Si la Lotus Elan était hindouiste, on dirait qu’elle a eu un très mauvais karma: trois vies et autant de flop, avant d’avoir enfin le droit de mourir. Victime des égarements de Lotus (et de ses propriétaires succéssifs), elle fut également assassinée par la Mazda MX-5 (alias Miata.)
En 1988, GM s’offre Lotus. La marque est au bord du gouffre, mais le groupe américain (pourtant également en difficulté) a de grandes ambitions. Première arme: le projet M100, un petit roadster biplace, signé Peter Stevens (plus tard père de la McLaren F1.) On ressort le patronyme d’une Lotus des années 60-70 qui fit le succès de la firme: Elan. Sa ligne en coin n’a pas grand chose à voir avec l’Elan originelle. Pire encore, sous le capot, on trouve un 1600 turbo Isuzu (une autre marque de GM) de 162 chevaux, pas très fougueux, qui propulse les roues avant (alors que toutes les Lotus étaient des propulsions.) Un 1600 atmo sera disponible pour le marché anglais.
Les puristes crient au scandale. En plus, l’Elan SE a la mauvaise idée de sortir au même moment que la Miata (alors que depuis la disparition des MG B et Fiat 124 Spidereuropa, il n’y avait quasiment plus de petit roadster sur le marché, a fortiori aux Etats-Unis.) Ligne toute en rondeur, propulsion, prix plus attractif: c’est elle la vraie réincarnation de la Lotus Elan! Ajouter à cela une politique hasardeuse de « placement produit » de la part de GM dans les films d’Hollywood. Si l’Esprit a le droit à Pretty Woman et Basic Instinct, l’Elan se retrouve dans Cheri, j’ai agrandit le bébé!
Alors qu’on se bouscule chez Mazda, personne ou presque ne vient acheter d’Elan chez Opel (où elles sont distribuées en Europe.) En juin 1992, après 3855 voitures et 19 millions £ dépensés, GM stoppe la production. En 1993, la firme est revendue à Bugatti. Son propriétaire, Romano Artioli, découvre 800 blocs Isuzu et tout l’outillage de l’Elan. Une deuxième fournée d’Elan, mieux finies, baptisée logiquement S2. Artioli n’en fera pas plus, car il a déjà l’idée d’un autre projet, qu’il a baptisé du nom de sa petite-fille: Elise.
Comme il n’y a pas de petits profits, Bugatti revend l’outillage à Kia. Le constructeur Coréens, comme tous ses compatriotes, a surtout produit des berlines de moyenne gamme et il souhaite se diversifier, notamment dans les véhicules de niche. Ssangyong va produire une Mercedes Classe E première génération (baptisée Chairman, tout un programme) et Kia débarque dans au salon de Tokyo 1995 avec le prototype « KMS II », une Elan sauce Jacky.
L’année suivante, la Kia Elan sort, sans les extravageances du prototype, mais avec quelques modifications extérieures par rapport aux Lotus. Le plus gros changement a lieu sous le capot avec l’arrivée d’un 1800 atmo maison de 151 chevaux. La Kia Elan n’est pas exceptionnel, mais c’est le seul roadster disponible au pays du matin calme (les étrangères étant lourdement taxées) et il plait aux cadres dynamiques. Hélas peu après, il y eu la crise asiatique: les cadres n’ont plus d’argent, les ventes plongent et Kia elle-même traverse une lourde crise (qui se termine par la vente du constructeur à Hyundai.) En 1999, l’Elan disparait donc définitivement du catalogue.
A noter enfin qu’au début des années 90, L’Elan et l’Esprit apparurent dans la série des Lotus Turbo Challenge.
Voir également:
Lotus Turbo Challenge sur mon blog jeux video
Brève rencontre: Mercury Capri (une autre rivale malheureuse de la Mazda MX-5)
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