Non, pour une fois, ce n’est pas une faute de frappe: je ne vais pas vous parler de la 911, mais bien de la 912. Car il y a bien eu une 912.
A partir du moment où la 911 est sortie, Porsche a longtemps eu du mal à vendre d’autres véhicules: pour les puristes, Posche, c’est la 911 et la 911, c’est Porsche, point final. Alors pourquoi ne pas prendre son mal en patience et décliner la 911 pour créer une vraie gamme?
Du temps de la 356, le Porschiste avait l’embarras du choix: de la C « de base » à la méchante (et coûteuse)Carrera 2, en passant par la SC, avec également un cabriolet au programme (et le Spider RS, mais il n’était théoriquement pas homologué pour la route.) Mais en 1963, lorsque la 911 arrive (sous le nom de 901), c’est moteur 2,0l 130 chevaux et coupé ou rien. En plus, le tarif a subi une inflation « à la Porsche ». Autant dire que de nombreux amateurs grincent des dents…
En 1965, alors que la dernière 356 sort de chaîne, la 912 est lancée. Certains la surnomment d’ailleurs « 356 D ». Il s’agit d’une 911 légèrement dépouillée équipée du « katrapla » de la 356 SC, muni d’un silencieux qui fait passer sa puissance de 95 à 90 chevaux et d’un tarif étudié. Avec 185km/h en pointe, ce n’est pas une Porsche au rabais (même s’il faut monter dans les tours pour trouver la puissance.) Au point que lorsque Mark Donohue (grand pilote US) est invité par le magazine Car&Driver pour un comparatif 911/912, il est soufflé par les prestations de la « petite » Porsche.
Certes, lorsque vous tournez la clef (à gauche du volant, évidement), vous êtes déçu. Néanmoins, les premières années sont euphoriques. En 1965, il se vend presque deux 912 pour une 911!
La Porsche suit ensuite l’évolution de sa grande soeur: carrosserie Targa fin 1965, meilleure freinage en 1966, empattement rallongé de 57mm en 1967, etc. En bonne Porsche, la 912 fit ses armes en compétition, avec succès, en tourisme et en rallye.
L’état de gràce ne dure pas. D’une part, les 911 de 2e main débarquent en occasion et surtout l’arrivée de la 911T équipée du « vrai » 6 cylindres (mais dégonflé à 110 chevaux) comblent les bourses plus modestes.
En 1969, la 912 laisse logiquement place à la 914. Mais en 1975, lorsqu’elle disparaît, Porsche ne possède plus que la 911 et se fait (déjà) traiter de gros pollueur aux Etats-Unis.
Porsche lance une deuxième fournée de 912, baptisée « 912e ». Cette fois-ci, c’est le 4 cylindres 2,0l 90ch de la 914 qui est monté à l’arrière. La carrosserie est celle de la 911 US contemporaine et on notera notamment les phares avant spécifiques. Un an et 2000 exemplaires plus tard, elle cède sa place à la 924.