Au bilan de ce début du XXIéme siècle, force est de constater que PORSCHE a réussi, durablement, à diversifier sa gamme sans porter préjudice à son icône, la 911.
La marque est même allée trés loin dans la démarche, trustant, avec le CAYENNE, le marché du SUV. Cette révolution n’était pourtant pas gagnée d’avance, et il a fallu pas mal d’écueils pour préparer les esprits à cette ouverture.
Beaucoup de modéles ont ainsi été envoyés au combat dans cette mission suicide qui consiste à se désenclaver pour mieux préparer le terrain des futures conquêtes. Au tableau de ce champ d’honneur, une trés belle voiture, la 928…
La première moitié des années 70 s’annonce comme cruciale pour PORSCHE. La firme pense sérieusement à sortir de la monoculture 911, mais n’arrive pas à trouver la connexion avec sa clientèle. La 914 est, de ce point de vue, un échec alors que la seconde vague d’assaut 924 essuie le feu nourri de la critique qui s’horrifie d’une position frontale d’une mécanique AUDI.
Les bisbilles familiales ne portent pas à la sérénité d’une structure qui s’émancipe pour devenir une véritable société par actions. Il faut élargir ses horizons, prendre pied sur d’autres marchés, et d’abord celui des Etats-Unis qui refusent, au nom de ses normes draconiennes de sécurité, d’accepter, en l’état, la 911. L’ardoise à régler pour la mise en conformité fait passer des nuits blanches aux dirigeants de Zuffenhausen…
La solution apparaît en 1977, au salon de Genève, sous la forme 928. C’est la rupture complète avec la 911, ce qui, à cette époque, représente un risque énorme, surtout après l’accueil réservé à la 924. L’architecture V8 est un appel du pied non dissimulé aux Yankees qui voient se présenter une caisse plus rigide, en mesure d’obtenir le sésame administratif pour pouvoir entrer sur leur marché.
La 928 est, en sus, plus à la portée du conducteur lambda, dont la majorité n’est pas au fait de la science à déployer pour faire avancer, aussi vite, une 911. Reste que les inconditionnels de cette dernière saisissent le message subliminal d’un remplacement de leur diva et se charge de faire savoir à PORSCHE qu’il ne pourra jamais en être question. L’usine se voit alors contrainte de faire évoluer ses deux modèles, ce qui représente une lourde dimension pour cette marque, certes prestigieuse, mais au gabarit sans commune mesure avec les géants de l’industrie.
La 928 verra sa courbe de puissance monter de 240 à 350 ch, sa cylindrée de 4 474 à 5 397 cm3. 61 080 exemplaires seront vendus, jusqu’en 1996, année de la retraite.
Avec son V8 alu de 90°, sa technique « Transaxle« , ses trains multibras innovants, la 928 a ouvert d’autres horizons à PORSCHE par sa philosophie grande GT au potentiel accessible au plus grand nombre. Son style, dû au talent de l’équipe d’Anatole LAPINE, a aussi ouvert un brèche, démontrant qu’à Zuffenhausen, on était capable de montrer autre chose qu’une chrysalide coccinelle devenue lentement papillon. A bien y réfléchir, PORSCHE lui doit beaucoup…
SOURCE: www.flegende.club.fr