Le périphérique à 90 km/h, ce n’était finalement il n’y a pas si longtemps. Il y a 10 ans, début 2014, la vitesse y était abaissée à 70 km/h. Et déjà cela déclenchait de vives polémiques entre les pro et anti. Courant octobre, il passera à 50 km/h. Cette fois, dans les « anti », il y a carrément l’Etat qui ne valide pas ce passage. Et on va vers une guerre administrative puisque le Préfet de Police de Paris Laurent Nunez estime que cette décision doit être approuvée par lui. Ce que la Maire conteste.
Pour les anti, c’est une décision purement idéologique qui n’a pas de fondement scientifique ou étayé par des études. Othman Nasrou, vice-président LR de la région Île-de-France dénonce sur France Info une décision prise « sans aucune étude d’impact ni concertation ». Il souligne également que « 80 % des usagers du périphérique sont des gens qui n’habitent pas Paris » et que « 40 % des trajets sur le périphérique n’entrent pas dans Paris ».
Une voie d’importance nationale
Dans les faits, ils entrent dans Paris puisque le périphérique est une voie communale dont la gestion revient à la mairie de la capitale. Sauf que c’est aussi une voie structurante pour les déplacements en Ile-de-France et qui reçoit, comme le souligne le VP de la région, beaucoup de personnes qui vont de banlieue à banlieue, quand les transports en commun performants font sacrément défaut.
En plus du passage à 50 km/h, il y aura la pérennisation des « voies olympiques » en voie de covoiturage réservée au bus et à ceux qui sont 2 ou plus dans ou sur un véhicule. Une mesure pourtant rejetée par une majorité de Franciliens. L’absence totale d’étude d’impact (rendue publique) est dénoncée par les opposants à la Maire de Paris.
Une solution pour l’Etat serait de prendre le contrôle du périphérique par voie légale. En assurant l’entretien, et en le transformant en voie « nationale », l’Etat aurait alors les mains libres pour maintenir la limitation à 70 km/h. C’est d’ailleurs le sens d’un rapport de décentralisation rendu par le Député et ancien Ministre Eric Woerth.
Un des bénéfices attendus du passage à 50 km/h doit être une pollution sonore moins importante. En effet, les bruits de roulement sont largement plus faibles à 50 km/h qu’à 70 km/h. On estime à 2,6 dB(A) la baisse sur revêtement classique induite par le passage de 70 à 50 km/h. Pour rappel, une baisse de 3 dB correspond à un volume sonore divisé par deux.
Cette baisse du bruit pourrait permettre à la Mairie de Paris d’octroyer des permis de construire sur le périphérique. Une extension du domaine construit qui ajouterait des milliers de logements dans une ville en forte tension. Que cela congestionne le trafic routier de la première couronne importe peu à l’actuelle locataire de l’hôtel de ville et à ses électeurs.
Retrouver l’article de Ouest-France.