Bob Lutz, le mauvais joker?

Bob Lutz est

encore monté aux avant-postes pour défendre les produits GM. Depuis sa

nomination au poste de Vice Président du développement produit les doigts de la

main ne suffisent pas pour compter le nombre dinterventions de ce genre. Il

faut dire que derrière les produits GM, cest la réputation de toute une vie

qui est en jeu. Adulé par tout le gotha automobile, des critiques à Wall Street

lors de sa nomination à ce poste, beaucoup se demandent aujourdhui sil est à la

hauteur de la tache ?

Les faits leur donnent raison. Les derniers produits lancés sous Bob Lutz nont pas convaincu. Le premier lancé sous son autorité, la Pontiac G6 réussit lexploit de se vendre moins bien que celle quelle remplace, la Pontiac Grand Am, best-seller de la marque. Lors de son lancement, Bob Lutz na pas hésité à comparer la G6 à la BMW Série 3. Mal lui en a pris, les journalistes lont pris au mot et le match entre les deux protagonistes a tourné au vinaigre pour la Pontiac G6 à tel point que Bob Lutz a appelé les journalistes pour les tancer.

La Pontiac GTO, autre bébé de Lutz est un autre exemple. Ramené dAustralie en messie, celle qui avait été présentée comme un exemple pour les ingénieurs américains, na pas convaincu les aficionados du label GTO qui lont trouvée trop timide stylistiquement et trop chère. La moisson des échecs continue avec la Buick La Crosse qui na pas réussi à soutenir la comparaison avec les concurrentes japonaises en dépit de qualités bien supérieures à sa devancière. On passera sous silence les nouveaux SUV qui font le gros des ventes chez GM. Loffensive tant attendue sest soldée par une attaque de clones qui ne parviendra pas à convaincre les clients américains à lheure où les motorisations hybrides sont à la mode. Cest donc un échec pour lactif septuagénaire qui na pas hésité à lancer son blog en janvier dernier pour passer outre la machine journalistique et convaincre directement le consommateur.

Il faut pourtant relativiser ces échecs, car lorsque Bob Lutz a pris la barre, le département produit nexistait quasiment plus. Son prédécesseur, Ron Zarella, lavait réduit à létat de poussière. A Detroit seuls les gourous du marketing avaient droit à la parole et leur volonté de combler toutes les niches du marché liée à une méconnaissance totale du produit automobile avait débouché sur des aberrations roulantes comme le Pontiac Aztec. Il a donc fallu dabord à Bob Lutz reconstruire le département produit et redonner aux ingénieurs un nouvel espoir. Il est préférable de voir les derniers modèles comme des modèles de transition et laisser le temps à Bob Lutz de restructurer la gamme car on ne refait pas une gamme dun coup de baguette magique.

Rick Wagoner la bien compris et défend régulièrement les décisions prises par Bob même si lors de réunions internes, il nhésite pas à se moquer des prévisions commerciales de Lutz comme il la fait lors dune réunion à laquelle participait le magazine économique américain Fortune : « les prévisions de Bob, vous les divisez par deux et vous avez le potentiel du marché.»

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