Cet équipement de sécurité va devenir inopérant

Cet équipement, c’est le e-Call, alias l’appel de détresse ou d’appel d’urgence. Cet équipement a été rendu obligatoire par l’Europe depuis 2018. Tous les véhicules neufs vendus doivent en être équipés. En cas d’accident, la voiture va déclencher toute seule un appel d’urgence pour prévenir les secours. Cela part d’une bonne intention puisque les occupants peuvent être dans l’incapacité d’appeler eux-mêmes suite à un accident de la route.

Sauf que, vous l’avez compris, ce eCall repose sur le réseau 2G pour l’immense majorité. Selon les chiffres de la PFA (Plateforme Française Automobile), ce sont 36 millions de véhicules en Europe qui seraient équipés du eCall. Autant dire qu’avec la coupure fin 2025 ou fin 2026 selon les opérateurs (*), ce sont des millions de eCall qui seront en rade. Concrètement, l’Europe a créé une obsolescence programmée, méthode qu’elle combat par ailleurs. Car il était « écrit » depuis longtemps que le réseau 2G ne serait pas conservé.

Les prochains modèles de eCall fonctionneront en 4G ou 5G (car la 3G est prévue pour s’arrêter fin 2028 !). Mais, ils ne sont pas encore disponibles (cela a demandé le développement d’un nouveau protocole) et les constructeurs continuent d’installer des modèles 2G. Et pour les millions de véhicules qui sont équipés en 2G, on fait comment ? Les constructeurs seront sans doute obligés par l’Europe et les différents états, à procéder à d’immenses rappels pour changer le eCall. Des milliards d’euros de dépense à prévoir.

Les opérateurs télécom de leur côté ont prévenu longtemps en avance et on se demande bien pourquoi les constructeurs n’ont pas cherché à passer plus tôt au eCall 4G. Tout ne sera pas rose avec le eCall 4G/5G puisque les zones blanches de ces réseaux sont plus importantes en surface que celles du réseau 2G. De plus, l’automobile n’est pas la seule industrie concernée. En effet, nous sommes entourés d’objets qui utilisent le réseau 2G. Cela va de certaines alarmes domestiques aux ascenseurs, en passant par les concentrateurs reliés aux compteurs Linky. Le Linky communique en CPL (courant porteur) mais le concentrateur envoie les informations en 2G. Enedis va devoir changer des milliers de concentrateurs. On peut ajouter aussi des centaines de milliers d’appareils de « monitoring » médical personnels.

Au final, on s’en fout du eCall, non ?

Concrètement, on pourrait se dire qu’on n’a pas besoin du eCall. La probabilité d’en avoir réellement une utilité est « faible ». Cependant, il faut bien comprendre que l’Europe ayant rendu obligatoire cet équipement, il y a aussi le contrôle dudit équipement. Cela se passe lors du contrôle technique de la voiture et c’est contrôlé depuis mai 2023 suite à un arrêté de 2022. Si le eCall ne fonctionne pas, c’est un motif de contre-visite.

Cela va donc poser un souci d’ici 1 an 1/2 et la PFA commence déjà à demander des solutions à l’Etat. Prolonger les réseaux 2G coûterait des millions d’euros. Qui paierait pour cela ? Les constructeurs ? Toutes les industries utilisant le réseau 2G ? L’Etat ? Et pour le changement des eCall 2G en modèle eCall 4G/5G ? Les propriétaires d’automobiles vont-ils devoir payer ? Ou les constructeurs via un rappel ?

Dans le dernier point « cocasse », il faut noter que certains eCall sont déjà 4G pour la transmission du signal. Sauf qu’ils implémentent le protocole 2018 et qu’ils ne peuvent pas être mis à jour à distance. Pour eux, il faudra passer en atelier pour mettre à jour si possible le protocole. Qui paiera là aussi ? Vous la sentez venir l’obligation de mettre à jour l’eCall à vos frais ?

Le plus simple serait de ne plus imposer le contrôle du eCall. Un équipement obligatoire non contrôlé, ce ne serait pas une première. Souvenez-vous que l’éthyloteste est toujours obligatoire dans la voiture, sans sanction pour la non détention…

(*) 31 décembre 2025 pour Orange, 31 décembre 2026 pour Bouygues et SFR

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