Speed Testing PGO Speedster II: Bio Culture.2

Aux esprits pervers et aux imaginatifs, je tiens à préciser qu’une équerre en Speedster n’est dans mon esprit qu’un sale travers de porc fumant à bord d’un roadster alésien. Mais j’admet que l’image tient aussi pour la jeune demoiselle en jupe qui tente l’immixtion (ou l’extraction) dans un engin aussi bas. Précision utile pour celles qui ne sauraient résister aux charmes du PGO Speedster II et qui souhaitent garder un semblant d’intimité en montant (descendant) à bord de leur engin. Ma dernière jupe remontant à mes années « lyçée », mon esprit était tout entier tourné vers des promesses géométriques d’à peu près 90° et mes yeux dardaient sévèrement le bouton rouge gravé d’un « Start » appétissant.

En préambule, vous aurez compris que le Speedster II est plutôt rase-mottes et je ne saurais trop vous conseiller de vous méfier des gendarmes couchés (les autres aussi mais nous le verrons plus tard) et autres différences de niveau conséquentes. Oui, ça racle un peu et ça fait toujours mal au coeur de sentir le métal se frotter au bitume.

Les ceintures sont étrangement montées à l’inverse de ce que vous trouvez habituellement dans vos berlines modernes. L’absence de montant central ou de place disponible a ingénieusement rejetée l’accrochage des ceintures au centre de l’auto et la boucle à votre gauche près de la portière. Y’en a bien qui mettent la clé de contact à gauche…

On se sent à l’aise assez rapidement. Pas de fautes ergonomiques flagrantes et si vous n’avez pas le physique de Michel Muller (pas notre Bernard, non, l’acteur) ou que vous n’êtes pas du genre à mettre un panier sans sauter, le roadster vous ira comme un gant. Et ça n’est pas la finition cuir qui vous entoure qui me fera dire autre chose.

Le petit constructeur n’a pas, comme je vous l’ai dit dans la visite de l’usine, la possibilité financière et humaine de cumuler les mises au point et souvent, les premiers mètres à bord d’un engin « bio » du type « Roadster de terroir » vous fait prendre gravement conscience de ce manque. Généralement, si la portière reste correcte, immanquablement le pommeau de vitesse vous dessine des images à connotation spongieuse et caoutchouteuse dans la tête !

Etudier et régler une tringlerie de boîte totalement originale relève souvent du casse-tête migraineux. Surtout lorsque vous utilisez un moteur de grande série habituellement plaçé à l’avant et que vous vous échinez à le coller derrière les baquets.

Bref, tout ça pour dire que PGO a eu le temps et les moyens de mitonner un ensemble qui ne vous rebutera pas. Les hommes de Peugeot qui fournissent le moteur ont eu leur mot à dire et permis certainement d’accélérer la phase de mise au point. Donc, pour synthétiser, si vous n’avez pas sous la main la dernière génération de boite 6 ultrarapide, elle sait se faire oublier, ce qui reste un beau compliment. En tout cas, elle transmet la vigueur retrouvée du 2.0l Peugeot de 138 ch qui s’étouffe habituellement dans les 307 et 206. Sans qu’une raideur nucale ne soit à craindre, le Speedster II se montre linéaire mais enjoué, aidé qu’il est par les 150 kg de moins à trimballer. J’ose à peine imaginer 180 chevaux ….

Autre domaine ou la facilité de conception vous amène souvent à subir la route et ses imperfections plutôt qu’à l’avaler et la dominer, les suspensions. Si les premiers exemplaires du Speedster II à l’essai il y a 1 ans et demi avaient pour défaut de vous faire ressentir les émotions du bûcheron canadien descendant le Klondike à cheval sur son billot de bois, aujourd’hui, on se rend compte que les dernieres études ont porté sur le sujet.

Le roadster est loin d’être bloqué en suspension, comme le sont généralement toutes les autos à vocation sportive en manque de moyens. Le Speedster II est étonnament réussi puisqu’il se permet de filtrer une bonne part des conséquences des mouvements géologiques aux abords des Cevennes. Là où l’employé de la DDE s’arrache les cheveux, le Speedster II passe sans vous coller les molaires dans le coccyx, ni jouer les sauterelles. Sans atteindre la quasi perfection d’une Clio RS, la PGO obtient la mention Très Bien.

Vous pourriez croire que tout est parfait en ce bas monde et que PGO a grassement monnayé mes dithyrambes mais non. Il y a un point noir dans l’histoire et pas des moindres. La direction n’est pas encore au niveau de tout le reste. C’est le seul élément qui ramène le conducteur sur notre basse terre (à terre) puisque la direction assistée manque de mise au point. Rien de dramatique au demeurant puisque après quelques kilomètres à se familiariser avec l’ensemble, mon fusible limiteur de vitesse chunté, j’en arriverai même à mettre l’engin en equerre dans un droite serré abordé un peu rapidement. De quoi me remettre en mémoire comment contre-braquer prestement sans se désunir, ce qui est de plus en plus rare avec des tractions sous-vireuses. Le roadster PGO arrive à nous faire oublier que nous avons à faire à une propulsion à moteur central jusqu’à ce qu’on en abuse. C’est aussi un compliment !

Donc, pour en revenir à ce point dur ressenti dans les premiers hectomètres, il est assimilé par le cerveau perméable de l’essayeur de ce jour et on s’y adapte finalement.

Pratiquement, le premier demi-quart de tour est effectué avec facilité puis subitement la rotation se fait plus difficile, inexplicablement. Comme s’il manquait du liquide de direction assistée. Loic Perois informé me dit que la mise au point d’une timonerie complète est un boulot assez considédrable, dans lequel intervient nombre de paramètres, et qui peut être totalement anéanti par un jeu de jantes pas aux normes demandées. Mais je préfère l’entendre me dire que le prochain chantier sera justement l’amélioration de cette direction pour permettre à la future « 180 » de distiller un plaisir sans parasite.

Le chemin est tracé, les ambitions sont là et le produit déjà bien abouti, ce qui me laisse l’espoir de revenir bientôt du côté d’Alès pour vérifier les avancées d’irréductibles gaulois bien déterminés à lutter contre l’ogre massifiant et aseptisant. L’aventure automobile d’un producteur Bio face aux industries « agroalimentaires » continue grâce aux subsides du généreux mécène koweitien. Le confiseur de St Christol les Alès nous proposera dès Septembre au Mondial de venir donner notre avis sur un concept que mon petit doigt (et seulement lui) me dit qu’il ressemblera à un petit coupé néo-rétro différent des productions actuelles. C’est dans 2 mois.

Décidément, la calisson c’est drôlement bon.

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