectangulaire très importante. Ainsi, la différence, sur la balance, nest que de 40 kg. Une vraie prouesse qui nous dispense dun surpoids gaspillant à jamais les chevaux sous le capot.

Une fois la centrale de Tihange dans le rétro, la route se fait plus sinueuse. On change de rythme en maîtrisant les passages de rapport avec les palettes. On monte dans les rapports à droite et on descend à gauche. Chaque rétrogradage nous gratifie même dun petit coup de gaz bien sympathique. Les passages de rapports sont rapides avec un temps de réaction de 600 ms (0,6 s si vous préférez). En configuration normale, le mode manuel sestompe de lui-même si on ne touche plus aux palettes. Chose bien différente en mode Sport qui garde le choix manuel sil a été activé. Mais on peut aussi laisser lélectronique le soin de passer énergiquement les vitesses. Toutefois, la BVA montre un peu dinterventionnisme à haut régime. Genre : interdiction de rétrograder à plus de 4000 tr/min. Le talent des ingénieurs allemands de ZF donne malgré tout à la XK une transmission de grande classe qui se montre à la fois sportive et souple. La preuve avec ce camion en montée : il suffit décraser la pédale pour le dépasser dun claquement de doigt.

Dans les lacets du parcours, la direction assure une tenue de cap parfaite. Le châssis jouant aussi de sa rigidité pour permettre à la Jaguar de se montrer docile en conduite dynamique. Toutefois, les freins semblent le point faible de lensemble. Il faut y aller franchement pour avoir une forte impression de décélération. Néanmoins, elle sarrête au besoin. La tenue de cap est sidérante car même en désactivant lantipatinage, la XK Cabriolet na jamais montré de survirage. Pourtant, on a sollicité cette réaction en fin de courbe, dans la limite de ce qui est raisonnable sur route ouverte. Mais rien à faire, cette propulsion de presque 300 ch, saccroche farouchement à sa trajectoire. On a donc avalé à bon rythme les multiples virages qui se succédaient sur plus de 50 km. Un vrai régal, cheveux au vent.

Pour le retour, on a remis la capote. Et la musique de lensemble perd des décibels. En forte accélération, il ne reste que les aigus. Alors que lorsque le toit en toile triple épaisseur est rangé, on apprécie la voix rauque qui sort de léchappement. À tel point, quon samuse à faire des boucles pour repasser plusieurs fois sous un petit tunnel. Hormis ce parcours, lessai a aussi permis de découvrir la XK au quotidien. Une voiture de haut rang qui ne rechigne ni à la ville, ni à la campagne. Surtout quau niveau sécurité, la XK dispose dun capot actif à déploiement pyrotechnique. Lors dune collision avec un piéton, le capot se soulève automatiquement de plusieurs centimètres pour créer une zone tampon protégeant la victime du compartiment moteur. Pour les passagers, le système de protection anti-tonneau, comprenant deux arceaux dissimulés derrière les sièges, se déclenche en 65 millisecondes.

Lhabitacle a un niveau dassemblage et de finition digne du prix déboursé (plus de 90.000 euros). Jaguar a dailleurs, dans ce domaine, beaucoup travaillé et on voit ici le fruit de ce labeur. Le ton du cockpit joue la classe, le confort et le dynamisme. Cette belle voiture en impose en jouant sur le contraste grande taille et lignes fluides. De quoi rendre jaloux les passants que lon croise. Lorsquil faut se résoudre à rouler avec le toit, on profite dune insonorisation remarquable sur routes et convenable sur autoroute. Mais le plus amusant étant, bien sûr, de tout faire sans capote. À condition de prévoir une casquette ou un foulard et éventuellement une écharpe pour se protéger des virus qui traînent le long des routes. Pas de crainte de mal de dos puisque lamortissement fait parfaitement son travail en absorbant la grande majorité des irrégularités. Par contre, difficile de faire profiter ce confort à larrière. Malgré sa longueur, la Jaguar XK est un 2+2. Si des enfants peuvent prendre place derrière, il sagit seulement de ceux dont lâge les dispense du siège auto. Dailleurs, le coffre nest pas prévu pour la famille, mais il accueille quand même 200 litres, toit baissé. En outre, le volume de rangement peut être accru de 83 litres en rangeant la séparation rétractable du coffre lorsque la capote est refermée. Enfin, il reste la consommation de Super 98. En théorie, elle est de 11,3 litres. Mais, avec une telle voiture, cela dépend surtout du style de conduite adopté. Il nest pas rare de dépasser les 15 litres en privilégiant le plaisir de conduite à léconomie.

Il savère que la XK nest pas une vraie voiture de sport, mais plutôt une grande routière luxueuse qui na pas peur daller vite. Une belle Anglais qui joue de son charme pour promener ses passagers et de ses muscles pour les secouer un peu à leur demande. Il faut dire que le moteur a une plage dutilisation suffisamment large pour jouer au Dr Jekyll et Mr Hyde.

1re partie

Sites constructeur : France Belgique

Photos : Olivier Duquesne | Jaguar

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