Le haut de gamme tricolore: le mythe de Sisyphe: I: RENAULT et la 30.

Pour une certaine génération, nos constructeurs ont, toujours, été en recherche de reconnaissance en s’échinant à produire des modèles qui devaient, enfin, les faire entrer dans le Panthéon de la production automobile.

Chaque millésime devait être le bon. Las ! Cent fois sur le métier ils ont remis leur ouvrage et la saga dure encore.

Pourtant, ce créneau du prestige a, historiquement, d’abord été tenu, pour une bonne part, par les blasons nationaux. La reine DS en est l’icône contemporaine. Mais, au milieu de 1970, la souveraine s’essouffle et la donne industrielle évolue. Les constructeurs sentent que la place est à prendre. Nos français ne veulent pas être en reste face à l’offensive teutonne. La CX, la 604, et la R.30 sont lancées dans la bataille pour la stopper. Soldat R.30, au rapport ! 

RENAULT, en 1970, ne compte pas continuer à se lamenter plus longtemps sur les cendres de sa Frégate. Le succès réel de sa R.16 l’encourage à monter à l’assaut du haut de gamme en appliquant le même concept de la carosserie à hayon. Par ailleurs, la mécanique est disponible avec un V6 de bonne famille, puisque élaborée en coopération avec PEUGEOT et VOLVO. La berline suédoise 262 s’en équipe à l’aube de 1975 tandis que les coupés 504 profitent également du « PRV ». Il est temps de se lancer. Ce sera pour le salon de Genève de mars 1975.

Dans un premier temps, le V6 PRV est présenté avec deux carburateurs, un simple corps ne fonctionnant qu’à bas régime, un double corps entrant en action au-dessus de 3 000 tr/mn. L’équipement est soigné dont un verrouillage magnétique des portes avec clé cylindrique. En 1976, RENAULT revient à un carburateur double corps pour une meilleure consommation, mais la R.30 perd en puissance ce qu’elle gagne en souplesse. Et puis le losange lui affuble la R.20 dont la montée de son 4 cylindres à 2 litres appelle à une ascension du vaisseau amiral. En 1977, la R.30 TX apparaît. 142 ch, une boite 5 et les fameuses gommes « TRX » du bibendum lui donneront du cachet. En 1982, la TS fait ses adieux.

Entre-temps, signe des temps, le diesel a fait son apparition, pour répondre à PEUGEOT, et surtout à CITROEN qui s’est engouffré dans la brêche. Mais ses 85 ch seront vraiment juste et ne suffiront pas à sortir de l’ornière la R.30 qui achève sa carrière en 1984.

Le bilan de la R.30 est plus que mitigé. RENAULT ne lui a jamais vraiment donné la chance de se présenter comme une voiture de prestige, ne la laissant pas se démarquer suffisamment d’une R.20, moins ambitieuse, mais qui connaîtra un meilleur destin commercial. Image et ambitions n’ont pas été accordées, laissant sur le bord du chemin ce qui était, pourtant, très loin d’être une mauvaise voiture.         

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