Recharge bidirectionnelle (V2G) : le secteur automobile espère une part du gâteau

Un million de VE pourraient fournir autant d’énergie qu’une grande centrale nucléaire

Nick Woolley, PDG de la société britannique ev.energy, affirme que pendant de courtes périodes, un million de VE pourraient fournir autant d’énergie qu’une grande centrale nucléaire. La société travaille sur la technologie V2G avec Siemens, Nissan, Volkswagen et d’autres. Pendant de nombreuses années, le V2G est resté largement théorique, la Nissan Leaf étant le seul VE capable de le faire.

Cela a commencé à changer grâce aux compteurs électriques intelligents, à l’intelligence artificielle et à la modélisation réalisée par des entreprises énergétiques innovantes.

La plupart des grands constructeurs automobiles, dont Tesla, BMW, Volkswagen, Renault et Toyota, devraient lancer des modèles capables de V2G au cours des prochaines années. Les constructeurs chinois, comme BYD, ont également développé la technologie. Elément notable : le gouvernement chinois prévoit un grand rôle pour le V2G d’ici 2030.

Selon Doron Frenkel, PDG de Driivz, il y aurait beaucoup d’argent à gagner en équilibrant les réseaux. Driivz a accès à des millions de VE via le logiciel de recharge en marque blanche qu’il fournit aux constructeurs automobiles et à d’autres.

Une réglementation plus ou moins favorable selon les pays, une tarification à trouver

Aux États-Unis, la recharge bidirectionnelle est expérimentale, tandis qu’en Allemagne, les obstacles réglementaires liés à la tarification de l’énergie vendue au réseau en font une perspective lointaine.

Les chargeurs bidirectionnels sont également plus chers que les chargeurs classiques car, pour l’instant, ils sont produits à petite échelle.

Mais au Royaume-Uni, Octopus Energy a lancé un tarif V2G pour les clients, offrant une recharge gratuite si les propriétaires gardent leurs VE branchés la nuit. Octopus prévoit un tarif similaire cette année dans ses autres marchés énergétiques, dont la France, le Japon, la Nouvelle-Zélande et l’État américain du Texas. Alex Schoch, responsable mondial de la flexibilité chez Octopus, affirme que cela devient une réalité tangible.

Les constructeurs ont créé leurs propres unités énergétiques

Parmi les percées qui rapprochent le V2G, les constructeurs automobiles ont créé leurs propres unités énergétiques, rejoignant les plates-formes logicielles, les distributeurs d’énergie et d’autres acteurs qui se disputent les revenus du V2G. Ils ne savent pas encore quels revenus ils pourraient en retirer. La plupart de l’argent ira aux propriétaires de VE, ne laissant que quelques centimes par kilowatt aux intermédiaires vendant de l’énergie aux réseaux, mais sur des millions de VE, cela s’additionnerait.

Des véhicules capables d’alimenter des maisons

Dans les prochains mois, GM lancera un pickup Chevrolet Silverado électrique capable d’alimenter des maisons, via la même technologie que le V2G, et tous ses VE auront la capacité bidirectionnelle d’ici 2026, selon Aseem Kapur, directeur des solutions énergétiques de GM.

GM prévoit de vendre de l’énergie aux services publics et de s’associer à des agrégateurs regroupant un plus grand nombre de VE pour vendre de l’électricité, a déclaré Kapur. Le rival de GM, Ford, propose également un pickup électrique F-150 Lightning capable de V2G.

Equilibrage de réseaux

Les entreprises, y compris Octopus, exploitent déjà des services d’équilibrage des réseaux, précédant le V2G à grande échelle. Pour éviter de mettre en service une capacité supplémentaire coûteuse, les opérateurs de réseaux les rémunèrent afin de pouvoir éteindre les chargeurs de VE pendant de très courtes périodes.

Volkswagen, par l’intermédiaire de sa filiale énergétique Elli, construit une plateforme de trading en Allemagne pour l’équilibrage des réseaux en préparation au V2G et prévoit d’étendre ses activités ou de travailler avec des partenaires dans d’autres marchés.

Nuvve fournit des services V2G pour environ 500 bus électriques dans plusieurs États américains.

Marché des VE plus complexe

Reste que pour les voitures électriques, convaincre les clients via des applications avec des prix précis et attrayants sera vital.

Les plates-formes avec des prévisions IA fiables sur le nombre de VE branchés obtiendront plus d’activités de la part de sociétés comme Duke Energy, qui effectue des tests bidirectionnels avec GM et Ford.

Les unités énergétiques des constructeurs automobiles manqueront principalement d’échelle pour agréger suffisamment de VE localement pour vendre de l’électricité aux services publics, donc des plateformes émergentes, dont Kaluza ou The Mobility House, visent à agir en tant qu’intermédiaires, regroupant des VE de plusieurs marques.

Ces intermédiaires devront également veiller à ce que les VE ne surchargent pas les réseaux si tout le monde se recharge lorsque les prix sont bas et se décharge lorsque les prix sont élevés.

Renault s’est associé à The Mobility House, tandis que Volvo travaille à la fois sur sa propre plateforme et avec d’autres comme Kaluza. Kaluza travaille également avec d’autres constructeurs automobiles, dont Volkswagen, Stellantis, Nissan, GM, Mitsubishi et Porsche, pour agir en tant qu’intermédiaire avec des milliers de services publics.

Sources : Reuters

(18 commentaires)

  1. Faut arrêter de mettre de l’IA partout, les IA n’existent pas, ce ne sont que des logiciels informatiques.

  2. « Un million de VE pourraient fournir autant d’énergie qu’une grande centrale nucléaire »
    … Alors imaginons avec 40 millions d’autos… Ce que l’on pourrait faire !?

  3. aaaaaaah, ca pourrait resoudre le probleme des energies renouvelables, qui produisent quand on n’en a pas besoin : on pourrait peut-etre stocker leur energie dans les batteries de nos autos.
    je ne sais pas si c’est faisable, mais sur le principe, je trouverais ca genial.

    1. oui l’idée est séduisante.
      Mais il faut aussi arrêter d’exagérer le côté intermittent des EnR. Plein de pays dépassent les 50% de part d’EnR et vivent très bien. En France on est surtout victime du lobby nucléaire. Et pour stocker l’électricité, il existe des solutions : voir par exemple les STEP…

      1. @Twin Spark : ce ne sont pas les EnR qui sont intermittentes, mais éolien et solaire.

        Un barrage ne l’est pas par exemple.
        Eolien et solaire obligent à avoir une solution pilotable en doublon. Et les pays qui ont bcp d’éolien ou de solaire ont forcément ces solutions (ou demandent à leur industrie de ne pas consommer d’électricité…ou ont une industrie qui n’utilise pas d’électricité par exemple).

        Il y a des pays qui vont avoir du vent plus régulier, ou du solaire plus régulier (n’oubliez pas que l’on est à 45° ici avec d’énormes variations de durée du jour) et limiter le besoin en doublonnage.

        Sinon quel pays a 50% d’éolien et solaire et un mix bas carbone ?

        Quel est le potentiel non utilisé des STEP en France ?
        Actuellement il y a un projet de 2 GW d’ici 10 ans. 0,5 GW d’amélioration et une STEP de 1,5 GW. Et après ? On noie une nouvelle vallée ?
        Si on prend le plus puissant actuellement c’est Grand’Maison avec 1800 MW…..Une tranche de Civaux (dernière centrale mise en service à date) c’est 1500 MW….EPR2 c’est 1670 MW par réacteur.

        Noyer 2,2 km2 (surface de Levallois-Perret par exemple) prendre la même surface (non noyée et en majorité des « terrains nus » pour mettre 2 à 4 réacteurs (donc 3,3 à 6,6 GW) ? Difficile de dire…

      2. on peut prendre 2 exemples de pays qui misent sur le 100% renouvelable:
        – la province du Québec qui bénéficie d’une géographie propice à l’hydroélectricité (comme Norvège, Ecosse…) qui produit de l’électricité à 35-40 g eq CO2
        le Costa Rica qui mise sur le hydro/éolien/géothermie et bien ca ne suffit pas ils sont quand même à 218 g du fait du besoin de fioul pour palier l’intermittence du vent.
        L’Allemagne qui est l’exemple préféré des Ecologistes français et des antinucléaires sort de l’électricité à 312g /kWh et pourtant avec 72% de renouvelables aujourd’hui.
        l’appli « electricity maps » est un bon moyen de relativiser.

        le nucléaire a des défauts (je suis d’accord nous ne savons pas gérer correctement les déchets alors qu’il suffirait d’un Superphenix pour les transformer en carburant) mais question sécurité et environnement c’est surement mieux que des milliers d’éoliennes qui ont une durée de vie de 10-20 ans et des panneaux solaires importés de Chine que l’on ne sait pas recycler et qui artificialise des surfaces énormes

  4. L’idée est évidemment séduisante.

    Reste la question d’un standard, d’une structure d’organisation…..et de savoir comment on va être mangé ?

    Taxe sur l’injection réseau et option payante V2G de la part des constructeurs…oui,oui, ils sont capables !

  5. @thibaut,
    Quelques éléments de réponse :
    – voir l’exemple du Danemark, qui n’a pas d’hydraulique, mais dépasse les 50 % d’EnR.
    – En France, on a une immense façade maritime, ce qui limite l’intermittence
    – Ne pas oublier la biomasse, qui est une EnR non intermittente
    – concernant les Step, on peut aussi convertir des barrages existants pour limiter les terrains à noyer
    – Après, je ne suis pas un fanatique extrémiste des EnR, et je ne pense pas que le 100% soit atteignable, mais avec 16% en France, on pourrait très bien faire des progrès et viser au moins 50% au lieu de s’épuiser à faire des EPR ruineux

    1. @Twin Spark : le Danemark utilise le charbon et le gaz en doublon. A l’heure actuelle, 278 g de CO2/kWh au Danemark contre 38 g en France.

      Et pire, ils importent actuellement de l’Allemagne qui est à 407 g/kWh. Aïe.

      La biomasse se développe. Mais….on a mis la charrue avant les boeufs et il y a eu des abus (on plantait et faisait grandir des champs rien que pour les faucher et les mettre dans des méthaniseurs alors que le but théorique est d’utiliser des déchets. Les centrales biomasse se développent localement (pour être plus vertueuses) mais cela prend du temps.

      Pour la façade…les promesses du parc de Saint Nazaire ont refroidi pas mal de monde…une surface plus grande que Nantes, pour une production qui ne couvre pas la consommation de Nantes et un paysage flingué sur 200 km de côté (on les voit de Belle-Ile en mer).

      Les barrages en France sont électriques. Il n’y a que certains bassins d’alimentation en eau qui ne le sont pas ou peu, mais souvent se sont de petites retenues pas hautes et donc pas productrices.

      Je ne remets pas la main sur ce papier mais EDF estimait que sauf création d’un nouveau barrage (et donc noyer une vallée) le potentiel hydro était au taquet.

      Perso de chez moi j’ai à peu près 30 éoliennes en visu. 3 à 1300/1500 m. Je sais qu’il faut qu’on produise par ce moyen. Mais je sais aussi comment cela produit.

      Des panneaux en auto-consommation par exemple, j’y pense. Mais…..EDF ne rachète plus l’élec ou alors à un prix ridicule.

      Donc soit on est ultra-généreux et on reverse dans le réseau gratis, soit on calcule pour effacer le « fond de consommation »….
      En gros, la maison consomme mettons 400 W en permanence (minimum minimorum) et donc on couvre cette puissance.
      Cela donne des panneaux de taille très modeste et un amortissement en 5 à 6 ans.

      Mais cela ne suffit pas et c’est un mouvement personnel.

      La densité énergétique reste tétue…une centrale nucléaire c’est 1550 MW pour un réacteur type Civaux et donc plus de 1600 MW pour un EPR2.

      Une éolienne c’est 4 à 6 MW pour les très grandes terrestres. Et il faut appliquer un facteur de charge de 33% environ (souvent moins).
      En clair il faut 3 éoliennes de 4 MW pour réellement produire 4 MW.

      Ainsi 1600 MW = 1200 éoliennes ou 1 réacteur.
      De façon très très pragmatique…une centrale nucléaire est ultra-dense, décarbonnée et demande moins de béton que les 1200 plots des éoliennes. En plus c’est presque pilotable et ne fait pas 0 MW quand il n’y a pas de vent.

      Est-ce qu’il faut des EnR ? Certes…en diversifiant les productions on évite un blocage si l’une des sources patinent. Mais faut-il dépasser les 50 % ? Je n’en vois pas du tout l’intérêt sachant que les EnR on une base carbone plus importante qu’un réacteur nuke.

  6. je ne vais pas répondre à tout, je n’ai ni le temps ni le courage. Simplement tes arguments sont justes , mais à charge contre les EnR : par exemple les éoliennes qui ont refroidi pas mal de monde démontre surtout que la population n’est pas prête, alors qu’elle accepte les inconvénients nombreux du nucléaire (gestion des déchets, risque d’accident, dépendance à l’uranium…). D’ailleurs la France est de plus en plus isolée dans le club des pro-nucléaires, les autres investissement et misent sur des solutions alternatives ; l’aspect politique est au cœur de ces choix…

    1. « D’ailleurs la France est de plus en plus isolée dans le club des pro-nucléaires » >> ok. Rien qu’en Europe, la Pologne, la Suède, la Rép Tchèque sont lancés dans un programme nucléaire civil.

      L’an passé lors d’un sommet européen, Belgique, Bulgarie, Croatie, Finlande, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque et Suède ont signé une déclaration pro nucléaire civil qui appelle à plus de cette solution.

      Si nous n’avions pas stoppé le programme nucléaire à Civaux 1998 le lancement, nous aurions une électricité abondante et peu carbonée. Pas pour la gâcher…mais pour attirer les industries lourdes qui veulent décarboner leur énergie.

      Et on pourrait même leur fournir une électricité « à bas prix » améliorant la compétitivité (si on ne s’était pas fourvoyer dans ce mécanisme qui lie le prix de l’électricité à celui du gaz).

      Dans l’OCDE une majorité de pays et de population est pro nucléaire civil. Mais oui, la France est de plus en plus isolée 🙂

      Je ne suis pas anti EnR. Je suis juste scientifique de formation et pragmatique. Trop d’EnR induit des systèmes de backup carbonés. C’est une réalité en France et dans d’autres pays (pas partout).

      1. on peut prendre les références qui nous arrangent, les chiffres macro mondiaux sont “têtus” (comme tu dis) : la part du nucléaire décroît continuellement depuis 20 ans alors que celle des EnR explose. La france fait figure d’exception avec plus de 70% de nucléaire alors qu’elle est de 10 % au niveau mondial et qu’aucun autre grand pays dépasse les 30. On a un miroir grossissant avec une culture française pro nucléaire

  7. Quid du nombre de cycles charge/décharge?
    je pensais que la dégradation des batteries était liée au nombre de cycle?
    en 75000 km j’ai fait environ 250 cycles pour une batterie dimensionnée sur 1500 cycles/450000 km.
    Si la voiture fait tampon, ce sont des km qui disparaissent!

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