Le Mexique bloque les incitations aux constructeurs chinois de VE

Le Mexique refuse à la Chine des incitations financières

Selon trois responsables mexicains proches du dossier, le gouvernement fédéral du Mexique, sous pression des États-Unis, maintient une certaine distance avec les constructeurs automobiles chinois, refusant d’offrir des incitations telles que des terrains publics à bas prix ou des réductions d’impôts pour l’investissement dans la production de véhicules électriques (VE).

La dernière réunion entre les principaux responsables mexicains et un constructeur automobile chinois remonte à janvier, ont ainsi déclaré les sources, ajoutant qu’il s’agissait de cadres de BYD, l’un des plus grands fabricants mondiaux de véhicules électriques en termes de ventes.

Lors de la réunion, les responsables mexicains ont clairement indiqué qu’ils ne donneraient pas d’incitations comme celles accordées aux constructeurs automobiles par le passé et que les responsables mettraient en pause toute réunion future avec les constructeurs automobiles chinois, ont déclaré les sources.

Le ministère mexicain de l’Économie a refusé de commenter ces affirmations.

Biden et les Etats-Unis vent debout contre la Chine

Ces informations voient le jour alors qu’un porte-parole de la Maison Blanche a récemment déclaré que le président américain Joe Biden ne permettrait pas aux constructeurs automobiles chinois d’inonder le marché de véhicules, estimant qu’ils représentaient une menace pour la sécurité nationale US.

Le président du Comité sénatorial des banques a ainsi exhorté le chef de la maison Blanche à interdire d’entrée sur le marché automobile américain les véhicules fabriqués en Chine, marquant ainsi l’appel le plus fort à ce jour à l’action contre les constructeurs automobiles chinois par un législateur américain.

Mercredi dernier, la représentante américaine au commerce, Katherine Tai, a déclaré que les États-Unis devaient prendre des mesures décisives pour protéger les VE de la concurrence chinoise subventionnée.

Pression par rapport à ALENA / AEUMC

Selon les sources, la position du Mexique serait liée à la pression opérée par le gouvernement américain, en particulier de l’Office du représentant américain au commerce extérieur (USTR), pour empêcher les constructeurs automobiles chinois d’accéder à la zone de libre-échange établie dans le cadre de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

N’abordant certes pas ce point, un responsable de l’USTR a toutefois déclaré à Reuters que l’accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) n’était pas destiné à « offrir une porte dérobée à la Chine et à d’autres qui pourraient chercher à accéder à notre marché sans payer… de droits de douane ».

Le responsable a par ailleurs indiqué que l’USTR concentrait sa réflexion sur ce dossier tout particulièrement sur les chapitres concernant l’automobile, l’acier et l’aluminium.

En septembre, des responsables mexicains des ministères de l’Économie et des Relations extérieures se sont rendus à Washington pour rencontrer des responsables du Département du Commerce, du Département d’État et de l’USTR dans le cadre de discussions de haut niveau entre les États-Unis et le Mexique.

Lors de la réunion, le sujet de l’établissement de la production de véhicules électriques par des constructeurs automobiles chinois au Mexique a été abordé pour la première fois, bien que cela ne figurait pas à l’ordre du jour, ont déclaré les sources. Les responsables se sont à nouveau rencontrés en janvier 2024 à Toronto, où une autre demande a été faite par des responsables américains pour entraver les constructeurs automobiles chinois.

Les responsables mexicains ont déclaré que bien que l’investissement chinois puisse aider l’économie locale, le gouvernement craint de contrarier Washington alors que l’AEUMC doit être révisé en 2026.

En vertu de la « sunset clause » (clause de coucher de soleil), en juillet 2026, les trois pays décideront de prolonger ou non l’AEUMC pour 16 ans supplémentaires. Les responsables mexicains craignent que les responsables américains ne cherchent à réviser l’accord commercial au détriment du Mexique, selon l’une des sources.

Contournement des droits de douane

Les constructeurs automobiles chinois peuvent contourner les droits de douane US en s’installant au Mexique, à condition qu’ils respectent les règles concernant la proportion de production locale d’un véhicule.

« Une proportion importante des marchandises arrivant au Mexique par voie maritime sera probablement acheminée par camion vers les États-Unis, ce qui suscite la suspicion que l’augmentation des échanges que nous constatons est due à des importateurs tentant de contourner les droits de douane américains », résume ainsi un important analyste.

Pour mémoire : pour éviter les droits de douane américains, les marchandises doivent avoir un certain pourcentage d’assemblage régional et de composants, variant selon le produit et le secteur. Au moins 75 % des pièces principales du véhicule, comme le moteur ou la transmission, doivent être d’origine nord-américaine.

Pas d’usine de constructeur chinois pour le moment au Mexique

Environ 20 constructeurs automobiles chinois vendent à l’heure actuelle des voitures au Mexique, mais aucun ne dispose encore d’usine dans le pays. Les véhicules produits par des groupes automobiles chinois représentent environ un tiers de l’offre totale des différentes marques présentes au Mexique.

Malgré les vents contraires, les constructeurs automobiles chinois comme BYD cherchent toujours à s’implanter au Mexique. Fin février, le constructeur a insisté sur le fait qu’une usine au Mexique servirait le marché local et ne serait pas destinée à l’exportation vers les États-Unis. Mais de nombreux responsables de l’industrie demeurent sceptiques.

BYD à la recherche d’incitations auprès des gouvernements locaux

Une des sources a indiqué à Reuters que BYD https://www.byd.com/mx cherchait désormais des incitations auprès des gouvernements locaux, même si elles sont nettement moins avantageuses que celles du gouvernement fédéral.

 

Des États industriels comme Durango, Jalisco, l’État de Mexico et Nuevo Leon recherchent des constructeurs automobiles chinois pour ouvrir des usines d’assemblage, offrant un large éventail d’incitations.

 

Les incitations fédérales ont été généreuses par le passé, notamment des terrains gratuits, des installations d’eau et d’énergie, ainsi qu’une aide à l’embauche.

 

Si ce type d’incitations a été réduit sous le gouvernement actuel, certaines ont encore été accordées à des investisseurs majeurs comme Audi, filiale de Volkswagen.

Notre avis, par leblogauto.com

L’intervention des États-Unis reflète les craintes de plus en plus aiguës de son industrie automobile, des syndicats et des cercles politiques américains selon lesquels les constructeurs automobiles chinois tels que BYD, SAIC, Geely, Chery et JAC visent à utiliser le Mexique comme porte dérobée pour vendre des voitures électriques bon marché aux États-Unis sans payer les droits de douane élevés, actuellement à 27,5 %. Sources : Reuters

(5 commentaires)

  1. Le Mexique est un peu le port du Pirée que la Chine a acheté ou les pays européens style Hongrie pour implanter leurs usines, pour les Etats-Unis.

  2. Au moins les États-Unis… Comme le nom l’indique … ils sont unis ! Contrairement à l’UE… Et Olaf Scholz à encore aggraver la situation pour l’Europe, lors de son voyage en Chine, pour essayer de sauvegarder les intérêts des industriels Allemands trop dépendant du marché chinois… Malgré les mises en garde des USA, mais aussi des stratèges géopolitique allemands eux-mêmes… Scholz ne fait pas l’unanimité chez lui.

  3. Hormis Austin, Dallas, Houston et San Antonio toutes les villes du Texas sont situées à la frontière et ont leurs jumelles mexicaines ayant des usines produisant pour les USA. C’est aussi cela le miracle économique texan, profiter de sa proximité mexicaine qu’il décrit tellement.

    Les usines sont implantées au Mexique incitant ces derniers à venir y travailler et à se trouver à 5 minutes des USA. Ce sont les territoires des murs … ce modèle économique qui tant inspiré bien d’autres régions du monde.

  4. Joe Biden tord le bras d’un pays souverain qu’est le Mexique, sur sa politique étrangère et économique. Et cela au nom du bien être des industriels des USA.

    Que n’aurait on pas dit si Trump n’avait fait ne serait ce qu’évoquer le problème.

  5. Ah les méchants qui n’aiment pas gentils chinois !!
    J’aime les méchants qui détestent la camelote chinoise qui finalement revient cher !!

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