Un pilote encore très convoité
L’espagnol était pressenti pour sauter dans le baquet de Lewis Hamilton ou, en pleine effervescence de l’affaire Horner, pour Verstappen chez Red Bull en cas de départ de ce dernier. Certains même rêvaient d’un duo Verstappen-Alonso en cas de « bye bye Checo », mais on imagine que les probables étincelles d’une telle cohabitation n’ont pas enthousiasmé les décideurs…ni même Verstappen en personne. Le patron de l’équipe Mercedes, Toto Wolff avait désigné l’espgnol comme l’un des principaux prétendants qui se sont démarqués pour remplacer Hamilton, tandis que le double champion du monde a lui-même admis qu’il était une option attractive pour les équipes compte tenu de sa vaste expérience et de sa pointe de vitesse préservée.
Le suspense est terminé, Alonso va finalement rester chez Aston Martin via un nouvel accord à long terme, qui maintiendra le pilote vedette à bord jusqu’en 2025 et, surtout, dans la nouvelle ère règlementaire 2026 avec la nouvelle générations de moteurs.
« Mon amour pour la F1 et mon amour pour Aston Martin n’ont pas changé, mais je voulais juste cette fois vraiment parler avec moi-même et prendre la décision et l’engagement. Évidemment, la F1 prend tout votre temps, toute votre énergie, vous devez pratiquement tout abandonner dans la vie pour continuer à courir, et je voulais juste voir si j’étais prêt à le faire.
« Quand deux parties veulent quelque chose à un moment donné, vous parvenez à un accord, donc je suis extrêmement excité de continuer à courir et de continuer à courir avec cette équipe, avec laquelle je me sens chez moi ». C’était aussi un sentiment de fidélité que je souhaitais exprimer à mon équipe. J’ai senti que ce n’était que le début du voyage… cela ne pouvait pas être la fin du voyage pour moi et Aston Martin.
Alonso a poursuivi en expliquant que l’investissement important d’Aston Martin dans son programme F1, qui comprend un nouveau siège social, une soufflerie et un partenariat avec le géant automobile japonais Honda à partir de 2026, étaient tous des facteurs cruciaux dans son appel à rester sur place.
« Nous avons maintenant des gens incroyables et talentueux dans l’équipe du côté technique [et] ils bénéficieront de la nouvelle soufflerie et des nouvelles installations de Silverstone, donc il y avait beaucoup de facteurs qui ont rendu ’26 très attrayant avec Aston, et c’était un thème. Mais ce n’est pas seulement 26 – c’est le projet de toute une vie, d’une certaine manière, pour moi.
« C’est le contrat le plus long que j’ai jamais signé dans ma carrière, c’est donc quelque chose qui me maintiendra lié à Aston pendant de très nombreuses années à venir. Voyons quel rôle, combien d’années je conduirai encore. Mais même après avoir piloté, j’utiliserai plus de 25 ans d’expérience en F1 plus 10 ou 15 autres en dehors de la F1, soit près de 40 ans d’expérience. Je suis extrêmement motivé.
Retrouvailles épicées
Alonso retrouvera donc Honda dix ans après un partenariat chaotique au milieu des années 2010 chez McLaren, marqué par le fameux « GP2 engine » de Suzuka 2015, qui avait lourdement entaché les relations entre le pilote et le constructeur japonais, qui s’était senti offensé. On se souvient que Honda avait en 2020 mis son veto à la possibilité pour Alonso de disputer l’Indy 500 avec Andretti Autosport en Indycar.
Alonso rétropédale et passe la pommade :
« Honda est définitivement un constructeur qui a tellement de succès en F1, c’est toujours une entreprise que j’ai respectée (sic) », a-t-il commenté. « Cela n’a pas fonctionné pour nous chez McLaren, dans les années où ils sont revenus au sport, mais juste après cela, ils ont résolu tous les problèmes. Ils dominent actuellement le sport et je pense qu’ils auront une base de référence pour 2026 qui est déjà très solide, mais ils ont aussi la capacité à Sakura de construire quelque chose de vraiment sympa.
« Je vois une situation gagnant-gagnant et je respecte beaucoup la culture japonaise, comme vous le savez probablement tous. Nous venons tout juste d’arriver du Japon, une course spéciale, [j’ai] toujours un casque spécial quand je cours au Japon, et un samouraï me tatoue le dos. Nous avons désormais l’opportunité de travailler à nouveau ensemble et c’est pour moi un vrai plaisir. »
Le survivant
Alonso poursuit son record de longévité. En 2026, cela fera exactement…un quart de siècle depuis ses débuts en F1 chez Minardi en 2001 ! Il est actuellement juste en dehors du top 10 en ce qui concerne les pilotes les plus âgés à concourir en F1 à 42 ans, mais il est sur le point de progresser encore plus haut dans la liste de tous les temps – juste derrière les pilotes légendaires comme Juan Manuel Fangio et Giuseppe ‘Nino’ Farina – lorsqu’il courra jusqu’en 2025 et 2026. Cette année-là, il sera le plus vieux pilote engagé dans une course depuis…Graham Hill au grand prix du Brésil 1975 ! Et il frôlera alors les 450 grands prix, un chiffre vertigineux.
Mike Krack, directeur de l’équipe Aston Martin, a déclaré à propos de cette annonce : « Assurer l’avenir à long terme de Fernando avec Aston Martin Aramco est une nouvelle fantastique. Nous avons construit une relation de travail solide au cours des 18 derniers mois et nous partageons la même détermination à voir ce projet aboutir.
« Nous avons été en dialogue constant ces derniers mois et Fernando a été fidèle à sa parole : lorsqu’il a décidé qu’il voulait continuer à courir, il nous en a parlé en premier. Fernando a montré qu’il croyait en nous et nous croyons en lui.
« Fernando a soif de succès, conduit mieux que jamais, est plus en forme que jamais et se consacre entièrement à faire d’Aston Martin Aramco une force compétitive.
« Cet accord pluriannuel avec Fernando nous amène jusqu’en 2026, lorsque nous commencerons notre partenariat d’usine en matière de groupes motopropulseurs avec Honda . Nous sommes impatients de créer d’autres souvenirs incroyables et de remporter de nouveaux succès ensemble.
La suite du mercato attendue avec impatience
Le prolongement d’Alonso devrait ainsi accélérer les autres dossiers. Carlos Sainz est au cœur des attentions, confronté à un choix cornélien entre l’offre Audi, qui expirera bientôt et à laquelle l’espagnol devra rapidement apporter une réponse, une place chez Mercedes ou retour dans le giron Red Bull. Mais tout cela dépend aussi de la situation de Max Verstappen, qui reste liée à la manière dont la situation interne évoluera chez Red Bull, le bras de fer entre l’axe Horner-actionnariat thaïlandais et l’axe Marko-actionnariat autrichien-Verstappen n’étant pas réglé. Selon les dernières rumeurs, Wolff aurait fait approuver par le directoire Mercedes les bases d’un pré-accord proposé à Verstappen – salaire colossal compris – le champion du monde étant clairement la priorité désormais du patron autrichien.
Alonso reste performant malgré son âge et est enfin devenu sage. Malheureusement, ses prises de position passées et ses cohabitations houleuses restent dans les mémoires des dirigeants, quoi qu’en disent Wolf et d’autres…