La chute des cours des minéraux critiques : l’arbre qui cache le risque de pénurie
« La chute des cours des minéraux critiques » comme le cuivre, le lithium ou le nickel utilisés pour conduire l’électricité ou dans les batteries des véhicules électriques, les éoliennes et les panneaux solaires « masque le risque de tensions à venir sur l’approvisionnement », indique l’AIE dans son deuxième rapport annuel sur les métaux publié la semaine dernière.
Des investissements colossaux nécessaires pour respecter l’objectif climatique
L’Agence estime à « 800 milliards de dollars » le montant total des investissements miniers nécessaires dans le monde d’ici 2040 pour que les pays du monde entier puissent respecter l’objectif fixé par l’accord international de Paris sur le climat en 2015 (COP21) de limiter à 1,5 degré le réchauffement des températures par rapport à l’ère pré-industrielle.
Les experts prévoient d’ailleurs que la part des ventes de voitures électriques passera de 18 % aujourd’hui à 65 % en 2030, ce qui aura pour effet de multiplier par 7 la demande en batteries. D’ici 2050, cette demande devrait être multipliée par 14.
Des cours en baisse, des investissements moins rentables …
Or, et c’est là où le bât blesse, en 2023, le cours du lithium a chuté de 75 %, tandis que ceux du cobalt, du nickel et du graphite baissaient parallèlement dans une fourchette comprise entre 30 % et 45 %. Le tout conduisant à une baisse de 14 % en moyenne des prix des batteries …
Si, à première vue, cela pourrait sembler on ne peut plus positif pour la transition énergétique, tel n’est pas le cas … car la chute des cours pourrait freiner les « ardeurs » des investisseurs dans le secteur minier par rapport aux années précédentes.
Risques importants de tension sur le lithium et le cuivre
Selon l’AIE, les deux métaux pour lesquels les risques de tension sur leur approvisionnement sont les plus importants sont le lithium et le cuivre. Le rapport de l’Agence indique en effet un « écart significatif » entre les perspectives de production et celles de consommation.
Une situation due à une nette hausse de la demande. En 2023, les seules ventes de voitures électriques ont bondi de 35 %, et le déploiement de panneaux solaires et d’énergie éolienne affiche une croissance de 75 %.
L’hydrogène vert également gourmand en lithium
A noter également : les électrolyseurs qui fabriquent l’hydrogène vert censé décarboner l’industrie lourde ou les transports ont besoin de métaux comme le nickel, le platine, ou le zircon. Or la croissance de leurs installations est exponentielle : le rapport mentionne ainsi une hausse de 360 % en 2023.
« Je ne serai pas étonné de voir de plus en plus d’intérêt pour l’extraction du lithium » parmi les majors pétrolières, a souligné Tim Gould, chef économiste de l’AIE. L’Américaine Exxon Mobil, première compagnie pétrolière mondiale, a déjà annoncé des investissements en ce sens.
Diversifier l’approvisionnement !
L’AIE attire aussi l’attention sur les besoins de diversification d’approvisionnement pour contrer l’hégémonie de la Chine, notamment sur la fabrication de deux composants clé des batteries automobiles, les anodes (98 % de la production vient de ce pays) et les cathodes (90 %). « Plus de la moitié du processus de fabrication du lithium et du cobalt se passe en Chine. Et le pays domine l’intégralité de la chaîne de production du graphite » utilisé aussi bien dans les batteries que dans l’industrie nucléaire, selon le rapport.
Risque de pénurie vs risques sociaux et environnementaux
Il n’en demeure pas moins que le développement de telles mines induit d’importants risques sociaux et environnementaux ont récemment indiqué des ONG, avant une réunion des pays de l’OCDE sur le sujet à Paris.
« Si nous continuons à ce rythme, nous risquons d’obtenir une destruction de la nature, de la biodiversité et des droits de l’homme » dans une économie décarbonée, sortie du pétrole, du gaz et du charbon, a déclaré à la presse Galina Angarova qui dirige une coalition d’associations de défense des droits des peuples autochtones en Sibérie.
« Nous sommes à la charnière de la prochaine révolution industrielle … et nous devons la mener correctement », a ajouté Angarova.
Sources : AFP, AIE
Il faut surtout que l’Occident cesse de dépendre de la Chine et de la Russie et de leurs alliés directs.
Il va falloir que l’on accepte de réouvrir des mines chez nous… Le chemin inverse que l’on fait.
Depuis 40 ans.
difficile pour une entreprise privée de lancer un investissement sur une usine de raffinage quand les matières perdent jusqu’à les 3/4 de leur valeur.
mais surtout il va falloir assouplir le code minier en france/europe pour faciliter l’exploitation de nos ressources et arreter avec les règles en tout genre qui brident l’installation des sites industriels. faut pas croire mais la desindustrialisation de la France vient aussi de la complexité et des exigences pour l’installation des usines et des recours possibles qui sont devenus un véritable enfer pour les entrepreneurs.
Vous avez oublié qu’avant la chute de 75%, il y a eu une augmentation de plus de 60%
L’AIE pense qu’en alertant sur les risques de pénurie, il va y avoir une grosse prise de conscience mondiale ? Ils pensent que les acteurs et clients de ces secteurs en tension ne sont pas au fait des prix sur les différents marchés financiers ? C’est une blague, ils servent à quoi, ces gens ?