L’Italie a souvent réussi à Citroën, et c’est encore le cas. En février 2024, la marque y a enregistré une part de marché de 5% et plus de 7 500 immatriculations. La C3 se classe troisième parmi les voitures les plus vendues en Italie et dans son segment, sur le seul mois de janvier, est à la deuxième place avec une part de segment de 14,2%.
Pour célébrer un anniversaire aussi important, Citroën a développé un plan éditorial qui célèbre le partenariat entre la marque française et tous les passionnés d’automobile italiens. Concrètement, la nouvelle websérie racontera des curiosités, des coutumes, des faits liés au développement de la marque et au développement historique et social de l’Italie, à travers ses modèles les plus célèbres, accompagnés d’images et de matériel de l’époque provenant du Centre de Documentation Historique de Citroën située à Sinalunga, dans la province de Sienne, depuis 2015.
Un accord avec Nicola Romeo
Le protagoniste du premier épisode est évidemment André-Gustave Citroën, qui, cinq ans après le lancement de sa marque en 1919, décide de s’implanter de l’autre côté des Alpes. Ce sera dans les environs de Milan, au plus près du cœur industriel et économique de l’Italie. Le 5 août 1924, Nicola Romeo, fondateur de la marque Alfa Romeo, signe avec André Citroën le contrat de vente par lequel il cède au Français un terrain de 55000 m², dont 20000 couverts, près de l’usine du Portello. Moins de deux mois après, le 21 octobre 1924 très exactement, voit le jour la SAIAC, en d’autres termes la Società Anonima Italiana Automobili Citroën qui se donne comme raison sociale « la fabrication et le commerce de voitures automobiles et de camions, de carrosses et de tout autre type d’objet accessoire lié à l’industrie automobile en général ».
C’est ainsi que voir le jour une usine de fabrication de voitures, qui importe des composants provevant directement du quai de Javel et qui sont ensuite assemblés sur les chaines de Milan. L’usine est opérationnelle à la fin de l’année 1925. Pionnier du travail à la chaîne en France et fortement inspiré par les méthodes fordistes, Citroën en fait un établissement exemplaire par sa modernité, tout comme son frère parisien : des chaines de montage dernier cri, de grands espaces lumineux et chauffés ainsi qu’une infirmerie et une cantine utilisée aussi bien par les ouvriers que les employés de bureau et avec le même menu.
Les premiers modèles produits sont sans surprise les 5HP et les grandes 10 HP, appelés en Italie Tipo 5 et Tipo 10. En 1927 vient s’ajouter la Tipo 10C qui connaîtra un grand succès en Italie, amenant l’établissement Citroën du Portello à une cadence de 30 voitures par jour, puis en 1929 la C4 et la C6, qui prend en Italie le nom de Lictoria Sex, dont un exemplaire fit office de Papamobile pour Pie XI.
Les affres de la guerre puis le renouveau du miracle économique
En 1935, les sanctions internationales qui frappent l’Italie fasciste suite à l’agression de l’Ethiopie et les choix autarciques du Duce, de même que le refroidissement très net des relations franco-italiennes, font que les importations des composants mécaniques en provenance de Paris sont interrompues. L’assemblage des voitures n’est plus possible au Portello.
En 1938 la SAIAC « s’italianise » et devient la SAICA (Società Anonima Italiana Costruzione Automobili). En août 1943, durant le bombardement de Milan qui détruit l’usine Alfa Romeo de Portello, l’usine Citroën est aussi gravement touchée. L’activité reprend en 1946, avec l’importation de la Traction avant. Avec l’avènement du miracle économique italien puis l’essor du marché commun européen, Citroën rayonne de nouveau en Italie, où les 2CV et DS rencontrent un grand succès.
En 1968, devenue Citroën Italie SpA, l’entreprise cesse l’activité de production automobile. Désormais consacrée à la vente, les anciens établissements sont démolis entre 1969 et 1970 pour laisser place à un bâtiment ultra moderne qui rénunit la direction, l’atelier et le magasin de pièces détachées, ainsi qu’un vaste hall de vente.