Brève rencontre: Renault Avantime

Au salon de Genève 2003, Renault dut retirer à la hâte l’Avantime de son stand: quelques jours plus tôt, Matra a annoncé qu’il arrêtait la production et que l’usine de Romorantin serait définitivement fermée. Ce fut un choc pour les fans de Matra, mais il n’était que trop prévisible.

L’Avantime n’a jamais su qui elle était. Alors, évidemment, ce n’était pas au public de l’aider à lui trouver une réponse.

Je parle de cette histoire avec d’autant plus de condescendance qu’en 2001, un cabinet m’avait proposé un CDD payé au lance-pierres chez Matra, en me disant: « Vous verez, Matra, c’est du solide et dans quelques années, vous deviendrez chef! »

Depuis 1984, Matra ne produit plus que l’Espace pour Renault. Au milieu des années 90, Renault est mécontent de l’Espace III. Sa carrosserie composite coûte cher à fabriquer, pour une qualité d’assemblage moyenne (euphémisme.) En plus, Matra est incapable de répondre à la demande (du coup, l’usine de Dieppe l’aide, au grand dam des alpinistes.) Alors, c’est décidé, l’Espace IV sera en acier et produit à Sandouville.

Matra rêve de prendre de la distance vis-à-vis de Renault. Sur la chaîne principale, l’Avantime succédera à l’Espace III, tandis qu’une petite voiture ludique, la M72, est également au programme.

L’Avantime est un « coupespace ». Philippe Guédon, l’inamovible designer maison, est sur de son coup: un coupé pour les couples aisés dont les enfants ont quitté le domicile familiale et qui souhaitent une voiture « plaisir », qui soit néanmoins habitable. Cette catégorie socio-professionnelle va bientôt porter un nom: les bobos.

Un prototype quasi-définitif est présenté au salon de Genève 1999. On s’étonne sur ses portes à double cinématique curieuse (afin de limiter l’encombrement portes ouvertes) ou sa grande luminosité. On parle d’une commercialisation en 2000.

Mais rien ne se passe comme prévu. L’industrialisation prendra deux ans, la faute notamment à ces maudites portes compliqués à produire. Les designer exigent un plancher plat, du coup, les passagers manqueront de place pour les jambes. Et puis, attardé pour attardé, on lui greffe le fameux multiplexage de la Vel Satis.

Finallement, l’Avantime (surnommée « Aftertime ») sort en septembre 2001. Mauvais timing: c’est juste avant la Vel Satis (janvier 2002) et l’Espace IV (mars 2002.) Comment ne pas les confondre? D’autant qu’au salon de Paris 1998, pour « tester son nom », Renault a présenté un prototype de coupé monocorps baptisé Vel Satis.

Au début, l’Avantime n’est disponible qu’avec le V6 Nissan 3,0l, 210ch, avec un tarif de base de 36 200. Un 2l 165ch et un 2,2l DCI 150ch arriveront plus tard. Les débuts sont laborieux: la clientèle boude cette espèce d’Espace coupé 5 places, qui plus est des rumeurs de mauvaise finition circulent. Matra comptait en produire 100 par jour. Guédon rêvait tout haut de 200 unités. Début 2003, on est à 15 exemplaires.

Jean-Luc Lagardère décide d’arrêter les frais. Tant pis pour la série spéciale Elios… Donc la campagne publicitaire débutera après l’annonce de l’arrêt de la production. Pour Matra, qui avait arrêté 20 ans plus tôt de produire des véhicules sous son nom, on ne meurt que deux fois.

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