Brève rencontre: Santa Matilde

Voilà ce que j’en disais dans mon roman du Sud au Sud-Ouest: « De lautre côté de la rue, un bellâtre en chemise orange, un peu rondouillard et grisonnant dans une Santa Matilde bleue ciel. Il tente de faire monter à bord deux femmes. (…) Et lautre qui sort visiblement un baratin de supermarché, du style : « Venez faire un tour dans ma voiture, on ne fera quune petite balade. » En guise de réponse, elles gloussent en se cachant le visage, comme des adolescentes. En tout cas, lhomme na définitivement pas honte. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la Santa Matilde, cest un petit cabriolet produit dans les années 80, au Brésil, avec un design très maladroit. « 

En 1975, la junte au pouvoir au Brésil décide de taxer lourdement les voitures importées. Un bon moyen pour remplir

les poches des généraux les caisses de l’état. Le docteur Humberto Pimentel, PDG d’une entreprise de machinisme agricole, Santa Matilde, possède une Porsche 911S. Faute de pièces, elle reste au garage. Il souhaite acheter une Puma GTB, l’unique coupé brésilien, mais il est déçu par cette voiture. Il souhaite alors construire son propre coupé.

Il monte une équipe et commence la construction d’un prototype. La Santa Matilde aurait du bénéficier de moteurs Alfa Romeo, mais l’accord fit long feu et il doit se contenter d’un 6 cylindres en ligne 4,2 litres de Chevrolet Opala, dont elle reprend également la plateforme. Du coup, le design inspiré de la Lamborghini Jarama perd ses proportions.

La SM 4,2 est présentée en 1978. Son moteur de 170 chevaux est un peu juste pour ses 1,2 tonnes. Du coup, la SM n’atteint guère que 180 km/h en descente avec le vent dans le dos. Mais le but est davantage de faire la sortie des plages, radio (de série) à fond, que de taquiner l’accélérateur. Comme toute production artisanale, la SM souffre également d’une finition très légère.

Les ventes sont bonnes: après tout, au Brésil, c’est ça ou bien débourser le double, voir le triple, pour une européenne. En 1982, la SM tente sa chance au mondial de l’automobile de Paris. Pimentel y rencontre un militaire Américain, Steve Arntz, fondu de Cobra. Ce dernier convainc Santa Matilde de construire des répliques de Cobra disposant de V8 chevrolet et de boites de vitesses de Jaguar.

Pendant ce temps, la SM évolue. La Mk 2 reçoit de discrètes retouches esthétiques, des disques pour les quatre roues, l’air conditionné (emprunté à la VW Passat) et une meilleure finition. Le client à désormais le choix entre un coupé et la nouvelle carrosserie Hatchback, disposant d’un plus grand coffre. De plus, un 4 cylindres turbo (toujours d’origine Chevrolet) fonctionnant à l’alcool vient épauler le 6 cylindres. Les deux mécaniques développent la même puissance

En 1983, la SM Mk3 fait son apparition avec de plus grands pneus, un réservoir plus important et une trousse à outils! Pimentel souhaite une SM cabriolet. Pour comprendre le mécanisme de décapotage, il achète une Mercedes 450 SL, qui est démontée. L’année suivante, le cabriolet apparait.

En 1989, première alerte: Pimentel se brouille avec le syndicat de la metallurgie et pendant 6 semaines, la production s’arrête. Du coup, la SM 4 portes, alors en gestation, est abandonnée. La Mk4, munie d’horribles phares rectangulaires de VW Passat, apparaît l’année suivante. Hélas pour Santa Matilde, le vent a tourné: le gouvernement libéral désormais au pouvoir abolit les taxes, les voitures de sport européennes débarquent et la SM ne peut lutter. Après une pause de 1995 à 1997, arrive une ultime SM Mk5 disposant d’une mécaniques et de trains roulants de Chevrolet Omega. C’est un flop (3 exemplaires) et Santa Matilde ferme définitivement ses portes…

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