On dit que depuis, la FIA est devenue plus regardante sur les candidats à l’obtention d’une « franchise » de F1 (d’où l’introduction du numerus clausus fin 1997) et qu’à la simple évocation du mot « Andrea Moda », le visage de Max Mosley se couvre de boutons.
Dans les années 70-80, la devise de la F1 aurait pu être « l’argent n’a pas d’odeur »: n’importe qui pouvait devenir pilote, sponsor, voir propriétaire d’écurie, pour peu qu’il est une malette remplie d’argent. Les paddocks virent ainsi débarquer un fils de dignitaire nazi, deux trafiquants d’armes (dont un fils de premier ministre), un ex-agent de la CIA, un homme lié à la mafia chinoise, un faux courtier en pétrole, un escroc qui vendait des parts d’entreprises qui n’existaient pas, un député corrompu, divers hommes d’affaires louches et même Oussama Ben Laden, sponsor de Williams à la fin des années 70! Alors, pourquoi pas le pape italien de la chaussure bon marché, Andrea Sassetti (alias « Andrea Moda »)? Malheureusement pour lui, il fut celui de trop et il a payé pour tous les autres.
Présent en F1 depuis 1987, le team d’Enzo Coloni est à vendre fin 1991. Nul doute qu’Enzo en a marre de voir ses voitures echouer presque systématiquement aux pré-qualifications.
A la fin des années 80, Max Mosley et Nick Wirth avaient fondé une société baptisée Simtek Research. La société dessina notamment une F1 pour BMW (un projet mort-né.) L’objectif de Sassetti était d’utiliser la structure de Coloni pour faire courir l’ex-future BMW F1 et compte tenu de sa fortune supposée, les pilotes se bousculent à sa porte. Au Brésil, Enrico Bertaggia et Alex Caffi sont de la partie. En revanche, le châssis de Wirth se fait attendre et Sassetti aligne des Coloni de 90. Les officiels considèrent Andrea Moda comme une nouvelle équipe et lui demande donc de payer sa caution. En attendant, ils lui interdisent de courir en Afrique du Sud.
Ce sera le début d’une série de gags. Il paye la caution et découvre au Mexique que ses Coloni ne sont plus homologuées. Au Brésil, il a reçu les nouveaux châssis (baptisés « Moda S291 ») et engagé 2 autres pilotes: Roberto Moreno et Perry McCarthy (le premier Stig de Top Gear), mais la FIA refuse une superlicence à McCarthy. En Espagne, Bertaggia débarque avec une malette de cash… Mais Sassetti découvre qu’il n’a plus le droit de changer ses pilotes! A Monaco, pour une fois, les moteurs Judd tiennent le coup, Moreno se qualifie et effectue 11 tours avant de renoncer. Ce sera la meilleure performance du team.
Peu après, la discothèque de Sassetti est incendiée et lorsque le maître des lieux s’en échappe, on lui tire dessus (et on le manque.) On soupçonne alors Sassetti d’être un homme de paille de la mafia. Au Canada, les conteners de Judd se sont perdus et Moreno tourne avec un moteur emprunté à Brabham (le temps de ne pas se pré-qualifier.) En France, le camion est bloqué dans les bouchons monstres de la grève des routiers et l’équipe déclare forfait. Il y eut aussi cette séance d’essais programmée à Spa… Où l’équipe débarque sans avoir prévenu les officiels! Les mécanos démissionnent les uns après les autres, lassés par le manque de professionalisme de Sassetti. Enfin, en Belgique, la police interpelle Sassetti pour fraude. Dans la foulée, la FIA bannit le team.
A voir:
Le profil de l’équipe sur F1 Rejects
le site officiel d’Andrea Moda (aucune information sur la F1 dessus.)