La petite boisson venue d’Autriche et présentée comme roborative n’a jamais eu autant la santé. Non seulement, au niveau de son activité, elle se permet de tailler des croupières à l’institutionnel Coca Cola, mais, en plus, elle vient de rentrer dans l’Histoire des sports mécaniques comme le mécène le plus en vue du milieu. Le blason a tellement étendu ses couleurs sur le landernau de la compétition motorisée qu’il ne peut plus être considéré comme un simple sponsor. Red Bull est devenu incontournable et nombreux sont devenus dépendants, économiquement précisons-le, des vertus de la taurine…
Présence affirmée en DTM, vue en Rallye-Raid, montée en puissance en WRC, installations en FIA GT, en WTCC, aux USA, remarquée dans toutes les disciplines moto, et bien sûre, appropriation de la F.1. Le mot n’est pas trop fort; nonobstant le fait de truster l’antichambre de la discipline voulue reine, le GP2, Red Bull s’offre pas moins de deux écuries qui rouleront avec deux concepts techniques différents. Pour son écurie phare, le taureau a pris son problème par les cornes en débauchant le huppé penseur Newey de Mc LAREN. L’ambition est là, et surtout les moyens de celle-ci. La liste des pilotes suspendus aux gonades du bovin est longue comme une journée sans pain…
A un moment où les cigarettiers sont chassés ou se retirent, forcés, sur la pointe des pieds, cette manne est miraculeuse pour ce milieu qui a toujours la tendance facheuse de vivre au-dessus de ses moyens. Attention, néanmoins, car avec autant d’énergie dépensée, il serait idiot d’imaginer que, politiquement, le sémillant Dietrich Mateschitz se contente de régler les chèques et de regarder ses bolides passer. Il va bien falloir finir par gagner. Et les pions bien placés sont autant de voix qui porteront sur les décisions dans un conseil.
Mais ne faisons pas la fine bouche. Le nectar fait couler son liquide sur le milieu que nous aimons, et cessons de nous poser de mauvaises questions sur sa magnifique santé dans un contexte économique que l’on nous, dit par ailleurs, morose. Et puis si finalement, une question quand même, sous forme d’amertume. Où sont les sponsors français en mesure de soutenir nos pilotes ? Il se dit qu’il ne serait pas moins riches mais beaucoup moins courageux. Ont-ils besoin de vitamines ? On vous en sert un peu ?…