Brève rencontre: Peugeot 605

Lorsque l’on évoque les voitures posh, un nom se détache immédiatement: la Peugeot 605.

Tous les étudiants en commerce ont entendu au moins une fois cette célèbre maxime: « Il faut parfois des années pour gagner un client, mais vous pouvez en perdre un en cinq minutes. » Le problème de la 605, c’est qu’elle a justement raté ses 5 premières minutes. A partir de là, tous les efforts de Peugeot furent vains.

Tout a débuté par une idée machiavélique de Jacques Calvet (alors PDG de PSA.) Il a entendu que Renault allait lancer sa future Safrane en 1991 (en fait, ce sera plutôt fin 92.) Il décide donc d’avancer les dates de sortie de la 605 et de sa cousine, la XM en 1990, afin de doubler Renault. D’un autre côté, la 505 (née en 1979) et la CX (née en 1974) souffrent face à la R25 (née en 1984) et les remplacer ne serait pas du luxe. A noter que les croquis préliminaires de la Z6 (c’est son nom de code) sont signés Pininfarina. Il en restera notamment la nervure latérale (que l’on retrouve sur la Ferrari Pinin, l’Alfa 164 et la 405, dont les premières études sont également signées Pininfarina.)

Au salon de Francfort 1989, les journalistes évoquent briévement les ambitions retrouvées de Peugeot ou la 605 SV 24 et son V6 PRV 3,0l équipé d’une inédite culasse 24 soupapes. De quoi offrir 200 chevaux et 235km/h en pointe. Ce qui les frappe d’emblée, c’est son aspect de « grosse 405 », ses trop nombreux points communs avec la XM, son tableau de bord quelconque et la pingrerie en matière d’équipements de série. Peu après, l’usine qui la produit est en grève et les premiers acheteurs doivent patienter. Ces derniers payent ensuite le lancement prématuré et leurs 605 sont plus souvent au garage qu’à leur tour. On dit que Peugeot souhaita quantifier le mécontentement de la clientèle, mais les résultats étaient si déplorable que l’étude fut stoppée net. Il y eut enfin la marionette de Jacques Calvet aux Guignols de l’info, toujours en retard car sa 605 de fonction tombait en panne. Morceaux choisi, lorsqu’on l’interroge sur sa gamme: « La 106 est une petite 205. – Et la 306? – C’est une grosse 205. – Et la 605? – C’est une grosse [censuré] »

Peugeot est bon pour sortir les rames. La fiabilisation de la 605 dés 1992 et le rappel des modèles defectueux ne réussit pas à modifier son image. La concurrence est féroce dans le haut de gamme et toute approximation est rédibitoire. En 1994, elle reçoit un lifting trop timide. En 1996, Peugeot baisse ses tarifs et l’année suivante, un nouveau V6 apparait. Mais la 605 reste à la traine, malgré sa bonne tenue de route, surtout face aux BMW Série 5 et Mercedes Classe E, qui dominent même le marché français. Solution trouvée pour solder les invendus: convaincre les acheteurs de 406 que pour 20000 francs de plus (voir beaucoup moins en discutant un peu), ils peuvent rouler en 605… En 1997, Pininfarina présente la Nautilus, sur base 605 rallongée. C’est la berline que Peugeot aurait sorti s’ils avaient plus d’audace. En 1999, la 607 la remplace enfin. On dit d’ailleurs que la marque ne l’a pas baptisée « 606 » pour mieux marquer la rupture avec la 605.

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