DaimlerChrysler a définitivement soldé le volet financier de son alliance malheureuse avec Mitsubishi Motors Corp. (MMC) en vendant les 12,42% qu’il détenait encore au capital du constructeur japonais. La banque d’affaires américaine Goldman Sachs a repris cette participation et a aussitôt entrepris de la reclasser auprès d’investisseurs institutionnels, a-t-on appris de source financière. Goldman Sachs s’est refusé à tout commentaire. DaimlerChrysler, qui avait initialement présenté son investissement dans MMC comme un pilier de sa stratégie mondiale, a précisé que sa cession augmenterait son résultat de quelque 500 millions d’euros cette année. Le sort de la participation de DaimlerChrysler dans MMC était un sujet de spéculation depuis le refus en avril 2004 du cinquième constructeur mondial de participer au renflouement du japonais.
Le groupe de Stuttgart, qui conserve des liens industriels importants
avec MMC, comme le développement en commun de moteurs et le partage de
plates-formes de voitures, avait répété depuis à plusieurs reprises
qu’il conserverait sa participation. Les deux constructeurs ont assuré
vendredi que les coopérations en place ne seraient pas remises en cause
par la cession des parts de DaimlerChrysler et qu’ils entendaient au
contraire continuer de les développer. Les analystes ont salué la
décision de DaimlerChrysler, dont l’action gagnait 1,95% à 42,78 euros
vers 12h30 GMT, une progression supérieure à celle de l’indice DJ Stoxx
européen de l’automobile (+1,49%). « Daimler a choisi de vendre au bon
moment », commente Michael Punzet, analyste de Landesbank
Rheinland-Pfalz. « Cet argent allègera la charge financière des
suppressions d’emplois prévues », ajoute-t-il, faisant référence au
projet de suppression de 8.500 emplois chez Mercedes en Allemagne.
Daimler a expliqué que ce plan social lui coûterait au total 950
millions d’euros. Une source proche du dossier a expliqué que
DaimlerChrysler avait probablement vendu ses quelques 548,4 millions
d’actions MMC avec une décote importante, qui pourrait avoir atteint
18% par rapport au cours actuel. Le titre MMC a terminé vendredi à 299
yens à la Bourse de Tokyo, en hausse de 2,6% sur la séance, avant
l’annonce de la cession par Daimler. Analystes et traders estiment
toutefois que l’action du constructeur japonais est largement
surévaluée. Trois courtiers interrogés par Reuters Estimates visent au
mieux un cours de 70 yens. DaimlerChrysler a déjà cédé l’an dernier sa
participation dans le groupe sud-coréen Hyundai Motor et cherche
actuellement à vendre sa filiale de moteurs diesel lourds MTU
Friedrichshafen. Le produit de ces cessions pourrait lui permettre
d’honorer une partie de ses engagements de retraites, de renflouer sa
filiale Smart, d’investir dans de nouveaux modèles ou de récompenser
ses actionnaires en relevant son dividende, estime Morgan Stanley. MMC,
de son côté, a publié jeudi une perte semestrielle moins lourde que
prévu mais a présenté des objectifs prudents pour le second semestre.
Il s’attend toujours à finir dans le rouge l’exercice à fin mars, qui
serait ainsi le troisième déficitaire d’affilée. Le refus de Daimler de
le renflouer l’an dernier avait contraint MMC à se financer auprès
d’autres sociétés du groupe Mitsubishi et de fonds d’investissement.
Une augmentation de capital avait réduit la part de DaimlerChrysler,
qui s’élevait auparavant à 37%.
Source texte : Reuters France