A le lecture de ce livre, on se demande comment le rallye actuel a pu devenir aussi « tristounet ». C’est enfoncer des portes ouvertes, certes, que de parler d’aseptisation du sport, mais c’est encore plus une réalité dans le monde du rallye, où la convivialité a toujours été partie prenante de cette discipline, bien différente du monde des circuits. Oui, on va nous reprocher un discours étiquetté « c’était mieux avant », mais bon…
Une autre époque
Improvisation, spectacle, plaisir, aventures, farces, plaisanteries, gags, prises de bec, un vocabulaire qui appartient de plus en plus à une époque révolue en ce qui concerne les rallyes. Jadis, une épreuve pouvait s’étirer sur une dizaine de jours (et de nuits) pour parcourir 5 000 ou 6 000 kilomètres, en comptant les parcours de concentration, les liaisons et des épreuves spéciales à la fois plus nombreuses et plus longues.
Les temps ont changé, le rallye aussi. Si le rallye actuel est entièrement voué à la performance, le rallye d’antan drainait systématiquement avec lui des imprévus fortuits, des péripéties rocambolesques, des aventures exceptionnelles émaillées de détails croustillants, générant leur lot d’histoires souvent drôles, parfois délirantes. En se situant volontairement en rupture avec l’évolution actuelle du sport automobile, les auteurs n’ont pas hésité à glaner à la source une foule de récits, tous authentiques, avec souvent une touche de nostalgie.
Les 400 coups
Ainsi, on se délectera des difficultés de communication en anglais entre François Delecour et ses mécaniciens chez Ford, les jantes et pneus volés à Miki Biasion par…ses coéquipiers italiens chez Opel, le talent de Björn Waldebaard pour utiliser le moteur en guise de barbecue en pleine spéciale, les improvisations de Jean-Luc Thérier mais aussi les croustillantes anecdotes des pilotes féminines, qui souvent jouent plus d’un tour dans leur sac à leurs rivaux masculins, les enguelades parfois mémorables avec des fortes têtes comme Guy Fréquelin, les blagues potaches de pilotes déguisés en faux policiers, et même parfois en bandits, pour simuler des contrôles routiers et stopper les voitures de camarades sur les routes de liaison, etc.
Bref, on se délecte de ces tranches de vie bien remplies. Ici, pas de classements, de palmarès, de scratchs, de résumés des saions ou de tableau précis des points au championnat mais avant tout des histoires d’hommes et de femmes, qui ont vécu leur passion à 200 à l’heure et bouffé la vie à pleines dents.
Les Auteurs :
Françoise Conconi a été la coéquipière de Michèle Mouton sur Porsche, Fiat-Abarth 131 puis Lancia Stratos. Sacrée cinq fois championne de France et quatre fois championne d’Europe des rallyes, Françoise a ensuite commenté durant quatre ans la Formule 1 pour TMC. Elle gérait les relations presse de nombreuses manifestations automobiles telles que les 24 Heures du Mans ou les 24 Heures de Chamonix, et celles de Nissan ou Peugeot.
Michel Morelli est photographe professionnel, spécialiste du championnat du monde des rallyes et des Grands Prix de Formule 1. Aidé de son épouse, il a couvert plus de trente ans de sport automobile et en connaît les coulisses, les acteurs et les moments forts.
Jean-Michel Fabre est un istructeur de pilotage de référence, largement reconnu par ses pairs, il formait les moniteurs de pilotage automobile pour le compte de la Fédération française du sport automobile.