Le groupe Renault a déserté Boulogne Billancourt récemment, ne laissant que le siège de Renault SAS près du centre Alpine de Boulogne. Mais, au printemps dernier, on apprenait que le siège de Renault Group allait revenir à « B-B », sur l’ancienne emprise des usines Renault. Aujourd’hui c’est le siège de la filiale RCI Bank qui annonce qu’elle sera à deux pas, elle aussi à Boulogne-Billancourt.
Joli coup pour BNP Paribas Real Estate et Eiffage Immobilier qui ont acquis le terrain D5 à Boulogne. En effet, tout est vendu ou loué plus d’un an et demi avant les premières remises des clefs. La parcelle, en bord de Seine, face à l’île Seguin, au niveau de la passerelle piétonne environ, aura 13 000 m2 de logement, mais surtout 40 000 m2 de bureaux. Cet « écoquartier » selon les promoteurs, devrait donc devenir « le quartier Renault ».
Le siège social du groupe Renault investira le « New R »…R comme Renault ? Il aura l’ensemble des 25 000 m2 de l’immeuble. Quant à RCI Bank, ce sera les 15 000 m2 du « X work » (à ne pas confondre avec l’ex-Twitter). Tous les m2 de bureaux du lot seront donc du Renault. Cet ensemble D5 est l’un des derniers de la transformation du trapèze d’usines en logements et bureaux. La « verrue » industrielle est pratiquement effacée.
LOT 1 – « New R » – futur siège de Renault Group
De par sa situation en extrémité de parcelle, ce premier lot tertiaire annonce l’entrée du nouveau quartier. L’émergence de New R (à partir d’environ 35 m), légère et détachée, est caractérisée par une matérialité cristalline, une double-peau thermique vitrée qui protège du vent les espaces extérieurs accessibles. La silhouette diaphane qu’elle génère fait écho aux masses émergentes des Tours Horizon et CityLights.
LOT 2 : « X work », un immeuble de bureaux
Singulier, cet immeuble de bureaux se caractérise par sa forme en « x », une volonté affirmée de l’agence d’architecture qui, par ce design, permet à l’édifice et aux bâtiments voisins de profiter d’un meilleur apport en lumière naturelle. Plus l’on monte dans les étages, plus les retraits de façades sont importants créant ainsi des balcons plantés idéaux pour mettre en pratique une approche biophilique bénéfique aux salariés.
A propos de l’île Seguin et du trapèze
L’île Seguin entre Boulogne, Sèvres et Meudon a eu un destin divers. Cultures agricoles, lieu de l’aristocratie parisienne, blanchisserie, etc. diverses activités ont eu lieu sur l’île madame. Elle fut acquise par Armand Seguin qui lui donnera son nom actuel. Il y implante alors des tanneries et des blanchisseries. Après avoir appartenue à Auteuil, elle est rattachée à Boulogne-Billancourt il y a presque 100 ans, en 1925.
Sa position sur la Seine en fait un lieu de promenades, loisirs, ou autres, tout en conservant le côté industriel. Pendant ce temps, Louis Renault a lancé son entreprise à Meudon, puis à Boulogne-Billancourt. Ces ateliers étaient sur la terre ferme du bas Meudon et du Trapèze. En 1919 (année de fondation de Citroën NDLA), Renault achète l’ile Seguin avec une idée totalement farfelue : y mettre une usine automobile.
Pourquoi farfelue ? Car c’est une île. Il a fallu la rendre autonome en électricité, mais aussi prévoir un quai d’embarquement pour transborder les voitures produites sur des barges. Renault fera construire deux ponts (un de chaque côté) avec des rails en sus, pour sortir les voitures de façon plus pratique. L’île Seguin s’endort le 31 mars 1992 avec la dernière Supercinq produite. Le souci, l’usine était tellement polluée (amiante, huiles, etc.) que le chantier de nettoyage durera des années durant lesquelles l’usine fut un grand paquebot échoué. Evidemment on avait la partie visible, mais l’usine comportait des pistes d’essai souterraines ou autres équipements.
Cette pollution résiduelle découragera bien des projets d’immeubles d’habitation. Il y a eu plusieurs projets comme la fondation d’art Pinault, mais aussi un pôle cancérologie, etc. L’aménagement prend du temps, contrairement à celui du trapèze. La ZAC du trapèze doit son nom à la forme du quartier de Billancourt qu’elle occupe. Là encore on trouvait d’immenses usines Renault. Ce quartier part de la rue du vieux Pont de Sèvres pour aller jusqu’à la rue nationale à l’est et au parc des glacières au nord.
Depuis les années 2000, ce quartier a été démoli morceau par morceau, puis reconstruit pour créer de nouveaux quartiers d’habitations avec des commerces, mais aussi des espaces verts. Boulogne a tenté d’éviter le tout bétonnage. Ce quartier qui était jadis ouvrier et populaire se retrouve gentrifier avec des prix du m2 stratosphérique. Sur la rive gauche, à Meudon, cela fait des années que des immeubles d’habitation, mais aussi de bureaux ont vu le jour.
Du passé industriel, il ne reste pas grand-chose, une passerelle ici, une façade là (sur la rive droite). Un peu comme Paris a effacé le passé Citroën du quartier de Javel, comme si l’industrie était sale et qu’il fallait absolument nier son existence passée.
C’est une bonne chose mais nous verrons ce que ça va donner !
Ça mériterait un dossier complet
Paris était peut-être moins sale à l’époque d’une industrie que l’on prétends telle, finalement… Ânesse Hidalgo est passée par là.
Le souci induit pour les parisiens étant que l’époque ou les impôts locaux y étaient dans les moins chers du pays, en raison du nombre de sociétés implantées sur la capitale, est bien révolu: Combiné a des travaux aussi stupides qu’évitables sous couvert pseudo-écolo notamment, les hausses sont désormais stratosphériques.
Le tout pour vivre avec les rats que l’on laisse proliférer après les avoir rebaptisés surmulots!
A ce rythme, même le tourisme va finir par ne plus régler une partie de la note. De toutes manières, les bus ne sont plus bienvenus pour les y emmener.