Des dépenses qui interrogent
Si le volet administratif semble donc clos, le volet judiciaire ne l’est pas, et s’y superpose également des tensions d’ordre politique. La dissolution du GIP fait suite à une polémique qui a enflé ces derniers mois, alors que l’ardoise du GIP – 33 millions d’euros – avait été révélée dans les médias et que l’affaire a pris évidemment une tournure politique. Une enquête a été ouverte en septembre 2023 par le parquet de Marseille sur le financement du Grand Prix du Castellet, confiée à la police judiciaire de Toulon. Les conclusions de l’enquête ne sont à ce jour pas encore connues, alors qu’un audit avait mis en lumière des dépenses somptuaires ayant éveillé des soupçons sur la gestion financière du grand prix.
Des élus soupçonnaient des « problèmes de rémunération de ressources humaines » et des irrégularités dans la passation de commandes publiques du GIP. En septembre 2023, le président de la métropole de Toulon, Jean-Pierre Giran, et le président du conseil départemental du Var, Jean-Louis Masson, qui siégeaient au conseil d’administration du GIP, avaient tous les deux refusé de participer à éponger la dette, bloquant la dissolution du GIP, alors que La métropole de Nice, présidée Christian Estrosi, avait en revanche octroyé une subvention de cinq millions d’euros pour participer à régler l’ardoise.
Une querelle politique
« Ces cinq millions d’euros, c’est dans notre métropole qu’on en a besoin, et non pas pour combler le passif d’un évènement sportif qui a lieu à 150 kilomètres d’ici », a lancé récemment la députée LR des Alpes-Maritimes Christelle d’Intorni, qui met en cause la gestion financière du GIP par son ancien président, Christian Estrosi, qui avait occupé cette fonction entre 2018 et 2020. Sont pointés du doigt des factures de restaurant et d’hôtel ou encore « une facture Montblanc à 10 800 euros », « plus de 9 000 euros d’hébergement en janvier 2022 à Courchevel ou encore 5 000 euros à Méribel ». » Mathias Chichportich, l’avocat du maire de Nice, faisait savoir à Nice-Matin que « Christian Estrosi a pris la décision d’attaquer Christelle d’Intorni en diffamation ».
Des dépenses justifiées ?
Éric Boullier, directeur général du GIP Grand Prix de France, s’est exprimé ces derniers jours sur BFM Nice Côte d’Azur à propos de ces dépenses qui « suscitent de vives interrogations ». L’ancien team manager de McLaren et Renault affirme :
« Elles sont justifiées, elles sont légales. On l’a prouvé. Il faut savoir que nous sommes dans un État de droit, qu’il y a des process et des contrôles réguliers, des commissaires aux comptes, que nous avons même été audités deux fois par l’inspection générale des finances de la région »
Éric Boullier a notamment expliqué une des factures mises en lumière par l’audit, à savoir 67.000 euros dépensés à Disneyland Paris en 2019.
« Tout est justifiable. Si vous regardez sur Internet, vous allez voir qu’à l’époque nous avions une équipe de road show, c’est-à-dire que nous faisions tourner une Formule 1 dans plusieurs villes de France, dont la ville de Nice. La première ville était Paris, mais cela s’est transformé en opération de communication avec Disneyland. Donc, on a fait un road show à Disneyland pour faire activer la notoriété du Grand Prix de France et le retour du Grand Prix de France à l’époque ».
Un soutien public trop timoré ?
Eric Boullier a terminé son intervention en soulignant le manque d’engagement public dans ce genre d’évènements, considérant que le modèle économique n’est pas rentable et viable en comparaison d’autres grands prix européens ou étrangers dans lesquels les engagements financiers publics pour soutenir leur grand prix sont plus massifs.
« On ne peut pas gagner d’argent sur le modèle économique avec une dizaine de millions de fonds publics. Tous les Grand Prix qui survivent en Europe aujourd’hui, ont des fonds publics qui s’élèvent à plus de 20/25 millions d’euros ».
Mais dans un contexte de finances publiques tendues et de climat plutôt hostile à l’automobile, un tel soutien semble politiquement compliqué actuellement, quand bien même le président Emmanuel Macron avait manifesté sa volonté de faire revenir un grand prix en France. Surtout que, face à Las Vegas, l’Arabie Saoudite ou au Qatar qui ont des budgets colossaux et face à Liberty Media qui fait monter les enchères pour décrocher sa place au calendrier, la perspective d’un retour en France de la F1 semble pour l’instant relever du mirage.
Concernant la rentabilité du grand prix du Castellet, même si Eric Boullier met en avant l’impact du Covid, entre autres, n’oublions pas que le grand prix avait souffert aussi de capacités d’accueil pour le public assez limitées (peu de tribunes), de lacunes en termes d’infrastructures d’accès et aussi d’une première édition catastrophique au niveau de la gestion des flux et des parkings, qui avaient peut-être contribué à refroidir des spectateurs pour les années suivantes.
Source : BFM, Leblogauto
Il aurait sans doute fallu citer les récentes réponses de Ch Estrosi qui a prouvé – photos à l’appui – que Christelle d’Intorni a menti sur de nombreuses accusations de frais de restaurants, de voyages etc.
Sous J. Médecin tout ça aurait fini par un règlement « à l’italienne » (par balles). Les temps changent, n’est-ce pas !
Terminé pour ce Grand Prix. Ce n’est pas plus mal. Il y a tellement d’autres disciplines automobiles plus intéressantes.