Rétro : 90 bougies pour la mythique Citroën Traction Avant

Un pléonasme qui fera sa renommée

Sa mission était de relancer Citroën, dans un contexte de crise économique qui avait fait chuter les ventes et la production, la Rosalie ne suffisant pas pour maintenir à flot un constructeur dont les finances étaient au plus bas avec un endettement chronique important. Cette nouveauté devait aussi marquer les esprits et souligner l’esprit d’innovation d’une entreprise qui fut la première à importer en Europe le principe de production à la chaîne né aux Etats-Unis.

Lancée sous le nom commercial « 7 », selon la puissance fiscale française en vigueur, elle est rapidement surnommée Traction Avant, un joli pléonasme qui fera sa gloire. Même si quelques constructeurs l’ont déjà expérimenté avant les chevrons, comme Adler outre-Rhin et surtout Tracta dès 1926, la traction avant sera associée à Citroën, qui, comme toujours à cette époque, va surfer sur une habileté marketing de premier ordre.

A la pointe de la modernité

Lorsqu’au début de l’année 1933 il fut décidé de remplacer les Citroën 8, 10 et 15, André Citroën voulut urprendre toute la concurrence en lançant une voiture complètement révolutionnaire qui devait rassembler le maximum d’innovations techniques. La Traction Avant a la particularité de réunir en un seul modèle toutes les solutions techniques les plus modernes de l’époque comme la transmission sur les roues avant, la structure monocoque inventée par Lancia en 1918, les freins hydrauliques, ou encore la suspension indépendante sur les 4 roues. Elle se présentait donc à l’époque comme la voiture garantissant la meilleure tenue de route, la plus sûre et la plus confortable.

Le moteur et la boîte de vitesses permettaient, outre le centre de gravité très bas, de placer le plus de poids possible vers l’avant. Les premiers journalistes et les premiers pilotes étaient enthousiasmés par la nouvelle Citroën. Jamais auparavant une voiture n’avait rendu la conduite aussi sûre et facile dans toutes les situations. Toutes ces qualités, constamment améliorées, par exemple avec l’adoption de la direction à crémaillère à partir de juin 1936, confèrent à la Traction un avantage technique sur toutes les autres voitures.

En plus de ces innovations techniques, la Traction Avant propose un style aérodynamique distinctif, inspiré de la mode « Streamline ». Signé du designer Flaminio Bertoni, à qui l’on devra ensuite la 2CV et la DS, le concept bénéficie aussi de la contribution de Jean Darninos qui participe au développement des versions coupé et cabrillet, et qui fera partie plus tard de l’aventure Facel Vega . La carrosserie monocoque entièrement en acier, sans châssis, permettait d’abaisser considérablement le centre de gravité.

Un début chaotique, puis des évolutions permanentes

Développée en seulement 18 mois, la Traction vaut pas mal de désagréments aux premiers propriétaires, qui essuient de nombreux problèmes de fiabilité sur les cardans, les moteurs ou même la finition. Les déboires du début de carrière de la Traction font plonger Citroën vers le dépôt de bilan et une reprise par Michelin en 1937.

La première version 7A est rapidement remplacée par la 7B, plus fiable et plus puissante, Elle dispose alors d’un moteur 4 cylindres de 1 529 cm3 ré-alésé développant 35cv, associé à une boîte 3 vitesses. La carrosserie berline 4 portes est également déclinée en coupé et cabriolet, toutes les deux dessinées par Jean Daninos. S’en suivent les versions 7S (pour sport) et 7C, puis la 11A équipée d’un moteur de 1911 cm3 pour 46cv.

Pour éponger les dettes, des versions plus longues, plus luxueuses et plus puissantes sont lancées, dont la version 6 cylindres 15-Six. Introduite en 1938, elle reprend le moteur de la 11B auquel 2 cylindres ont été ajoutés, pour développer 77cv et atteindre 135 km/h en pointe, ce qui en fera une reine de la route. Une série de  prototypes 22cv à moteur V8 3.8 litres a également vu le jour mais elles étaient trop peu fiables pour être produites.

Un véhicule très recherché

La production cessera à partir de 1941 et les tractions sont réquisitionnées par les Allemands pendant l’occupation pour ses qualités routières. Apercevoir une Traction avant sans gazogène pendant les années noires, c’était le signe quasiment certain de tomber sur la Gestapo. Véhicule iconique, la Traction devient aussi le véhicule symbole des FFI pour les mêmes raisons mais également pour sa facilité à être volée, puis un modèle fétiche des gangsters des années 50. Les fabrications redémarrent dès le mois d’août 1945, les pièces restantes dans les usines permettent de continuer à produire les versions 11BL d’avant-guerre.

 

 

(3 commentaires)

  1. Un coup de maitre en effet, la concurrence en a tremblé.
    Toujours très belle quand on en rencontre une dans la rue.
    Mon père a bercé mon enfance avec ses histoires sur les tractions de la famille : mon grand père roulait en 15/6 et mon arrière grand-père en cab. Toutes deux devenues hors de prix sur le marché de la collection.

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