Décès du « maestro » Marcello Gandini (1938-2024)

Jeudi, à Rivoli, est décédé l’un des plus grands designers de tous les temps, Marcello Gandini,  à l’âge 85 ans. Son décès survient comme un coup de tonnerre, jetant un voile de tristesse sur les fans, car, avec sa disparition, symbolique en ces temps de transformation majeure de l’automobile, c’est une certaine idée de la voiture qui s’estompe.

Miura, Countach, Stratos,Pantera, Diablo, Montreal. Autant de noms icôniques qui donnent des frissons à tout passionné de l’automobile et qui furent signés du Maestro. Jamais banal, Marcello Gandini a toujours été un visionnaire, qui était honoré début janvier en recevant un diplôme honorifique en génie mécanique à l’École Polytechnique de Turin.

Un révolutionnaire du design

Son père, directeur d’orchestre, l’oriente vers des études humanistes. Gandini fréquenta donc le lycée classique, dont il sortit diplômé en 1956. Une expérience essentielle, car le designer va se nourrir de sa culture artistique classique. La beauté est une question de goût et de poin de vue, certes,  mais nul doute que s’imprégner du patrimoine, de l’âme existante d’une civilisation, des chefs d’oeuvres du passé et des grands maîtres permet de nourrir le processus créatif.  Avec l’argent qu’on lui donne pour acheter un livre de latin, il se procure « Moteurs endothermiques » de Dante Giacosa, le maître à penser du design Fiat dans les années 50-60. Lorsqu’il s’agit de poursuivre ses études, il refuse de suivre le chemin que son père voulait pour lui et se lance dans son propre chemin en totale autonomie.

Des chefs d’oeuvres et des concepts futuristes

Après une collaboration avec les carrossiers Boano et Marazzi, le tournant se produit en 1965, lorsqu’il rejoint le centre de style Bertone pour prendre la relève de Giugiaro, un blason dont il restera directeur jusqu’en 1979. Les fruits de tout cela ne se sont pas fait attendre : en 1966 arrive la Lamborghini Miura, la première voiture de série  à adopter la solution du moteur central transversal, la première des supercars modernes, le chef d’œuvre absolu de Gandini pour beaucoup.

En 1967 arrive la Marzal, puis l’année suivante le concept Alfa Romeo 33 Carabo, première création dans laquelle apparaissent des portes à ciseaux, actionnées par un piston à gaz. Les mêmes portes qui caractériseront la Lamborghini Countach de 1974, véritable OVNI roulant, ou encore la Lancia Stratos HF Zero de 1970, où le pare-brise fait office de porte, montant et descendant au moyen d’un mécanisme relié au volant. Nous sommes dans une époque où le design est marqué par un futurisme exacerbé, avec des lignes géométriques qui se conjuguent à l’audace.

Pour les généralistes aussi

En 1980, après avoir quitté Bertone, il devient consultant indépendant et travaille sur de nombreux projets, dont certains sont utilisés par de nombreux constructeurs tels qu’Alfa Romeo, Fiat, Simca, Maserati, Innocenti, Citroën, BMW et Renault. Gandini signera notamment l’intérieur atypique de la R5 Turbo ou le design « en coins » caractéristique de la BX.

Parmi ses dernières créations se démarqua l’incroyable Citeza-Moroder V16 de 1988, que beaucoup considèrent comme le dessin originel de la Lamborghini Diablo que Chrysler aurait refusé (le taureau étant la propriété de l’américain à cette époque).  Gandini n’aurait pas supporté les retouches apportées par les designers de Chrysler ses dessins initiaux, plus agressifs, de la Diablo et aurait ainsi réparé cet affront.

Plus récemment, Gandini avait moyennement apprécié le « remake » de la Countach développé par Lamborghini, regrettant le manque d’originalité et d’audace du design moderne.

(3 commentaires)

  1. Un grand maitre certes, mais dont les créations sont horriblement démodées.
    Franchement entre une Miura et une Type E vous préférez quoi ?
    Gandini s’est beaucoup répété. Pinin Farian est objectivement (très) au dessus.

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